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CableGate ou les murmures de l’Oncle SAM de Amadou Wane: Confirmation des propos de l’Ambassadeur Paul Folmsbee par des documents secrets du Département d’État américain. Depuis 2008, les États Unis accusaient déjà l’armée Malienne de complicité avec certaines Milices.
Publié le lundi 31 octobre 2016  |  Infosept
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© aBamako.com par FS
Lancement officiel du site web de l`EPU
L`ambassadeur des Etats Unis au Mali et le représentant du Ministre de la Justice ont procédé le Mardi 6 Octobre 2015 au lancement officiel du site web de l`EPU à l`Hôtel Radisson. Photo: Paul A. Folmsbee, ambassadeur des Etats Unis au Mali
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Confirmation des propos de l’Ambassadeur Paul Folmsbee par des documents secrets du Département d’État américain. Depuis 2008, les États Unis accusaient déjà l’armée Malienne de complicité avec certaines Milices.

Récit sur une franchise diplomatique qui a fait couler beaucoup d’encre à Bamako
La Coopération entre l’armée Malienne et certaines milices était connue des américains depuis 2008, selon des documents secrets du Département d’État américain.
Cette tactique n’est pas nouvelle, elle est courante dans beaucoup de conflits à travers le monde. Dans un conflit armé, il n’est pas rare de voir une coopération entre une armée régulière et une milice, si elles ont des intérêts en commun. Durant la présidence d’Amadou Toumani Touré (ATT), les forces spéciales collaborèrent avec des milices du nord dans la lutte contre le terrorisme.

Face à des ennemis mobiles sur un terrain difficile, l’armée malienne créa un nombre d’unités spécialisées appelées Echelons Tactiques Inter Armés (ETIA). Ces unités spéciales furent utilisées contre le bandit touareg Ibrahim Ag Bahanga à la fin de 2008 et début 2009 et restèrent la méthode préférée du Mali dans sa lutte contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Les ETIA étaient des petits groupes d’intervention mobiles avec plus de capacité que l’unité régulière de l’armée malienne.

Ces unités étaient composées d’éléments de l’armée régulière malienne et opéraient dans un environnement désertique dans les régions isolées au nord du Mali. En tant que force d’intervention spéciale, une unité d’ETIA était mieux équipée que les unités régulières. En théorie elles devraient être dotées d’équipements et de moyens de transport supplémentaires. Mais dans la pratique, elles n’étaient pas efficacement équipées. Puis, la majeure partie de leurs équipements étaient anciens et d’origine soviétique ou chinoise. Une unité d’ETIA était composée de pelotons provenant des différentes unités de l’armée régulière. Les affectations se faisaient par rotation tous les six mois.

Chaque unité d’ ETIA avait environ 200 hommes et 20 véhicules dont un peloton de véhicules blindés et était soutenue par un peloton de réapprovisionnement, qui lui permettait de rester sur le champ d’opération au-delà de 14 jours sans réapprovisionnement. Les unités d’ETIA étaient souvent accompagnées par des soldats irréguliers provenant de nombreuses milices privées du nord du Mali et généralement commandée par un lieutenant-colonel.

Dans les batailles contre le chef rebelle touareg Ibrahim Ag Bahanga et AQMI, les unités d’ETIA ont combattu aux côtés des soldats irréguliers appartenant à des milices locales. Cette alliance était motivée par la nécessité d’avoir du personnel avec une connaissance du terrain. Au début de 2009, les milices touaregs dirigées par le Colonel Ould Meydou et Elhadj Gamou se joignirent aux unités d’ETIA pour combattre Bahanga à Tin-ssalak et Bouressa.

Bien que les unités d’ETIA combattirent aux côtés des milices locales, les deux ne peuvent pas et ne doivent pas être confondus. Les unités d’ETIA n’avaient pas de milices dans leurs structures. En Juin 2009, suite à l’exécution de l’otage britannique Edwin Dyer et l’assassinat du Colonel de l’armée Lamana Ould Bou, agent de la DGSE, le Gouvernement malien lança l’Opération « Djigui » pour neutraliser les activités d’AQMI dans le nord du Mali. Les unités d’ETIA furent alors groupées en une seule force d’intervention. Puis, le 15 juin 2009, avec l’appui des Bérabiches, arabes fidèles au défunt colonel Lamana Ould Bou, la nouvelle force d’intervention engagea ses combattants contre AQMI près de Timétrine, Aguel-hoc, tuant un nombre indéterminé de terroristes.

Le Gouvernement était conscient du danger que posaient ces milices. Le 1ier août 2009, une réunion intercommunautaire fut organisée près de Tombouctou où les leaders arabes, touaregs, et autres groupes ethniques étaient présents. Le Gouvernement y présenta ses positions en ce qui concerne, entre autres, sa volonté de promouvoir l’harmonie intercommunautaire, le respect et l’importance de lutter ensemble contre l’insécurité. Mais le Gouvernement était catégorique dans son message sur un point. Il appartenait aux forces gouvernementales et à elles seules de faire face à AQMI et aux autres menaces sécuritaires. Le monopole de la force légitime devrait rester dans les mains de l’État.
Récemment, la coopération entre l’armée malienne et les milices dans la guerre au Nord fut dénoncée par certains pays. Lors d’une conférence de presse, l’ambassadeur des États-Unis, Paul Folmsbee, critiqua les liaisons entre l’armée malienne et le GATIA.

La position de l’ambassadeur surprit les maliens. Mais selon des documents secrets du Département d’État des États-Unis, les américains étaient bien au courant de ces relations depuis au moins 8 ans. Le 11 août 2009, plusieurs importantes rencontres eurent lieu. D’un côté, étaient présents l’attaché de défense de l’Ambassade des États-Unis, et le brigadier général du commandement des opérations spéciales américaines. De l’autre côté, il y avait plusieurs responsables du ministère malien de la défense. Les américains firent comprendre que toute formation militaire et soutien fournis par les États-Unis seraient dans le seul but d’aider les unités régulières de l’armée malienne et non les éléments d’une quelconque milice. La question de la collaboration avec les milices ne fut pas soulevée.

Ce n’est pas irréfléchi de penser qu’un changement de paradigme géostratégique est en cours. C’est de la responsabilité des dirigeants maliens de s’assurer que ce changement ne se fera pas aux dépends des intérêts du Mali.

Amadou O. Wane
Collaborateur externe,
Floride, Etats-Unis
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