Quatre associations maliennes de défense des droits de l'homme, parmi une centaine à travers le monde, ont signé un texte rejetant l'impunité et le retrait récent de la CPI du Burundi et de l'Afrique du Sud. Elles s'inquiètent de la perspective d'autres retraits. Au Mali les organisations de défense des droits de l'Homme regrettent que les annonces de retrait de la CPI ne soient pas soutenues par une proposition alternative de ces pays pour lutter contre les violations graves des libertés.
Les quatre associations maliennes sont : « Cri de Coeur », l'Association des juristes maliennes, l' AMDH et Wildaf-Mali. Elles sont toutes engagées dans la défense des droits de l'Homme, et dans l’accompagnement des victimes des crimes les plus graves.
Dans le texte qu'elles ont signé, elles déplorent vivement le retrait de la Cour pénale internationale du Burundi et de l’Afrique du Sud, tout en exprimant leur crainte que ces premières annonces soient le prélude à d’autres retraits.
Ces associations de droits de l'Homme rappellent que si, dans les premières années de son existence, la CPI a ouvert des enquêtes visant des pays africains, c’est parce que les Etats africains avaient dans leur grande majorité décidé, dès 1998, de soutenir la création de la CPI en ratifiant largement le Statut de Rome.
Ce sont aussi de nombreux Etats africains qui ont saisi la CPI des crimes les plus graves commis sur leur sol. Les organisations considèrent que ces retraits de la CPI sont une prime donnée à l’impunité.
La CPI, qui a été saisie en 2012 par les autorités, intervient au Mali dans les cadre des crimes commis au Nord pendant la crise. En août dernier elle a rendu le verdict contre Ahmad Al Faqi, accusé d'avoir contribué à la destruction des mausolées de Tombouctou. Reconnu coupable il a été condamné à 9 ans de prison.
L'Association Malienne de Défense des Droits de l'Homme regrette que les annonces de retrait de la CPI ne soient pas soutenues par une proposition alternative de ces pays pour lutter contre les violations graves des libertés. Pour l'AMDH, « la CPI existe aussi pour les victimes, et pour cela elle doit être soutenue ».
Me Moctar Mariko, président de l'AMDH, joint par Issa Fakaba Sissoko :
« La CPI était un épée sur la tête de tous ces dirigeants qui procédaient à des exactions sur leurs peuples. Et nous pensons aussi que la CPI, ce n'est pas que pour les dirigeants, elle a été créée et instituée pour soulager les victimes. Voilà pourquoi nous la soutenons, et nous pensons que le retrait de ces pays va ouvrir des boulevards à certains dirigeants, qui n'ont que du mépris pour leurs populations, de continuer à les massacrer et à procéder encore à de graves violations des Droits de l'Homme sachant bien qu'en Afrique nous n'avons pas de juridictions capables de jouer le rôle de la CPI. Moi je ne peux pas comprendre, qu'à ce niveau , au moment on critique la CPI à raison ou à tort, l'Afrique soit incapable de mettre en place une juridiction qui puisse garantir la liberté, de faire en sorte qu'il y ait une ligne rouge que nous nos dirigeants ne puissent pas franchir et procéder à des violations massives ».