Plus de 30 pays africains ont adopté le 15 octobre 2016 à Lomé (Togo) une Charte contraignante sur la sûreté et la sécurité maritime. Ce texte initié par le Togo a été validé lors d’un sommet extraordinaire de l’Union africaine (U.A). En plus des Chefs d’Etat et de gouvernement, de nombreux experts ont pris part à cette rencontre capitale car la piraterie et la pollution des océans sont aujourd’hui des menaces sérieuses pour le continent. L'ancien ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, MoctarOuane, était l’un de ces experts. Il est délégué général à la paix et à la sécurité de l’UEMOA.
Faire de l’espace maritime l’un des principaux leviers du développement économique et social de l’Afrique ! Telle est désormais l’une des ambitions de l’Union africaine (UA).
C’est ainsi que les Chefs d’État et de gouvernement des 54 pays de l’U.A se sont réunis en sommet extraordinaire le 15 octobre 2016 à Lomé, Togo. Avec des experts et des leaders du monde économique, ils ont adopté une Charte contraignante sur la sûreté et la sécurité maritime.
Cette session extraordinaire a donc réussi à capitaliser les résultats des sommets de Yaoundé (Cameroun, juin 2013) et des Seychelles (février 2015) en déterminant une stratégie africaine de protection des mers et des océans, pour garantir paix, sécurité et stabilité.
La Charte adoptée à Lomé propose de coordonner les actions entre les pays du continent pour lutter contre la piraterie et les trafics de drogue, d'armes et d'êtres humains sur les côtes africaines. Le document va s’intégrer à la Stratégie africaine intégrée pour les mers et pour les océans à l'horizon 2050 qui a été adoptée en 2012.
Comme l’a défendu le président kenyan, Uhuru Kenyatta, avec un total de 13 millions de km2 de zones économiques maritimes et 17 % des ressources mondiales en eau douce, «l'Afrique doit voir cette richesse comme une opportunité de développement durable».
Sécurité et sûreté maritimes sont des facteurs de stabilité et de développement pour qui sait que sur les 54 pays africains, 38 sont des Etats côtiers. Et 90 % des importations et exportations transitent par la mer. Sans compter qu’un nombre important des corridors commerciaux maritimes les plus stratégiques se trouvent dans l'espace maritime africain. Le coût global de l'insécurité maritime est énorme pour un continent où les défis sociaux et économiques sont légion.
Ancien ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale ainsi que Délégué général à la paix et à la sécurité de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest africaine) sur le sommet de l'U.A consacré à la sécurité et à la sûreté maritimes en Afrique, MoctarOuane est convaincu que la problématique de la sécurité et la sûreté maritime est «non seulement pertinente», mais qu’elle est «importante pour nos pays».
«Vous savez, aujourd’hui la sécurité est au cœur des préoccupations et de nos populations et de nos instances dirigeantes. Donc il est important que la sécurité soit assurée sur tous les plans. Non seulement sur les mers et les océans mais aussi comme les pays le font déjà, dans les États et entre les pays» a confié le diplomate malien au site Afrikipresse.
«Quand on voit aujourd’hui la situation sécuritaire sur nos côtes, on se rend compte du déplacement du curseur vers le golfe de Guinée où énormément de trafics, d’actes de piraterie ont court. Et tout cela naturellement affecte fondamentalement le développement de nos pays», a rappelé M. Ouane.
Pour l’ancien chef de la diplomatie malienne, «il est donc important aujourd’hui de fixer des normes, des règles qui est l’objet de la Charte. Cette charte par définition doit poser des normes, des règles permettant précisément d’endiguer le phénomène d’insécurité, mais aussi et surtout de promouvoir des actions de développement, de croissance qui irait dans le sens de la promotion de l’emploi, la lutte contre le chômage... Et donc d’assurer la stabilité et la stabilité de nos Etats». Gageons maintenant que cette Charte va se traduire par des actions concrètes, efficaces et surtout que l’Union africaine trouvera la meilleure stratégie pour mobiliser les ressources indispensables à sa mise en œuvre efficiente !