Décidément, la tension ne baisse à Gao. Après la grande mobilisation contre l’installation des autorités intérimaires, la jeunesse s’insurge contre le recrutement du personnel au compte de l’Agence de développement régional (ADR).
Le directeur général de l’Agence de développement régional de Gao, Habiboulaye Sidibé, est dans le collimateur des jeunes pour non respect du principe de l’égalité des chances pour le recrutement du personnel de l’ADR. Pour certains responsables de la jeunesse de Gao, le favoritisme et la notion de transformation des services publics à des entreprises familiales a connu son apogée avec l’arrivée de Habiboulaye Sidibé à la tête de l’ADR-Gao.
Cette situation qualifiée de mafieuse fait grincer des dents dans la cité des Askias et pourrait prendre la dimension d’une crise sociale si le département en charge de la Décentralisation ne s’implique dans ce dossier. En demandant le départ de M. Sidibé, les jeunes mettent en avant son incompétence et l’érection de la corruption comme principe légal dans la gestion des affaires publiques. «Après avoir pillé toutes les ressources de l’ONG- DRC (Conseil danois pour les refugiés), ce monsieur, on ne sait pas par quel miracle, s’est retrouvé à la tête de l’ADR-Gao. Depuis son arrivée, l’Agence de développement régional de Gao n’a fait qu’un pas en avant et mille pas en arrière, aucune activité n’est à l’actif du patron des lieux. Le directeur a transformé ce service étatique en une entreprise familiale dans laquelle seuls ses parents ont voix au chapitre», a expliqué notre interlocuteur sous le sceau de l’anonymat. Avant de fustiger les circonstances du recrutement ‘’mafieux’’ de cinq personnes au compte de l’ADR-Gao, «Après la fin du contrat de trois mois et une soi-disant évaluation de performance, le personnel est resté sans salaire pendant cette période et un recrutement a été fait sans les résultats de l’évaluation de performance. A travers un réseau mafieux dirigé par le directeur. Tous ceux qui ont été retenus sont ses parents et la majorité n’a été recrutée légalement. Aucun d’entre eux n’a fait le test écrit et oral conformément au règlement de l’ADR-Gao. Il peut recruter autant de parents qu’il veut. Il doit comprendre que la jeunesse de Gao restera mobilisée contre toutes les actions de corruption et de favoritisme pour le recrutement.»
Approché par nos soins, le directeur général de l’ADR-Gao, Habiboulaye Sidibé, dément les accusations à son encontre et met au défit quiconque d’apporter la preuve d’un quelconque favoritisme dans le recrutement de cinq agents au compte de l’Agence. «Pour répondre aux besoins du service, il fallait recruter. Ainsi, l’Agence avait déjà 18 personnes disposant de contrats. Malheureusement, face à des difficultés financières et la grille salariale en provenance du département de la Décentralisation, nous avons décidé d’organiser un test pour retenir les meilleurs. Ainsi, cinq personnes ont été recrutées», a-t-il expliqué.
Pour le Directeur général de l’Agence, la réaction de certains jeunes de Gao est compréhensible dans la mesure où le recrutement sur la base d’un test ne fait jamais l’unanimité. « Les candidats non retenus manifestent toujours leur désaccord en utilisant des termes comme ‘’favoritisme’’, ‘’corruption’’, etc. Cette pratique ne marche pas avec moi. Je suis un légaliste, donc je respecte le principe de l’égalité des chances. Dire que ce sont mes parents qui ont été recrutés est aberrant. Mes parents ne sont-ils pas des citoyens ? N’ont-ils pas droit au travail ? Si j’ai recruté un parent, sûrement ce dernier est compétent pour la mission.»
Rappelons que l’Agence de développement régional est un établissement public à caractère administratif, créé par le gouvernement pour soutenir le processus de décentralisation.
Elle est chargée d’assister les collectivités territoriales dans l’exercice de la maîtrise d’ouvrage du développement régional et local dans les domaines de la planification des opérations de développement, la gestion des services des collectivités et la mobilisation des ressources pour le financement du développement régional et local.