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Art et Culture

Patrimoine culturel : Le processus d’inscription de quatre sites du Mande est lancé
Publié le lundi 31 octobre 2016  |  L’Essor
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Le «Kurukanfuga», le «Kamablon», la Case sacrée de «Kénioroba» et l’Arche de Kamandjan seront bientôt inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO

Le Mandé est un foyer culturel et historique extrêmement riche. De nombreux vestiges témoignant de cette période y sont encore perceptibles. Ils marquent la contribution exceptionnelle des Mandenkas à notre héritage. Notre pays a déjà reconnu l’espace de Kurukanfuga comme faisant partie du patrimoine culturel national. La réfection de la Case sacrée de Kangaba ou «Kamablon» est inscrite sur la Liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO en péril. Cependant deux autres éléments importants sont demeurés en reste. Il s’agit de la Case sacrée de «Kénioroba» et de l’Arche de Kamandjan. Le ministère de la Culture à travers la direction nationale du Patrimoine culturel a entrepris la procédure consistant à donner à ces quatre sites une reconnaissance internationale. Ce qui passe par leur inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Ce travail de longue haleine a en fait commencé il y a quelques années en les mettant dans la liste indicative de l’UNESCO.
Un atelier sur le processus d’élaboration du dossier de proposition d’inscription de la Case sacrée «Kamablon» de Kangaba et sites associés sur la Liste du patrimoine mondial a eu lieu la semaine dernière à l’hôtel Kamandjan de Siby. En plus des experts nationaux, l’atelier a regroupé des représentants des différents villages, des autorités administratives et politiques. Il visait à faire comprendre aux participants les étapes du processus d’élaboration d’un dossier d’inscription sur la liste du Patrimoine mondial et à explorer les voies et moyens utiles pour la constitution efficace du dossier à soumettre à l’UNESCO, en collaboration avec les acteurs concernés par les sites.
L’atelier se veut comme le début d’un long processus de sensibilisation. Il a permis de définir le rôle, le devoir et la mission de chacune des parties prenantes au processus d’élaboration du dossier d’inscription. La rencontre s’est attachée à présenter les concepts clés régissant le processus d’inscription d’un site sur la liste du Patrimoine mondial : intégrité, authenticité, valeur universelle exceptionnelle. Il s’agissait aussi d’établir un calendrier de démarrage pour les différents experts nationaux et la direction nationale du Patrimoine culturel (DNPC), d’élaborer une feuille de route et un Cahier de charge pour chacun. Elle a permis de créer une synergie d’actions et de partager l’information entre tous les acteurs autour des sites et de leurs attributs. Enfin, il s’agissait d’expliquer aux participants le processus d’élaboration d’un plan de conservation et de gestion consensuel des sites et les raisons qui la sous-tendent.
L’atelier a recommandé aux communautés surtout la création dans chaque localité d’une commission pour le suivi du dossier de proposition d’inscription des quatre sites sur la Liste du patrimoine mondial.

Création d’un cadre de concertation. A l’attention du ministère de la Culture, les participants ont préconisé la création d’un cadre de concertation et une synergie d’actions entre le ministère de la Culture et le ministère en charge de l’Urbanisme autour du processus d’élaboration du dossier d’inscription de la Case sacrée (Kamablon) de Kangaba et les sites associées, incluant le site historique de «Kurukan Fuga», l’Arche de Kamandjan et la Case sacrée de Kéniero, sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le ministère de la Culture doit se mettre en rapport avec différents départements comme celui en charge de l’Urbanisme et celui des Domaines pour gérer les problèmes de propriété et d’urbanisme. Quant à la MINUSMA, elle devrait aider à l’élaboration des plans et du relevé des coordonnées géographiques des sites.

Le Kamablon de Kangaba serait construit en1653
Le Kamablon de Kangaba serait construit en1653
Quant aux sites proprement dits, il faut retenir que la Case sacrée de Kangaba (ou le Kamablon de Kangaba), dont la construction remonterait à 1653, serait le dernier en date des «Kamablon» de l’aire culturelle du Mandé. Situé magnifiquement au cœur de la place publique (bara) de la ville de Kangaba, le «Kamablon», Case sacrée de Kangaba, est un édifice de plan circulaire construit en terre (banco) et couvert d’un toit conique de chaume.
La Case sacrée de Kangaba apporte un témoignage historique typique non seulement de l’architecture traditionnelle en milieu soudanais (en terre de plan circulaire avec un toit conique de chaume), mais aussi la cohésion sociale entre l’ensemble des communautés du Mandé. Tous les éléments du «Kamablon» (les murs, le toit, les portes et les nombreux ornements sur les murs) et tous les objets qu’il abrite sont pleins de symboles et de significations sur l’histoire, la philosophie, la religion et la vision du monde de ses détenteurs.
Le caractère sacré de cette réfection et la déposition de la tradition par un clan qui les conserve jalousement, leur ont conféré leur persistance, leur résistance aux changements et leur authenticité. D’où l’inscription de la réfection septennale du «Kamablon», Case sacrée de Kangaba, sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2009. La dernière réfection de sa toiture a eu lieu en 2011.
Malgré son importance du point de vue historique, scientifique, touristique et culturel, la Case sacrée de Kangaba fait l’objet d’interventions inappropriées.
«Kurukan Fuga» est une élevation de bowal, une vaste clairière s’étendant sur 32 ha. Il est situé entre le village de Keniélen à l’ouest et la ville de Kaaba, plus connu sous le nom de Kangaba, au cœur du Mandé à 90 km de Bamako.
C’est sur ce site historique que l’empereur du Mali, Soundiata Kéïta, après sa victoire sur Soumangourou Kanté, Roi du Sosso, lors de l’historique bataille de Kirina au début du 13è siècle, fit convoquer en assemblée générale les «cεkun ou hommes de tête» du Mandé, acquis à sa politique. Afin de leur soumettre pour approbation, après enrichissement s’il le fallait, la «Charte du Mandé nouveau».
Quant à la Case sacrée de Kéniero, elle est haute d’environ 5 mètres et 3 mètres de diamètre. Ce sanctuaire, de forme circulaire et construit par Naba Diola Keita, communément appelé Mansa Diola Keïta vers 1500 après JC, est couvert d’un toit conique de chaume. La case comporte deux portes à l’est et l’ouest. Ses murs élevés en briques crues recouverts d’un crépi en banco, mesurent environ 2 mètres de hauteur. Cette case serait l’une des plus vieilles en date des «Kamablon» du Mandé.

Symbole des clans Camara du Mandé. Le secret de cette tradition de cases sacrées dans le Mandé aurait été transmis par Kamandjan Camara aux clans Kéita, lors du premier Conseil de guerre, tenu vers 1232 sur l’Arche de Kamandjan à Siby. C’est pourquoi, les cases sacrées du Mandé portent généralement le préfixe « Kama » du nom de Kamandjan.
La dernière réfection de la toiture du Kamablon de Kéniéro a eu lieu dans la deuxième semaine du mois de Mai 2014.
L’Arche de Kamandjan, communément appelée « Kamandjan donda na bôda » (Porte d’entrée et de sortie de Kamandjan), est située à environ 4 km au nord-ouest du village de Siby. Il s’agit d’un paysage culturel et naturel, d’une véritable arche sculptée dans du grès, surplombant un massif de granite gréseux qui servait de muraille de protection pour le village de Siby.
Selon la légende, l’Arche est attribuée à Kamandjan Camara, un des lieutenants de Soundiata Kéita, qui l’aurait, par démonstration de puissance et de pouvoirs occultes, face à Soumaoro Kanté, Roi du Sosso, sculpté d’un seul coup de sabre le massif granitique afin de frayer un passage pour ses troupes. Cette action sublissime a redouté Soumaoro Kanté et l’amena à renoncer à la bataille contre les troupes de Kamandjan Camara. Elle reste fortement gravée dans la mémoire des populations du Manden. L’Arche est non seulement le témoignage de l’héroïsme et de la puissance tutélaire de Kamandjan, mais aussi la détermination de ses troupes à vaincre Soumaoro.
Site mixte (naturel et culturel), l’Arche de Kamandjan est le symbole des clans Camara du Mandé. Elle a abrité des événements majeurs (réunions de troupes, conseils de guerre, démonstrations de connaissances occultes) pour la formation et l’épanouissement de l’Empire du Mali.
Malgré les dispositifs législatifs de protection, le site historique et naturel de l’Arche de Kamandjan et ses sites associés souffrent des pressions anthropiques et de l’empiètement sur la couverture végétale.
Y. DOUMBIA

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