Nouakchott - Un Roumain enlevé au Burkina Faso il y a plus d’un an et otage du groupe du jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar est apparu dans une vidéo récente, tandis qu’un autre groupe jihadiste, Ansar Dine, a catégoriquement nié mardi avoir consenti à une "trêve" au Mali.
Ces informations ont été rendues publiques mardi concurremment par l’agence mauritanienne Al-Akhbar, connue pour recevoir et diffuser régulièrement des communiqués des groupes jihadistes du Sahel, et SITE, centre américain de surveillance des sites jihadistes.
Réagissant à la déclaration lundi de l’imam Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), disant avoir reçu fin septembre une lettre dans laquelle le chef d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly, aurait annoncé "un cessez-le-feu unilatéral dans tout le Mali", le groupe exprime "son étonnement et sa grande surprise".
Dans un communiqué reproduit par Al-Akhbar et SITE, il exclut "toute trêve ou cessez-le-feu avec le gouvernement apostat et collaborateur de Bamako" et se dit déterminé à poursuivre le jihad contre les "Croisés et leurs alliés".
Auparavant, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) avait diffusé une vidéo de l’otage roumain la première "preuve de vie" rendue publique depuis plus d’un an.
Le fait que cette vidéo émane d’Aqmi, auquel Belmokhtar s’est rallié en novembre 2015, atteste que l’otage se "trouve bien entre les mains du groupe de Mokhtar Belmokhtar", a indiqué à l’AFP le directeur d’Al-Akhbar, El-Heiba Ould Cheikh Sidaty.
Cette diffusion lundi intervient au lendemain de la publication par le groupe Etat islamique (EI), via son agence de propagande, Amaq, de l’acte d’allégeance d’Adnan Abou Walid Sahraoui, chef d’une dissidence du groupe de Belmokhtar, Al-Mourabitoune, et qui avait affirmé en mai 2015 détenir l’otage roumain.
Cette vidéo pourrait être liée à d’éventuelles tentatives de négociations entre Aqmi et l’Etat roumain, a souligné M. Ould Cheikh Sidaty.
Identifié sur cette vidéo comme Iulian Ghergut, l’otage porte une barbe très fournie, parle un français marqué d’un fort accent et affirme que la séquence est enregistrée le 21 septembre. Il dit être en bonne santé.
- Rivalité Aqmi/EI au Sahel -
"La cellule de crise qui gère la situation du ressortissant roumain kidnappé au Burkina Faso a pris note de la diffusion le 31 octobre 2016 d’une vidéo du ressortissant roumain Iulian Ghergut. Des vérifications sont en cours vis-à-vis de l’authenticité de cet enregistrement", a réagi le ministère roumain des Affaires étrangères.
"Le lancement d’un tel message dans l’espace public s’inscrit dans le cursus habituel de ce type de situation", a ajouté le ministère, en allusion à une possible volonté de faire pression sur l’opinion publique.
Officier de sécurité dans une mine de manganèse de Tambao, dans le nord du Burkina Faso, près des frontières avec le Niger et le Mali, enlevé le 4 avril 2015, l’otage assure penser à sa famille et lui demande, ainsi qu’au gouvernement roumain, de tout faire pour sa libération.
Adnan Abou Walid Sahraoui avait fait allégeance à l’EI en mai 2015 - déclaration aussitôt qualifiée de "nulle et non avenue" par la tendance de Belmokhtar, qui réaffirmait sa fidélité à Al-Qaïda - mais ce n’est que dimanche que le groupe dirigé par Abou Baqr al-Baghdadi en a officiellement pris acte.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes. Longtemps concentrées dans le Nord, les attaques jihadistes se sont étendues à partir de 2015 vers le centre, puis le sud du pays.
Longtemps préservé de la violence jihadiste, le Burkina Faso, limitrophe du Mali et qui a joué un rôle important dans le processus de paix dans ce pays, est entré depuis 2015 dans un cycle d’enlèvements et d’attentats, surtout dans sa région septentrionale.