Les confidences de Seydou Keita au reporter Baba Cissouma, le soir de la cuisante défaite de notre onze national face au Nigéria à la CAN 2013 suffiront-elles à relancer le débat sur notre foot ? Rien n’est moins sûr car ce débat est comme interdit et il est illusoire de penser que notre foot sera la clairière épargnée de notre médiocratie.
C’est-à-dire un projet mûri et exécuté de main de maître contre le peuple du Mali et son projet de présence au monde. Juste pour caser les neveux, objectif primordial, mettant au second plan l’obligation de résultats sans laquelle le Mali émergent serait un mythe. « Quand est-ce que les dirigeants auront pitié du Mali » ? Telle est la question que s’est posé, ce soir d’amertume, l’héroïque capitaine de la sélection nationale qui a parcouru le terrain comme un forcené pour éviter à ses camarades sinon la déroute du moins la défaite.
Hélas, il n’avait d’appui, dans sa volonté de tirer vers le haut un pays qui frise le fond que nos enfants en larmes, sonnés par la défaite et ne prêtant plus attention aux petits drapeaux frappés aux couleurs nationales et vendus comme des petits pains la veille d’un derby où une fois de plus nous avons sombré.
Seydoublen National
Comme en 1994 contre la Zambie. Comme en 2002 contre le Cameroun. Et comme en 2008 contre la Côte d’Ivoire. Fatalité de la défaite ? Non. Sanction juste contre une équipe arrivée par hasard à ce niveau avancé de la compétition ? Non, plus. Car il n’y a pas de doute que nous faisons partie par nos prestations successives des meilleures équipes du continent.
Mais ce n’est pas forcément un signe de progrès car au commencement nous étions déjà dans le peloton de tête. Dans un sens, notre avenir est même dans le passé, à Yaoundé 1972 par exemple où nous sommes allés en finale de la compétition reine du continent. Seydou Keita, parce que le sang princier ne ment pas, ne se console pas du bronze car il sait que l’or était à portée de pied. Il ne peut pas faire plus. Il n’est pas toute l’équipe. Il n’est pas toute la nation malienne. Il n’est même pas la Fédération malienne régulièrement accusée des vices les plus abjects.
Y compris celui de résilier les contrats des entraîneurs qui ne veulent pas partager leurs salaires. Jeter la pierre au seul secteur du foot n’est pas digne là où le corps médical subtilise les médicaments des mourants, là où les agents de la protection civile font la poche des blessés inanimés et là où se vendent les sujets d’examens ou de concours contre espèces sonnantes et trébuchantes.
L’exception de gratuité étant donnée, pour l’instant, par la Transition, sur une troisième licence téléphonique dont la preuve formelle du paiement ne ferait de mal à personne puisque c’est l’urgence qui a justifié le processus de son octroi à la hussarde. Au contraire!
Adam Thiam