Le 4è congrès ordinaire du Rassemblement pour le Mali s’est tenu les 22 et 23 octobre 2016, au Palais de la Culture de Bamako. Et, comme l’a annoncé votre hebdomadaire dans son numéro 71, une liste consensuelle de 81 membres a été mise en place, sous la férule du Dr Bokari Tréta, précédemment Secrétaire général du parti du Tisserand. L’ancien ministre du Développement rural dévient ainsi le 2è Président de l’histoire du parti, créé en juin 2001, après son leader et fondateur historique, Ibrahim Boubacar Kéita, élu chef de l’Etat du Mali en août 2013. Nous vous proposons ici un décryptage complet du nouveau BPN qui compte 9 ministres, trente nouveaux entrants dont des têtes connues de la classe politique malienne, une douzaine de députés et plusieurs départs. Radioscopie.
Le nouveau bureau politique national du Rassemblement pour le Mali est on ne peut plus costaud. Pas en termes de nombre de postes (nous en avions connu plus avec d’autres partis au pouvoir comme le PDES à sa création en 2010 avec ses 127 membres sans compter les commissaires, ndlr), mais en termes de carrure des personnes qui le compose. Ils sont de toutes les 10 régions du Mali, du District de Bamako et de la diaspora. Le bureau se veut inclusif et compte en son sein des hommes et femmes dont la diversité des parcours et des profils politiques étonneraient plus d’un. Tout le monde s’y retrouve : des fidèles parmi les fidèles, des indécis, des revenants, des militants de la 25è heure, des transhumants multirécidivistes, entre autres. Toute chose qui a eu pour conséquence de défenestrer des caciques du mouvement, dont certains, en âge très avancés ou occupant des postes incompatibles avec le militantisme politique.
Il y a aussi des surprises de taille. Certains adhérents parmi les plus « grands nouveaux défenseurs » du président et pourfendeurs de leurs anciennes formations politiques n’ont pas eu de place dans la liste que conduira le Dr Bokari Tréta. A l’arrivée, pas de surprises quant aux pronostics des médias sur la place réservée aux anciens membres influents du parti. Les « plus méritants » ont été reconduits et promus à des postes plus juteux. L’on retiendra ainsi 9 ministres en activité, 12 députés, 30 nouveaux entrants dont ceux remarquables d’Ag Erlaf, d’Oumarou Ag Mohamed Ibrahim, de Hamadoun Konaté, de Bajan Ag Hamatou et de Zoumana Mory Coulibaly…
Secrétariat général ou la pomme de la discorde…
Si un fait était à retenir ou aura retenu l’attention de l’opinion, c’était bien la succession du nouveau président au poste de secrétaire général. Mamadou Diarrassouba, questeur de l’Assemblée Nationale, Mahamane Baby et Abderrahmane Sylla étaient en lice. Tous trois sont des fidèles parmi les fidèles et ont plus ou moins la même ancienneté en tant que militant du parti. Mais le fait d’être maître de second cycle, donc pas cadre « A », a défavorisé Mamadou Diarrassouba. Quant à Baby, il est défavorisé par son « manque d’expérience politique » par rapport aux deux autres et surtout parce qu’il n’était pas membre du bureau sortant. Autre raison, les problèmes qu’il a eus lors de la mise en place du bureau de la section de Goundam dont il est issu, acquise majoritairement à la cause d’Oumar Sididié Traoré, lui aussi promu membre du BPN. Le ministre Abderrahmane Sylla dont le nom est souvent revenu comme déstabilisateur des sections de Kayes était le plus détesté des trois. A l’arrivée, un tour à Koulouba et IBK coche les noms de Me Baber Gano au poste de Ségal, son fidèle ami et Dr Ali Kouriba comme son second. Le poste de président du parti n’était plus un enjeu. Tréta a été plébiscité et un standing-ovation l’a accueilli à l’annonce de son nom dans la salle. Abdoulaye Idrissa Maiga ne pouvait logiquement venir qu’en N°2 du BPN « consensuellement » établi.
Les incontournables : Bokari Tréta, Abdoulaye Idrissa Maiga, Ousmane Koné, Bakary Issa Kéita, Issa N. Traoré, Boubacar Touré dit Bou, Abinon Témé, Dr Moussa Guindo (qui occupe le poste laissé vacant par Pr Kalilou Ouattara, dont il était le second dans l’ancien bureau), Sangaré Oumou Ba, Nancoman Kéita, Moussa Badiaga, Mamadou Diarrassouba, Me Baber Gano, Aly Kouriba (Secrétaire exécutif du CNRA devenu nouveau secrétaire général adjoint), Abdrahamane Sylla, Boubacar Sandina Camara, Djiré Djénéba Diarra, Sissao Yakaré Tounkara, Cheick Abba Niaré, Ibrahima Bomboté (ancien député Commune III), Amadou Ouattara (adjoint au Maire de la Commune V), Kaba Diarra, Moussa Tembiné (président de l’UJ-RPM) et Aisséta Touré Diawara Lady (Présidente de l’UF-RPM), Nafissatou Guindo, Issé Doucouré, Siaka Batouta Bagayogo, Nango Dembélé, Togo Marie Yagalé Togo, Youba ould Messaoud Baby, Baba Moulaye Haïdara (DG Autorité Routière), l’ancien député de Kadiolo, Logona Traoré, le Président de la Ligue de foot de Kidal et membre de la FEMAFOOT, Abéta Ag Seydou (nouveau Secrétaire aux Sports, aux Arts et à la Culture), le président de l’association TEMEDT (défense des Bellah), Ibrahim Ag Ibaltanat, l’ancien maire de la Commune IV, Issa Guindo … sont tous maintenus au BPN. Beaucoup parmi eux ont même gravi des échelons.
Neuf ministres du gouvernement y prennent par.
Le Ministre de la Défense et des Ancien Combattants, N°2 du Gouvernement, Abdoulaye Idrissa Maiga est 1er vice-président du nouveau BPN. Il occupait le poste de 2è Secrétaire général adjoint du bureau sortant. Abdoulaye Idrissa était avant ce congrès, le challenger principal de Bokari Tréta. Mais, l’ancien Directeur de Campagne d’IBK, très proche de la Première Dame, n’était pas le choix des délégués, qui lui ont proféré son ancien Secrétaire général. Il avait brillé par son absence cependant durant les travaux du congrès. Dans les coulisses de l’organisation, on le dit « excusé ». Il est en tournée européenne depuis une semaine, ajoute un de ses proches.
Ousmane Koné, ancien Secrétaire aux Finances du parti devient le 3è vice-président dans le nouveau bureau. Le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme cède son ancien poste à Bakary Issa Kéita de la Section IV du District.
Un des nouveaux entrants, le ministre de la Solidarité et de l’Action Humanitaire, Hamadoun Konaté, est un proche du chef de l’Etat. Il venait d’intégrer le bureau de la section III du District. Quant à Mahamane Baby, ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, il revient au bureau après l’avoir quitté lors du 3è congrès du parti, tenu en 2011. L’ancien leader de la jeunesse retrouve un poste compatible avec son portefeuille de ministre : le Secrétaire à l’emploi et à la formation professionnelle, alors qu’il était fortement annoncé pour succéder à Bokari Tréta au poste de Secrétaire général, qui échoit finalement à Me Baber Gano de la section de Djenné.
Mohamed Ag Erlaf est un oiseau migrateur. Il a été militant de tous les partis de présidents lui ayant accordé un poste de ministre. Il a atterri au RPM il y a seulement 4 mois à Koutiala. Le ministre de l’Intérieur avait déjà milité à l’Adema-Pasj et très proche d’ATT. Il est au poste de Secrétaire à la planification stratégique et prospective.
La ministre de la Culture, N’Diaye Ramatoulaye Diallo, est adjointe au Secrétaire au Développement économique et aux infrastructures (Baba Moulaye Haidara). Elle avait été la Directrice adjointe de campagne du président IBK en 2013 et intègre pour la première fois le directoire du RPM.
Nango Dembélé (Secrétaire à l’industrialisation, au secteur privé et aux PME-PMI), Abdramane Sylla (3e adjoint au Secrétaire Politique) et Sangaré Oumou Ba (5è vice-présidente) sont les autres membres du gouvernement qui figurent sur la liste.
De nombreux députés…
Moussa Badiaga (Nara), Seydou Dembélé (Ségou), Badian Ag Hamatou (Ménaka), Issiaka Sidibé (Koulikoro), Mamadou Diarrassouba (Dioïla), Mohamed ould Mataly (Bourem), Oumar Traoré dit Gaucher (Goundam), Yacouba Traoré (Ségou), Abdine Koumaré (Ségou), Belco Samassékou (Mopti), Mamedi Sidibé (Yanfolila), Moussa Tembiné (CV), sont les parlementaires présents dans le nouveau bureau.
Une trentaine de nouveaux entrants dont des têtes bien connues :
Parmi les trente nouveaux entrants, l’on note surtout les arrivées de l’ancien Président du Haut Conseil des Collectivités Territoriales et vice-président de l’Adema, Oumar Ag Mohamed Ibrahim, de Mohamed Ag Erlaf, d’Oumar Traoré dit Gaucher, ancien membre du Bureau exécutif national de l’URD et député indépendant élu à Goundam, Mohamed ould Mataly, proche de la plateforme des mouvements d’autodéfense. Mais aussi l’on remarque la venue de Lala Safia Moulaye Haidara de Taoudéni, NDiaye Ramatoullaye Diallo de Sikasso, le député de Ségou Yacouba Traoré, Mme Fanta Karabenta, le Directeur général de l’ONAP, Zoumana Mory Coulibaly (transfuge des FARE et ancien vice-président de l’Adema). Il est désormais le communicant en chef du parti, secondé par notre confrère d’Info-Matin, Sambi Touré.
Il faut ajouter aussi les arrivées de Soloba Mahadi Keita, Aissata Hanne, Amadou Issa Boré, Mahamadou Diallo, Mamadou M. Traoré, Francis Keita, Modibo Kane Doumbia de la section de Kayes (promoteur d’écoles), Mahamadou Diawara (Malien de l’extérieur), Karembé Rokia Diarra (Malienne de l’extérieur), Belco Samassékou (député de Mopti), Seydou Dembelé (ancien président du groupe parlementaire RPM, élu à Ségou), Oumar Ouattara, Pr Ilo Diall (Mopti), Aliou Doumbia, Adama Dessé Coulibaly, Mamadou Kéita (Kayes), Mahamed Ag Itous (Kidal), Amadou Cissé (DG de l’Apej- section de Bankass). Moussa Doudou Haidara (Gourma-Rharous), Bajan Ag Hamatou (député de Ménaka), Mamadou Camara (ancien DG de l’Office Riz Ségou), Hamadoun Konaté, Abdramane Diakité (Gao) et l’ancien ministre de la communication, Mahamadou Camara, sont également nouveaux membres du BPN.
Les départs: Kéita Rokiatou N’Diaye, Seydou Nourou Kéita, Frankaly, Ag Rhissa…
Parmi les partants, l’on retient d’abord quelques ténors comme le président intérimaire du parti, Boulkassoum Haïdara, 7è vice-président du bureau sortant non moins Président du Conseil Economique Social et Culturel, l’ancienne première vice-présidente et ministre Keita Rokiatou N’Diaye mais aussi des vice-présidents Yacouba Maiga, Hamady Sow, Diakité Sanaba Sissoko, tous retirés de la vie politique mais qui devraient continuer de militer au sein du parti.
Par contre, nommé membre de la Cour Constitutionnelle, l’ancien secrétaire général adjoint du parti, Seydou Nourou Keita était frappé d’inéligibilité. D’autres comme Cissé Aminata Diarra, 1ère adjointe au Secrétaire Administratif, Paul Ismaël Boro (qui reste vice-président du bureau des jeunes mais limogé du poste de Directeur général du CICB) n’ont pas été retenus. Paul Ismaël Boro était le 1er adjoint au Secrétaire à l’organisation du bureau sortant. La communication du parti connaît trois départs : nos confrères Boubacar Diallo, 1eradjoint au Secrétaire à la Communication, Mamadou Diallo et Idrissa Diouf, respectivement 2è et 3è adjoints du Secrétaire à la Communication. Boubacar Touré dit Bou est lui, promu nouveau 1er adjoint au Secrétaire politique qu’est le ministre Hamadoun Konaté, nouvel entrant.
L’on note également d’autres départs : Oumarou Dicko, de Mamadou Doumbia, d’Harimakan Kéita (Mairie du District), de Kalilou Ouattara (démissionnaire du parti), de Samir Naman (au protocole de la République), Me Cheick Cissé, de l’ancien député Makan Sissoko, de Boureima Ogobara Dolo, de Mohamed Niaré (qui retourne au bureau de la jeunesse du parti après avoir décroché un doctorat) entre autres.
Les anciens ministres Mamadou Frankaly Kéita (qui devrait occuper un poste international) et Ousmane Ag Rhissa, actuel ambassadeur du Mali en Côte d’Ivoire ne figurent pas non plus sur la nouvelle liste. Ag Rhissa nous confie avoir renoncé à entrer au bureau pour faire place à de nouvelles têtes. Il va mieux s’occuper de son poste d’ambassadeur en restant militant. Par contre, l’ancien député de la Commune I, Boubou Koita, est, lui, décédé.
Les surprises…
De surprises, il y en a eues. L’on s’attendait à l’entrée dans le bureau de militants de dévoués comme Bafotigui Diallo, député élu en Commune VI, de Abderrahmane Niang (incompatibilité avec le poste ?), président de la Haute Cour de Justice, de Karim Kéita, fils du chef de l’Etat, de Mamadou Konta de la section de Youwarou, l’honorable Aïcha Belco Maiga de Tessalit, l’ancien ministre de la Culture et actuel ambassadeur du Mali à Rome, Bruno Maïga (certainement pour les mêmes raisons que Ag Rhissa), mais ils n’y figurent pas. Idem pour des militants qualifiés de la 25è heure comme Bakary Togola, Ahmada Ag Bibi, Mohamed Ag Intalla (député), Sidiki N’Fa Konaté (DG de l’ORTM), les ministres Malick Alhousseyni (ancien du PARENA puis du PDES) et autres qui ne sont pas retenus.
Une grande inconnue cependant, Sidi Touré, qui a intégré le BPN en 2011, n’est pas directement reconduit à cause de l’incapacité de la section d’Ansongo de renouveler son bureau. Le nouveau député de la localité, Souleymane Ag Almahamoud, pourrait le remplacer au BPN. Le poste de deuxième adjoint au Secrétaire à l’aménagement du territoire et de la décentralisation leur est réservé.