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Groupes terroristes : Quelles sont les raisons de l’engagement des jeunes?
Publié le vendredi 28 octobre 2016  |  L’Essor
Mali:
© AP par DR
Mali: Le groupe islamiste Ansar Dine libère l`otage suisse Béatrice Stockly
24 avril 2012.Tombouctou.Mali. A un point de rendez-vous dans le désert de Tombouctou,les combattants de Ansar Dine montent la garde au moment de la libération de Béatrice Stockly enlevée le 15 avril dernier dans le nord du Mali
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Un récent rapport basé sur des entretiens avec des ex-engagés tente de percer le mystère. Ses conclusions sont riches en enseignements

Les chercheurs de l’Institut d’études de sécurité, basé à Dakar, ont rencontré 63 ex-engagés dans les mouvements terroristes qui sévissent sur notre sol. Dix-neuf d’entre eux vivent actuellement en milieu carcéral. Ces présumés terroristes ont entre 17 et 75 ans. Une preuve qu’il n’y a pas que des jeunes dans ces groupes. Les auteurs du rapport dont nous avons obtenu copie, précisent que l’utilisation de l’expression « ex-engagé » ne signifie pas que leur engagement a nécessairement été volontaire. Intitulé : « Jeunes « djihadistes » au Mali, guidés par la foi ou par les circonstances ? », ce rapport se garde globalement de faire des analyses quantitatives.
En l’absence d’informations précises tant sur les effectifs des groupes concernés par l’étude que sur la proportion des jeunes qui en font partie, il est impossible de déterminer si l’ensemble de ceux qui ont été interviewés constitue un échantillon représentatif, concèdent les chercheurs. L’Institut d’études de sécurité est une organisation africaine œuvrant au renforcement de la sécurité humaine sur le continent. Elle effectue de la recherche indépendante et reconnue, fournit des analyses et conseils sur les politiques provenant d’experts, tout en offrant des formations pratiques et de l’assistance technique.
Le travail de recherche a permis de mettre en lumière les facteurs d’engagement des jeunes recensés dans le cadre de cette étude. Ces facteurs ont été regroupés en 15 catégories : coercition, communautaire/culturelle/ethnique/sociologique, économique, éducation, environnementale/climatique, éthique, familiale, historique, individuelle/personnelle, influence/obéissance, protection, référent religieux, sociale, politique.
Chômeurs, désœuvrés et fanatisés. Voilà comment sont présentés les jeunes qui grossissent les rangs des groupes armés terroristes au Mali. Cependant, peu de données empiriques soutiennent cette affirmation. Cette étude revisite le rôle de la religion et du chômage dans les logiques d’engagement des jeunes dans ces groupes.
Les résultats remettent en cause certaines idées reçues sur une problématique importante pour la stabilité du Mali et de ses voisins. En effet, l’étude a révélé que certains de ces jeunes exerçaient une activité génératrice de revenus qu’ils estimaient satisfaisante. Leur implication a répondu soit à un souci de protection de leurs activités rémunératrices — licites (élevage) ou illicites (trafic de drogue) – soit à des logiques qui n’avaient rien d’économiques.« Ils nous ont dit de les suivre pour travailler avec eux. Ils étaient armés. On ne savait pas comment refuser », a confié aux enquêteurs un ex-combattant d’Ansar Dine à Tombouctou.
Un autre ex-engagé a témoigné : « Les rejoindre est devenu le moyen le plus rapide d’obtenir la main d’une femme surtout si sa famille possède beaucoup d’animaux ». Ce dernier faisait partie de la Katiba Macina dans la région de Mopti. Un troisième qui faisait partie des groupes armés à Gao, a expliqué : « Le MNLA pillait, volait et tuait. J’ai rejoint le MUJAO pour protéger ma population contre ces bandits ». Un quatrième a confié qu’il s’est engagé pour subvenir à ses besoins. « Même si ce travail n’était pas digne, j’avais besoin d’argent pour mes dépenses et ma famille. » L’homme guerroyait au sein de la Katiba Khalid Ibn Walid, dans la Région de Sikasso. Les chercheurs soutiennent qu’il est absolument nécessaire de bien cerner les facteurs et les processus qui ont mené certains jeunes à se retrouver dans des groupes armés terroristes. C’est en effet, la compréhension de ce phénomène complexe, multiforme, variant selon les individus, les groupes et les régions, qui déterminera la qualité des réponses proposées et leur mise en œuvre pour y faire face. Il ne faut cependant pas perdre de vue que les jeunes – qui sont pour l’essentiel des exécutants – représentent pour les leaders de ces groupes des moyens humains nécessaires à la poursuite de leurs objectifs. Même si des solutions sont apportées pour contrer efficacement l’engagement des jeunes dans les groupes armés djihadistes, il n’est pas certain que le problème serait réglé pour autant. Les groupes continueraient d’exister à travers leurs leaders qui élaboreraient de nouvelles stratégies de mobilisation.
À terme, invite le rapport, des réflexions doivent être poursuivies sur les approches alternatives à adopter envers la hiérarchie des groupes et sur les moyens supplémentaires y compris non militaires de réduire leur capacité d’action.
Synthèse
A.DIARRA
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