« Pour témoigner de notre bonne foi et tenant compte des difficultés financières du pays, nous avons accepté de payer, à titre d’avance, la somme de 15 milliards Fcfa… Tout paiement injustifié concernant les vérifications contestées nous sera remboursé à la fin du processus ». C’est en ces termes que le directeur exécutif de Randgold Resources, Dr Mark Bristow, a justifié le paiement d’une partie de l’argent que « lui réclame » l’administration fiscale malienne (lire l’Essor du mercredi). C’était mercredi à l’hôtel Onomo, à la faveur d’une conférence de presse sur les activités de son groupe.
En organisant cette rencontre trimestrielle avec les médias, le consortium minier entendait informer les Maliens sur ses activités. Cette démarche, de l’avis du Dr Bristow, est conforme à la philosophie de transparence et de redevabilité qui guide son groupe. « Nous exploitons les ressources naturelles nationales. Nous avons l’obligation de rendre compte », a dit le patron de l’un des plus grands producteurs d’or.
Entrant dans le vif du sujet, Mark Bristow a révélé : « Durant les 20 années de sa présence au Mali, le groupe Randgold y a investi 1.500 milliards de Fcfa. Il a contribué pour 2.500 milliards de Fcfa dans l’économie du pays, sous forme de taxes, redevances, salaires, paiements aux fournisseurs locaux et contribution dans les initiatives communautaires ».
Pour le conférencier, des incompréhensions peuvent opposer les partenaires les plus fidèles. « Nous avons connu, au cours des années passées, certains conflits avec l’administration fiscale du Mali.
Ces différends se règlent à travers des négociations constructives. Une convention d’établissement nous lie au gouvernement », a-t-il expliqué. « Nous avons, dans le cadre de cette convention, le droit de recourir au tribunal arbitral pour le règlement de tout litige qui pourrait naître de l’application de ladite convention », a ajouté Dr Mark Bristow.
Concernant les opérations de Randgold, M. Bristow dira que le complexe de Loulo-Kounkoto pourrait battre ses prévisions de production de 670 000 onces d’or pour l’année 2016. « Nous pourrions atteindre cet objectif seulement à travers un partenariat constructif et mutuellement avantageux avec le gouvernement », a-t-il souligné. Avant d’ajouter que « Randgold demeure engagée pour une présence à long terme au Mali ainsi que dans l’industrie minière en général ».
Ainsi, sur la base des investissements précédents, l’objectif de maintenir la production annuelle de Randgold au Mali à plus de 600 000 onces d’or pour les 10 prochaines années paraît maintenant possible. Car, l’étude de faisabilité pour la construction de la fosse de la mine de Gounkoto est prévue pour la fin de l’année. Les indications montrent que ce gisement étendra la durée de vie du complexe et augmentera sa profitabilité.
Quant à Morila, elle traite les résidus du bassin à boue. Sa fermeture est prévue pour 2019. Les opportunités de prolonger la durée de vie de cette mine sont d’actualité.
Le projet de gisement satellite de Domba est en attente d’approbation. Il a été retiré des prévisions minières de 2016.
En réponse aux questions de nos confrères, Dr Bristow a précisé que son groupe est en conflit avec l’administration fiscale et non avec l’Etat du Mali. Il a profité des interrogations des hommes de média pour réitérer l’engagement et la détermination de sa compagnie minière à s’acquitter de ses impôts, y compris les pénalités. Dr Mark Bristow a aussi révélé que des discussions seront engagées, très prochainement, avec le ministère de l’Economie et des Finances pour trouver une solution globale aux problèmes qui opposent son groupe à l’administration fiscale malienne.
La résolution durable de ce différend est capitale et même vitale pour les deux parties en conflit. Randgold a contribué entre 6 et 10% à la formation du Produit intérieur brut (PIB) sur les sept dernières années. « La contribution du secteur minier dans les exportations est de l’ordre de 65 à 75% de 2008-2014 », a indiqué le directeur exécutif de Randgold Resources qui citait une étude récente sur l’activité minière au Mali.
C. M. TRAORE