Notre pays prend actuellement une part active, en sa qualité de membre du bureau, aux négociations intergouvernementales pour l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant sur le mercure, connu sous le nom de Convention de Minamata sur le mercure. C’est en référence à la ville japonaise de Minamata où, dans les années cinquante, un grand nombre d’habitants de la localité avaient été intoxiqués après avoir consommé des fruits de mer provenant de la baie. Le syndrome neurologique causé par l’intoxication aigüe au mercure est depuis lors connu sous le nom de « maladie de Minamata ». Après la ratification le 17 mai 2016 de ladite convention par notre pays, il s’agit aujourd’hui de faire une évaluation initiale. Ceci a fait l’objet d’un atelier de 2 jours (les 24 et 25 octobre), organisé par la direction nationale de l’Assainissement, du contrôle des nuisances et pollutions (DNACPN) en collaboration avec l’Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (UNITAR), au Grand hôtel de Bamako. La cérémonie d’ouverture des travaux était présidée par le secrétaire général du ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Abdoulaye Berthé. Elle a enregistré la présence du président de la commission développement rural et environnement de l’Assemblée nationale, Lamine Théra, du représentant de l’UNITAR, Jost Dittkrist et du coordinateur du projet Approche stratégique de la gestion internationale des produits chimiques (SACIM), Oumar Diaouré Cissé. Le mercure est un métal lourd hautement toxique et avec de graves effets, tant sur la santé humaine que sur l’environnement. C’est l’une des substances chimiques les plus préoccupantes pour la santé publique, car il peut se disperser et persister dans les écosystèmes sur plusieurs générations, soumettant les populations exposées à de graves problèmes, y compris l’affaiblissement de leurs facultés intellectuelles, troubles de la fonction hépatique, tremblements, et problèmes cardiovasculaires. De ce constat découle l’importance de la Convention de Minamata sur le mercure. Cette convention est un accord mondial juridiquement contraignant. Elle vise à réduire les émissions et les rejets de mercure et prévoit une série de réglementations pour tout un ensemble de produits, procédés et industries qui utilisent, rejettent ou émettent du mercure. La convention aborde également la question de l’extraction primaire du mercure, son exportation et son importation, ainsi que le stockage sans danger des déchets de mercure. Ainsi la Convention de Minamata protège les populations et relève le niveau de vie de millions de personnes, en particulier de celles qui sont les plus vulnérables, qu’il s’agisse des ouvriers travaillant dans les mines d’or et leurs familles, des femmes enceintes ou de ceux qui manipulent des déchets dans les pays en développement. L’évaluation permettra au Mali d’identifier les défis spécifiques liés au mercure et la mesure dans laquelle les cadres juridiques et réglementaires existants lui permettent de mettre en œuvre les obligations futures au titre de la Convention. Ainsi, les travaux de l’atelier ont permis d’établir un groupe de pilotage national, qui sera responsable, de la révision régulière du plan de travail, d’évaluer les progrès, de faire des recommandations et de guider les groupes de travail. Ces groupes de travail seront chargés d’effectuer l’étude de la législation et des politiques, de construire un profil national du mercure et du développement de la stratégie de sensibilisation et, la validation du plan de travail du projet. La mise en œuvre de la convention n’est pas facile, car cela exige effort et détermination, a souligné Jost Dittkrist. « L’UNITAR a le privilège de soutenir le Mali dans ses efforts et je peux vous garantir que nous serons à votre service dans les années à venir », a-t-il rassuré. La convention du mercure a pour objet, la protection de la santé humaine et l’environnement contre les émissions et les rejets anthropiques de mercure et de composés du mercure, a averti Abdoulaye Berthé. Le secrétaire général a indiqué ensuite que la Politique nationale de protection de l’environnement et ses plans d’actions nationaux, la Politique nationale de l’assainissement et ses stratégies de mise en œuvre, illustrent à souhait l’engagement de l’Etat pour la protection de la santé et de l’environnement. C’est pourquoi, il a engagé les participants à tenir le cap en les invitant à traduire en résultats concrets, les objectifs du projet que sont, l’identification des gaps institutionnels en matière de gestion du mercure et l’établissement d’un mécanisme de coordination des acteurs, le passage en revue de la législation en vigueur et l’élaboration de textes législatifs et réglementaires appropriés pour la mise en œuvre de la convention et l’établissement d’un profil environnemental et sanitaire, basé sur l’inventaire. Ce, dans le but de réduire, voire d’éliminer l’usage, les rejets et les émissions du mercure dans la mesure du possible.