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Moussa Mara : «L’Etat n’a jamais été un bon gestionnaire d’entreprise»
Publié le mercredi 2 novembre 2016  |  Le Reporter
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© aBamako.com par mouhamar
Ouverture de la 6è édition de la semaine sénégalo-malienne de l’habillement
Bamako, le 30 avril 2014. Palais de la culture. Sous le parrainage de son Excellence Moussa MARA, Premier ministre du Mali, Chef du gouvernement, a eu lieu la cérémonie d`ouverture de la 6è édition de la semaine sénégalo-malienne de l’habillement.
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Quelle économie pour le Mali après la crise ? C’est le thème du 11ème numéro du «Grand débat économique» animé par notre confrère Issa Fakaba Sissoko. Moussa Mara, expert comptable était face à Etienne Fakaba Sissoko, économiste, pour débattre de ce thème, le samedi 29 octobre, à Sup ‘Management. Si le premier invité prône que le secteur privé doit être au cœur de l’activité économique d’un pays, le second pense que l’Etat doit être au centre de l’activité économique.


D’entrée de jeu, l’ex Premier ministre, Moussa Mara, a expliqué qu’il fait partie de ceux qui pensent que «nous n’avons pas de politique économique parce que les stratégies, les programmes et les outils de développement, depuis les 20 dernières années, sont les mêmes». Selon lui, la politique, c’est d’abord une vision, sous-tendue par d’autres éléments dont la cohérence est la plus importante. «Alors, nous avons l’impression qu’aujourd’hui, dans notre pays, nous empilons plutôt les projets, programmes d’idées et la cohérence d’ensemble n’est pas forcément respectée», a déclaré Moussa Mara.


C’est pourquoi, de l’avis de l’ancien Premier ministre, il faut remettre l’économie au cœur de notre activité publique et politique, ce qui n’est pas le cas. Il a ensuite souligné qu’il faut revenir aussi un peu aux fondamentaux. La politique économique ou une stratégie économique, explique l’expert comptable, c’est un certain nombre de constances pour lesquelles il faut d’abord qu’il y ait une stabilité institutionnelle et politique avec un prolongement économique, mais aussi la sécurité physique et économique ainsi qu’une administration mue par l’économie.


«Nous avons l’impression qu’au Mali, nous n’avons pas cette vision d’ensemble où nous faisons en sorte que l’agent de l’administration travaille pour l’atteinte de cet objectif. Nous avons l’impression que nous avons une superposition des structures qui vont chacune dans son sens. Il faut que nous ayons la modestie au niveau des autorités politiques d’écouter le paysan depuis son champ, le boutiquier, les artisans qui pratiquent, créent, innovent», a-t-il déclaré.


Selon Moussa Mara, on entend souvent que les politiques d’ajustement structurelles ont créé des problèmes dans nos pays. C’est vrai, mais on ne se pose jamais la question pourquoi on est arrivé aux politiques d’ajustement structurel. À ses dires, on est arrivé aux politiques d’ajustement structurel parce que nos Etats, qui avaient la vocation d’être des Etats entrepreneurs à partir des grandes entreprises publiques, n’arrivaient plus à faire face aux charges des ces entreprises. Aujourd’hui, dit-il, tous les grands pays qui sont considérés comme riches, développés, sont gérés sous le mode de faire en sorte que les entreprises privées soient le moteur de l’économie. «Il faut savoir que l’Etat n’a jamais été un bon gestionnaire d’entreprise. Il ne faut pas aussi oublier que nous sommes dans un cadre de mondialisation. Si nous créons des entreprises publiques, il faut faire face à d’autres qui viendront nous concurrencer», a laissé entendre l’expert comptable.


Et Moussa Mara d’ajouter que quand on parle des crises, on doit forcément parler des zones qui sont touchées. En matière économique, dira-t-il, il faut qu’on puisse agir prioritairement sur ces zones. Il faut que ces zones puissent avoir un cadre approprié pour les opérateurs économiques. Ces zones, propose-t-il, doivent être aidées dans la reconstruction des infrastructures, et on doit promouvoir les entreprises de ces zones. Il a aussi souligné que tout ce qui concerne la restauration, l’hôtellerie, le tourisme, doit bénéficier d’un soutien particulier de l’Etat.


Pour sa part, Etienne Fakaba Sissoko, économiste, il a expliqué que notre économie est à l’image de la situation politique et sécuritaire qui a un taux de croissance qui tourne autour de 5% et qui, malheureusement, ne profite pas aux citoyens. Selon lui, le Mali se trouve aujourd’hui dans une situation où la balance commerciale est déficitaire. Toute chose qui signifie notre dépendance vis-à-vis de l’extérieur. «Nous avons essentiellement l’exportation de nos matières premières ; ce qui montre encore que, dans la situation économique du Mali, l’industrialisation reste un défi à relever», a déclaré Etienne Fakaba Sissoko. À l’en croire, au-delà de tout ceci, il y a une contradiction très forte entre stratégie et politique économique prônées par les politiques. «Nous n’en sommes pas là, parce que le Mali, à l’instar d’autres pays d’Afrique, s’est mis dans un système économique, caractérisé par le libéralisme économique qui dépossède de tout sens humain et qui fait que nos économies tardent à surmonter les difficultés», a martelé l’économiste.


Par ailleurs, pour Etienne Fakaba Sissoko, comment aujourd’hui faire du secteur privé un moteur de l’économie ? Selon lui, c’est, dans un premier temps, tenir compte des déterminants de notre croissance économique, qui est l’agriculture en priorité. Aux dires d’Etienne Fakaba Sissoko, l’agriculture aujourd’hui n’est pas prise par le secteur privé parce que les conditions ne sont pas favorables à cela. Il a indiqué que l’Etat doit, dans la chaîne de production, former les producteurs et les aider à transformer leurs productions.


Selon l’économiste communiste, le système de libéralisme économique promis par Moussa Mara nous amène à une situation où 70% de ce qui est produit comme richesse sont exportés. Il dira que la politique de l’industrialisation, aujourd’hui prônée par les libéraux, ne nous permet pas de voir le secteur du raffinage de l’or. «L’Etat doit être au centre de l’activité économique et le système de libéralisme économique, auquel nous avons assisté depuis le programme d’ajustement structurel, a maintenant un résultat négatif», a-t-il expliqué.
Diango COULIBALY
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