L'organisation islamiste Ançardine accepte un cessez-le-feu proposé par le Président du Haut Conseil Islamique du Mali. Dans une correspondance adressée à ce dernier, les responsables d'Ançardine annoncent qu’ils vont mettre fin aux attaques sur toute l’étendue du territoire et surtout au Nord du Mali. Le président du Haut Conseil Islamique confirme cette information et dit vouloir rencontrer les autorités du pays.
Dans la lettre, l'organisation islamiste dit avoir accepté le cessez-le-feu que lui aurait demandé le président du Haut Conseil Islamique. Cet accord selon Ançardine entraînera l'arrêt des attaques armées sur toute l’étendue du territoire et surtout au Nord du pays. Dans ce document, l'organisation islamiste insiste sur la bonne application de ce cessez-le-feu demandé, selon elle, à plusieurs reprises par le président du Haut Conseil Islamique sans succès.
Pour les responsables d'Ançardine une mise en œuvre « avec bonne foi » de cet accord « permettra d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens et favoriser la cohésion sociale, gage de la paix et de la stabilité ». Dans ce texte Ançardine reconnaît l'intégrité territoriale du pays, mais réitère aussi son attachement à l'application de la charia sur le territoire du Mali.
Joint par notre rédaction le président du Haut Conseil Islamique du Mali confirme l'information. Mahmoud Dicko, qui ne doute pas de la fiabilité de la lettre affirme que c'est le résultat d'une négociation qu'il a entamée depuis très longtemps. Cependant le président du Haut Conseil dit vouloir rencontrer les autorités avant tout autre commentaire.
Pour le Haut Conseil Islamique du Mali cet accord de cessez-le-feu a été obtenu après de longs mois de négociations discrètes. Selon Mahmoud Dicko son président, l'objectif est de mettre fin aux attaques récurrentes qui ont coûté de nombreuses vies. Le Président du Haut Conseil Islamique estime que la suite à donner à cet accord sera déterminée après une rencontre avec les autorités. Mahmoud Dicko est joint par Sékou Gadjigo :
« Je confirme effectivement que j’ai reçu une correspondance de la part d’Ançardine et ses alliés allant dans le sens d’accepter vraiment un cessez-le-feu. Parce qu’il y a très longtemps qu’on était dans cette démarche. Je leur ai envoyé une correspondance dans ce sens et beaucoup de démarches dans ce sens. Ils ont répondu. Il y a plus de 48 heures que j’ai la correspondance. Donc cela prouve que c’est vrai.
Est-ce que vous êtes confiant par rapport à la fiabilité de cette lettre ?
Non je n’en doute pas du tout, je ne doute point de l’authenticité de ce qui m’a été envoyé. Je sais ce que je suis en train de faire il y a très longtemps. Je préfère vraiment laisser ça comme ça avant que je ne rencontre qui de droit. »
Selon certains observateurs cet accord est plutôt le signe d’un essoufflement du groupe terroriste. Ces analystes estiment cependant qu’il ne faut pas prendre pour argent comptant les promesses des groupes jihadistes. Dr Fodé Tandiougoura est enseignant-chercheur à l'université de Bamako. Il est joint au téléphone par Sékou Gadjigo
«Oui en ce moment toutes les analyses convergent que le fait que les mouvements qui sont considérés comme terroristes sont épuisés. Ils sont essoufflés et donc le processus de paix étant enclenché donc on ne peut plus faire une marche arrière. Donc je pense que c'est un essoufflement. Mais est-ce qu'il faut croire à leur bonne foi, personne ne peut parier sur ça en réalité. Ce mouvement là change du jour au lendemain de configuration. Ce qui est sûr c'est qu'il y a un essoufflement effectivement de ce mouvement.
Si toutefois, ils étaient de bonne foi les responsables d'Ançardine, comment est-ce que l'Etat doit les considérer vu qu'ils persistent toujours sur l'application de la charia?
C'est la forme républicaine et laïque de l'Etat qui a été consignée dans les accords. Tout le monde reconnaît la forme républicaine et laïque de l'Etat. Donc l'Etat ne peut pas cautionner cela. S'il leur faut renoncer à certaines ambitions religieuses notamment l'application de la charia.»