C’était il y a trois ans, le 2 novembre 2013, Ghislaine Dupont et Claude Verlon étaient enlevés et exécutés dans le Nord du Mali. Cet assassinat a depuis été revendiqué par Aqmi. Aujourd’hui les familles et les proches des deux reporters de RFI attendent toujours des informations sur les circonstances de leur mort et s’interrogent sur les raisons pour lesquelles le silence entoure cette affaire.
L’association des amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon dénonce les “zones d’ombre” qui entourent toujours le mobile et les circonstances de ce drame. Comment expliquer que certaines personnes ont eu connaissance de la mort de Ghislaine et Claude avant que la force Serval arrive sur les lieux ? Les auteurs de l’enlèvement ont-ils agi sur commande ou pour leur propre compte ? Les auteurs de l’enlèvement ont-ils prémédité l’assassinat ou s’agit-il d’un enlèvement crapuleux qui a mal tourné ? Enfin, la libération des derniers otages d’Arlit intervenue trois jours avant la mort des deux journalistes, mais aussi la négociation en cours pour la libération de Serge Lazarevic peuvent-elle avoir un lien avec leur enlèvement ?
Les questions sans réponse sont nombreuses. Pourtant pour l’association les hypothèses sur les tueurs se réduisent. Les responsables estiment qu'”on pourrait même considérer qu’ils sont identifiés avec une faible marge d’erreur”. Des noms reviennent “plus souvent ou plus logiquement que d’autres, confirmés ou non par des interlocuteurs hauts placés successifs. Des noms associés à des clans ou à des familles bien connues à Kidal”.
Selon le ministre de la Justice la situation sécuritaire à Kidal rend les investigations difficiles. Mamadou Ismaïla Konaté, annonce toutefois la création prochaine d’une cour d’assises pour juger les crimes liés au terrorisme. Me Mamadou Ismaïla Konaté interrogé hier matin par nos confrères de RFI :
“La difficulté de ce dossier sur la table, c’est qu’aujourd’hui, le théâtre des opérations se situe à Kidal. Il est parfaitement difficile, et cela peut se concevoir pour un juge, aujourd’hui de se déplacer sur le terrain, de récolter des éléments de preuves, d’entendre des témoins. C’est cette situation particulière qui fait qu’aujourd’hui, on a l’impression que le dossier traine. Mais il ne traine pas. La situation particulière de l’assassinat de ces deux journalistes au Mali est une situation qui a préoccupé beaucoup de personnes y compris les plus hautes autorités. Il n’y a pas l’ombre d’un seul doute que ce dossier est parfaitement pris en main. Les personnes qui sont emprisonnées déjà sont des personnes qui sont à la disposition de la justice. Croyez-moi que les juges maliens aujourd’hui mettent tout en œuvre, dès lors que les personnes sont à leur disposition sous main de justice, il n’y a aucune espèce de raison qu’ils ne puissent pas poursuivre dans le cadre du dossier. Et de ce point de vue nous envisageons justement d’installer assez vite une cour d’assises spéciale pour les crimes liés au terrorisme”.
Selon Ambéry Ag Rhissa membre de la CMA, “certaines personnes au sein du mouvement pourraient connaître les assassins des deux journalistes de RFI”. Pour lui, “ces personnes se taisent pour des raisons sécuritaires, car ils vivent aux mêmes endroits que les terroristes”.