« Nous, Touareg maliens, vieux et jeunes, nomades et sédentaires, réfugiés et déplacés, souhaitons par la présente nous exprimer légalement, pacifiquement et démocratiquement afin de nous démarquer clairement du Mouvement National de Libération de l’Azawad qui agit et revendique injustement et sans aucun mandat au nom de tous les Touareg du Mali et ce depuis sa création ». Ainsi commence le texte d’une pétition -publiée ci contre in extenso- qui st désormais partout et qui ne plaira sans doute pas au Mnla. La pétition représente t-elle la communauté Touareg ? Pas plus que le Mnla, sans doute. Mais cette fois-ci, un jalon est posé : des réfugiés vivant les privations des camps et des membres de la diaspora Kel Tamasheq rompent avec la culture de discrétion qui veut que le linge sale se lave en famille et prennent, par écrit, leur distance avec le mouvement rebelle qui parle en leur nom. L’initiateur de la pétition, Elmehdi Ag Mustaph, ancien fonctionnaire international – il travaillait à l’Unesco- vit depuis quelques mois à Philadelphie où il a rejoint sa famille. Dans cette ville américaine, il est submergé par les médias depuis que son texte a été rendu public. Et les camps en Mauritanie, Niger, Algérie et Burkina Faso où les populations Touareg se sont réfugiées à partir de l’attaque de Ménaka, le 17 janvier 2012 ? « Très peu d’entre eux lisent le français. Mais ils sont nombreux à approuver le contenu de la pétition, une fois que celui-ci leur est expliqué » déclare un des pétitionnaires basé, lui, à Bamako. Ag Mustaph renchérit : « nous avons commencé le travail dans les camps de réfugiés pour ratisser plus large et pour être représentatifs de la position des Touareg dans ce conflit ». Ladite pétition appelle la communauté Kel Tasmasheq à se dissocier « officiellement et publiquement » du Mnla qui « n’a jamais disposé d’un mandat légitime de la part des populations Touareg pour parler, agir et revendiquer en leur nom ». Toute idée de revendication indépendantiste est également rejetée avec force. « Nous avons été, nous sommes, et nous demeurerons des Maliens à part entière » insiste la pétition.
Non à l’amalgame
Les pétitionnaires informent le gouvernement et la communauté internationale que « le Mnla ne représente pas les Touareg du Mali » avant de déclarer faire confiance aux institutions en ce qui concerne le retour de la paix et de l’unité nationale. Mais ils s’èlèvent « contre tout amalgame et tout acte de violence et de vandalisme contre les populations civiles innocentes ». Et ils en appellent aux autorités pour que toute la lumière soit faite sur les exactions endurées par les populations. « Au Nord comme au Sud, précise la pétition, afin d’ouvrir la voie à une vraie réconciliation et au pardon ». Le lien indiqué pour la signature de la pétition est le suivant https://www.lapetition.be/en-ligne/Nous-Touareg-Maliens-12542.html.
Les soutiens à la pétition peuvent être envoyés, lit-on dans le texe à l’adresse ci-après : ag-muphtahel@voila.fr. Un nom à retenir pour ceux qui veulent manifester leur soutien à Bamako ou apprendre plus de ce mouvement :Aboubacrine Assadeck Ag Hamahady, professeur, intellectuel et activiste connu et Illily Ag Elmehdi.