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Présidentielle 2013 : Problématique candidature consensuelle à l’Adéma ?
Publié le mardi 19 fevrier 2013  |  Le Débat


© Autre presse par DR
Rassemblement des membres du Groupe d’action pour le renouveau de l’ADEMA-PASJ (GARE)


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Le ministre en charge des élections déclarait récemment lors d’une conférence de presse que le 1er tour de l’élection du Président de la République aura lieu dans notre pays le dimanche 7 juillet prochain et le second tour couplé avec les législatives 15 jours plus tard. Si ce timing devrait être respecté, cela signifie que bientôt les états-majors des partis politiques ne tarderont pas à afficher leurs ambitions, notamment en ce qui concerne les plus représentatifs d’entre eux sur l’échiquier politique national, dont l’Alliance pour la Démocratie au Mali, Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (Adema PASJ). L’histoire semble se répéter encore pour cette formation politique à la veille de cette importante échéance électorale pour offrir de meilleures perspectives à notre pays au lendemain d’une crise sans précédent.

Si ailleurs, notamment au sein de formations politiques comme l’Union pour la Démocratie et la République (URD), le Rassemblement pour le Mali (RPM) ou encore le Congrès national d’initiative démocratique (CNID-FYT) la question semble tranchée d’avance, tel n’est cependant pas le cas de l’ex-parti majoritaire, l’Adéma/PASJ. En effet, à part la seule fois où ce parti a fait l’unanimité autour du choix de son candidat à l’élection présidentielle de 1992, en la personne d’Alpha Oumar Konaré, la désignation du porte flambeau de l’Adéma/PASJ à tous les autres scrutins présidentiels qui ont suivi a été des plus problématiques. L’on se rappelle qu’en 2002, le parti a connu une multitude de candidatures malgré le choix officiel porté à l’époque sur Soumaïla Cissé. Ce qui a valu aux camarades d’Alpha Oumar Konaré et de Dioncounda Traoré de perdre et l’élection présidentielle de cette année 2002 et leur place de leader incontesté de la scène politique nationale au profit d’un parti sorti de ses entrailles, le Rassemblement pour le Mali (RPM) d’Ibrahim Boubacar Kéita. N’ayant surement pas tiré tous les enseignements nécessaires de cette cuisante défaite devant un candidat indépendant à l’époque, le général. Amadou Toumani Touré (ATT), le parti de l’Abeille solitaire va récidiver encore en 2007 en affichant sa division et ses profondes contradictions internes quant à la stratégie la mieux appropriée pour aborder les échéances de 2007. La conférence nationale convoquée à cet effet se prononcera à la majorité écrasante des délégués pour un soutien politique et électorale à la candidature du même ATT pour son second et dernier mandat. Cette attitude a été décriée par bon nombres de militants du parti à l’époque, mais, qui ont dû avaler leur colère contre mauvaise fortune en s’alignant sur le choix du parti.
S’inspirant cette fois-ci des expériences précédentes, les ruchers ont anticipé pour aborder les élections avortées de 2012 dans de meilleurs esprits et dispositions. En effet, le comité exécutif (C.E), l’organe dirigeant du parti, a d’abord privilégié l’organisation de primaire au sein du parti pour désigner le candidat aux dites élections. Mais, il a vite dû déchanter face aux passions et aux ambitions extrêmes affichées par plusieurs cadres du parti pour cette candidature à la présidentielle. Au finish, le C.E a alors opté pour la mise en place d’un groupe de personnalités politiques constitué essentiellement de sages du parti, en vue de définir les critères pouvant conduire à un choix consensuel accepté de tous. Après plusieurs semaines de tractations, de conciliabules, un compromis s’est dégagé autour de la candidature estimée à l’époque être la plus logique, celle du président du parti, Pr. Dioncounda Traoré. Malgré les déceptions des uns et les amertumes des autres, ce choix a été finalement accepté par tous, en tout cas de façon officielle. Entre temps, la crise socio-sécuritaire s’est installée avant de déboucher sur le coup d’état du 22 mars 2012 et l’interruption du processus électoral en cours. Une période de transition s’est ouverte avec l’investiture du candidat du parti comme président de la République par intérim, le 12 avril 2012. L’Accord cadre qui a permis ce retour à l’ordre constitutionnel normal précise qu’aucun acteur majeur de la transition ne pourrait être candidat à aucun scrutin électoral prochain. Du coup, le candidat désigné de l’Adéma/PASJ et les membres des autres institutions de la transition sont forclos pour les échéances de juillet 2013. Avec ce revirement inattendu, le sujet de la désignation du prochain candidat du parti de l’Abeille solitaire est remis sur la table.
Pour anticiper et lever toute équivoque à l’avance, le C.E a décidé que ce choix sera interne. Ce qui constitue déjà un fait majeur dans le contexte actuel. Car des rumeurs avaient commencé à circuler quant à l’éventualité d’une candidature collégiale du Front Uni pour la Sauvegarde de la démocratie et la République (FDR) créé au lendemain du coup d’Etat du capitaine Amadou Haya Sanogo, en vue de se poser comme la force d’opposition au putsch.
Certes, l’idéal serait que tous ceux qui partagent les mêmes sensibilités politiques, (FRD, et autres) puissent convenir d’une candidature commune. Ceci aurait l’avantage de conférer beaucoup plus de lisibilité à la classe politique tout et contribuerait également à faciliter le choix aux électeurs et réduire les frais d’organisation du scrutin pour l’Etat.
Le comité exécutif de l’Adéma, à l’instar surement d’autres partis membres des différents regroupements politiques, a fait le choix d’une candidature interne. Tant mieux ! C’est un choix qu’il faut à présent assumer. Cependant, cette seule clarification ne résout pas tous les problèmes auxquels l’Adéma doit faire face pour sortir indemne de cette épreuve cruciale. D’ores et déjà des « courants » se sont constitués autour de plusieurs ténors du comité exécutif comme pour couper l’herbe sous les pieds des partisans d’un candidat consensuel. Selon certaines informations, le parti s’apprête à organiser sa conférence nationale statutaire en mars prochain en lieu et place du congrès ordinaire reporté en raison de la situation de crise que traverse le pays, notamment l’occupation d’une partie du territoire. A la direction de l’Adéma, on justifie ce choix par la nécessité d’une solidarité forte avec les populations du nord du pays et surtout pour maintenir l’élan de soutien et de communion envers les forces armées de défense et de sécurité engagées dans le combat pour la libération et la restauration de l’intégrité totale du territoire national. Sans doute que le parti majoritaire de ces deux dernières décennies saura taire ses contradictions et convulsions internes pour préserver l’essentiel dans l’unité et la cohésion.
Au-delà de cet aspect spécifique, le Mali a besoin aujourd’hui de plus de stabilité dans tous les segments de sa société, dont les partis politiques sont un maillon essentiel.
L’Adéma saura-t-il encore faire mentir les pessimistes quant à ses capacités internes à dompter le démon de la division ? Les prochains jours et semaines nous édifieront davantage à ce sujet. En attendant la lutte de positionnement fait rage au sein du parti et semble ne pas tenir compte pour l’instant des aspirations profondes et légitimes de ses nombreux militants à la base qui l’ont de tout temps porté à bout de bras pour lui donner la place qui est aujourd’hui la sienne au Mali, en Afrique et dans le monde à travers notamment son rayonnement au sein de l’International socialiste (IS) aux côtés de plusieurs autres grands partis du continent.
Les bourdonnements actuels devraient normalement s’estomper au fur et à mesure que les échéances approchent. Bien que démontrant la vitalité du parti, les différents acteurs doivent se convaincre que le peuple malien a trop souffert de cette crise pour que les politiques n’en rajoutent pas à la confusion d’une situation déjà très difficile à tous points de vue.
L’Adéma, en particulier et le Mali, en général, gagneraient à ce que chacun fasse preuve de beaucoup de sagesse, d’humilité, de dépassement de soi, de lucidité, de réalisme et surtout d’objectivité pour préserver le seul objectif qui vaille : l’intérêt supérieur de la Nation au détriment de toutes ambitions personnelles et égoïstes quelle qu’en soit la légitimité !
Bréhima SIDIBE

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