Si vous suivez l’actualité internationale la condamnation de Ahmed Al Faqi Al Mahdi à neuf ans de prison n’a pas dû vous échapper. La Cour Pénale Internationale (CPI) a reconnu coupable ce djihadiste malien de la destruction en 2012 de la mosquée Sidi Yahia de Tombouctou ainsi que de 9 mausolées. Ahmed Al Faqi est le premier à être jugé pour des crimes commis au plus fort de la crise malienne, sous l’occupation des régions nord du pays. Mais les crimes commis ne se limitent pas uniquement à la destruction de biens culturels. Les groupes armés qui occupaient les lieux ont aussi perpétré des viols ainsi que d’autres formes de violences sexuelles sur des femmes et des jeunes filles. Malgré les 171 victimes recensées et les 113 plaintes portées pour les crimes de violences sexuelles personne n’a été inquiété par la justice à ce sujet. Ces victimes sont aussi innocentes que les mausolées, comme la porte de la mosquée Sidi Yahia. Mais où est passé l’important ?
Justice rendue pour les édifices
L’image a fait le tour du monde. En 2012 les djihadistes détruisaient à coup de pioches les mausolées de la ville des 333 saints. Selon eux ces mausolées sont contraires à l’islam. Plus de trois ans après, en février 2015, la cité légendaire a renoué avec ses « saints ». Les mausolées détruits ont été restaurés et réhabilités avec l’aide de l’UNESCO. Il restait alors la porte de la mosquée Sidi Yahia, qui a elle aussi a été restaurée en septembre 2016 en présence de notables, d’habitants de Tombouctou, du représentant de l’UNESCO et de la MINUSMA … Je ne dis pas que la restauration de ces biens culturels, classés patrimoine culturel de l’humanité, n’est pas important. D’ailleurs je me réjouis pour la justice rendue aux édifices de Tombouctou. Mais ça ne doit pas se limiter à ça et s’arrêter là.
Justice rendue pour les édifices
L’image a fait le tour du monde. En 2012 les djihadistes détruisaient à coup de pioches les mausolées de la ville des 333 saints. Selon eux ces mausolées sont contraires à l’islam. Plus de trois ans après, en février 2015, la cité légendaire a renoué avec ses « saints ». Les mausolées détruits ont été restaurés et réhabilités avec l’aide de l’UNESCO. Il restait alors la porte de la mosquée Sidi Yahia, qui a elle aussi a été restaurée en septembre 2016 en présence de notables, d’habitants de Tombouctou, du représentant de l’UNESCO et de la MINUSMA … Je ne dis pas que la restauration de ces biens culturels, classés patrimoine culturel de l’humanité, n’est pas important. D’ailleurs je me réjouis pour la justice rendue aux édifices de Tombouctou. Mais ça ne doit pas se limiter à ça et s’arrêter là.
« Reconnaître qu’on a été violée est une honte pour sa famille »
Le viol est un sujet tabou au Mali. Les lèvres des victimes sont scellées par le regard de la société. Parmi les 171 femmes et filles victimes recensées de violences sexuelles, 58 n’ont pas voulu porter plainte. » Certaines se sentent responsables de leur sort. Tandis que d’autres ont peur de témoigner parce qu’elles vivent dans la même localité que leurs violeurs qui errent librement dans la nature » me confie Bintou Bouaré, présidente de l’ONG Wildaf-Mali.
La blogueuse Fatouma Harber connait la ville de Tombouctou comme la paume de sa main. Elle n’a jamais quitté la cité des 333 saints. Pourtant la blogueuse avoue qu’elle n’avait jamais entendu parler de victimes dans Tombouctou ville. « Au début je pensais qu’il n’y avait pas de victimes à Tombouctou » raconte Fatouma Harber avant de poursuivre « c’est après quelques recherches à gauche et à droite que je me suis rendue compte qu’il y avait plusieurs victimes. Mais personne ne veut parler. Reconnaître qu’on a été violée, c’est une honte pour la famille ».
Au regard de l’absence de jugement pour les violences sexuelles, les instances juridictionnelles maliennes et internationales préfèrent enfuir leur justice dans les pierres angulaires. Alors qu’à l’angle des maisons souffrent en silence femmes et jeunes filles depuis des années. Personne ne les voient et dans les rapports elles ne sont que des chiffres. Malgré leurs nuits blanches ses femmes portent en elles un rêve, celui de voir un jour la justice triompher.
Notes:
* Témoignage sonore: Extrait d’un reportage réalisé en 2014 par la journaliste Rachelle Tessougué, lauréate de la 1ere édition de la bourse Ghislaine Dupont et Claude Verlon
Source: Mondoblog