Paris - Un militaire français, victime d’une mine, est décédé dans la nuit de vendredi à samedi dans le nord du Mali, où des groupes jihadistes restent actifs, malgré la signature d’un accord de paix en 2015.
Le groupe jihadiste Ansar Dine du Malien Iyad Ag Ghaly, lié à Al-Qaïda, a revendiqué l’attaque sur les réseaux sociaux, affirmant, sans plus de précisions, qu’elle avait eu lieu à 60 km de Kidal.
"Le vendredi 4 novembre 2016, vers 14H00, deux véhicules de l’avant blindé (VAB) appartenant à un convoi logistique de la force Barkhane (Mali), armé par le 515e régiment du train, ont subi une attaque par un engin explosif alors qu’ils faisaient route au nord-est de Kidal", a annoncé le ministère de la Défense samedi dans un communiqué.
"L’explosion a provoqué la mort du maréchal des logis-chef Fabien Jacq, blessé plus légèrement un autre soldat et commotionné trois autres", a-t-il ajouté.
Le convoi d’une soixantaine de véhicules faisait route vers Abeïbera (140 km au nord-est de Kidal) lorsque une explosion s’est produite au passage d’un des véhicules, a précisé le porte-parole de l’état-major des armées, le colonel Patrik Steiger.
La nature du déclenchement de la mine -à distance ou pas- n’est pas encore
déterminée, a-t-il ajouté. Les soldats blessés ont été transférés par hélicoptère vers le poste français de Tessalit, plus au nord, où Fabien Jacq, âgé de 28 ans, a été pris en charge par une équipe médicale. Malgré les soins prodigués, il est décédé peu après.
Engagé dans l’armée depuis neuf ans, il avait servi au Liban, en Afghanistan et une première fois au Mali en 2013. Il avait également participé à deux reprises à l’opération Sentinelle, mise en place sur le territoire national après les attentats de janvier 2015.
François Hollande a "salué le sacrifice" de Fabien Jacq, dont le régiment
est basé à La Braconne, près d’Angoulême (Charente). "Toute mon estime à ceux
qui nous défendent", a tweeté Manuel Valls.
Le ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, a présenté "ses condoléances" à la famille et aux frères d’armes du sous-officier et les a assurés de "son plein soutien dans cette douloureuse épreuve".
D’autres responsables ont également exprimé leur émotion: les candidats à
la primaire de la droite Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, la présidente du Front national Marine Le Pen, le premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis, ou encore Emmanuel Macron, lors d’une réunion de son mouvement En Marche! à Paris.
- ’Recrudescence de groupes terroristes’ -
La mort de Fabien Jacq porte à 16 le nombre de militaires français tués au Mali depuis l’intervention Serval en janvier 2013, à laquelle a succédé en août 2014 l’opération Barkhane (4.000 hommes), étendue sur cinq pays, selon un décompte de l’AFP. Deux militaires sont également morts au Niger et au Burkina Faso.
Les derniers décès annoncés remontaient au mois d’avril: trois soldats avaient été tués par l’explosion d’une mine au passage de leur véhicule blindé à l’approche de Tessalit.
A cette série noire s’ajoute la mort, en Libye en juillet et à Malte en octobre, de huit Français -dont des militaires-, qui collectaient du renseignement.
Les groupes jihadistes qui avaient pris, en 2012, le contrôle du nord du Mali en ont été en grande partie chassés à la suite de l’opération Serval.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et
de l’ONU (Minusma), qui sont régulièrement la cible, tout comme Barkhane,
d’attaques attribuées à des groupes terroristes armés.
Un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes a été signé en mai-juin 2015, mais son application accumule les retards.
Outre les "rivalités entre Touaregs" signataires, on assiste à une "recrudescence de groupes terroristes liés à Al-Qaïda, organisés autour de Iyad ag Ghali", relevait récemment un responsable français.
L’opération Barkhane, qui s’étend sur le Mali, la Mauritanie, le Tchad, le
Niger et le Burkina Faso, procède actuellement à une "montée en gamme" avec la
fin de la saison des pluies, a expliqué le colonel Steiger.
Quatre canons Caesar, d’une portée de 40 kilomètres, ont ainsi été positionnés fin octobre dans le nord du Mali.