Rébellion et banditisme ? Rébellion ou banditisme ? La situation sécuritaire au Nord de notre pays devient de plus en plus inextricable en raison des enlèvements de personnes et de biens matériels, des attaques djihadistes contre les Forces armées maliennes, la mission onusienne (MINUSMA) et la Force française Barkhane de lutte anti-terroriste et d’une propagande rondement menée.
Officiellement l’on ne devrait plus parler de rébellion dans le Septentrion. Et pour cause, un accord a été signé dans la capitale au terme duquel les Parties sont convenues du : ‘’ rejet de la violence comme moyen d’expression politique et recours au dialogue et à la concertation pour le règlement des différends’’.
Il est également vrai que les Parties, dans l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, réitèrent leur attachement au ‘’respect de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’État du Mali, ainsi que de sa forme républicaine et son caractère laïc’’.
Pour autant, le syndrome de la rébellion est-il vaincu ? Il y a lieu d’en douter. Les faits quotidiens attestent d’une persistance de comportement rebelle : l’ordre républicain continue d’être contesté avec une absence criarde de la souveraineté de l’État sur cette partie du territoire national. L’on note que ni l’armée ni l’administration ne sont présentes dans plusieurs localités du Nord et que les groupes armés de la CMA continuent à faire régner la terreur au sein de la population civile comme ils l’ont toujours fait du reste.
Parallèlement à cette situation de mi- guerre mi- paix, l’on assiste à une recrudescence du banditisme : Enlèvement des véhicules des ONG, en général ; dépouillement des passagers. Cela n’est pas véritablement nouveau.
Mais le nouveau phénomène qui pointe la tête, à savoir le rapt de personnes (non pas des otages étrangers), est particulièrement alarmant et doit être combattu avec la dernière énergie.
Le dernier exemple, en date de kidnapping, concerne les enfants de Mohamed Ousmane Ag Mohamédoun, (ancien ministre de la Cohésion sociale et membre de la CMA) qui ont été rendus à leur famille le vendredi dernier, après plusieurs jours de séquestration. L’on apprend que leur libération a été faite contre paiement de rançon.
L’enlèvement abject d’enfants atteste jusqu’où peuvent aller les bandits armés.
Cet exemple, comme les enlèvements de véhicules et le dépouillement des personnes renvoient à du pur banditisme.
Selon de nombreux spécialistes en sécurité, la recrudescence des actes de banditisme s’explique par une lenteur dans le processus de cantonnement, intégration et désarmement, démobilisation, et réinsertion (DDR). Ce qui implique que les bandits de grand chemin sont à rechercher du côté de ceux qui piffent d’impatience pour le démarrage du DDR. Ce qui est d’autant plus plausible que certains groupes armés n’ont pas les moyens financiers d’entretenir leurs combattants et faire face à la logistique. Toutes choses qui expliquent l’imposition de la population par le mouvement de la CMA.
Cela n’occulte pas le banditisme subsistant.
Il y a quelques jours, un véhicule de l’ONG Action contre la faim a été enlevé à Gao.
Cette situation sécuritaire volatile est exacerbée par les attaques djihadistes. Les Forces armées maliennes ne sont pas les seules à en faire les frais, puisque la MINUSMA et Force Barkhane également sont régulièrement frappées.
La semaine dernière, à Gouma Coura, 4 militaires étaient tués. Auparavant, à Ménaka, il y a eu 2 morts, une dizaine de personnes enlevées et plusieurs blessés dans l’attaque de deux villages.
L’une des attaques les plus meurtrières étant celle de Nampala, le mardi 19 juillet 2016 dont le premier bilan faisait état de 17 morts et de 35 blessés.
Le leader d’un des groupes armés qui ont revendiqué l’attaque, Mahmoud Barry dit Yahiya, a été arrêté le lundi 26 juillet par les Forces spéciales maliennes, entre Nampala et Dogofri, dans la région de Ségou. L’information a été confirmée par une source sécuritaire.
Il faut rappeler que l’attaque de Nampala avait été revendiquée par une branche d’Ansar Eddine d’Iyad Ag Galy, et un autre groupe armé qui se réclame de la communauté peulh.
Au regard de ces différentes considérations, il est permis de soutenir que la situation sécuritaire dans le Nord comme au centre du pays renvoie à un écheveau.
Pour ne rien arranger aux affaires, le «Grand ami du Mali» est à la baguette pour faire croire à l’opinion internationale que la crise est avant tout un affrontement entre Nord et Sud. Heureusement pour le pays qu’il y a le Groupe d’Autodéfense Touareg, Imghad et Alliés (GATIA) qui est aussi du Nord et qui est tout sauf sécessionniste.