Au gré des explosions de mines anti-personnel suivies d’attaques systématiques que l’on enregistre ces derniers jours dans le septentrion malien, on réalise un peu plus la paix précaire qui y prévaut. Ce n’est pas parce que les terroristes les plus radicaux y ont été chassés par l’opération Serval que la région a pour autant retrouvé sa tranquillité d’antan. Appréhendant le retour effectif de la paix comme une menace à leurs trafics cupides et à leurs sordides actions, des groupes criminels s’échinent à imposer l’anarchie et le chaos dans la région. A propos, ce n’est pas un hasard si les soldats onusiens de la Minusma sont des cibles privilégiées. L’armée régulière malienne ayant démontré son incapacité à faire face aux anarchistes qui écument le vaste no man’s land du nord, c’est aux casques bleus que s’en prennent les lâches assaillants. Manifestement, c’est l’annonce, il y a quelques jours d’un plan de redéploiement des troupes onusiennes, qui semble avoir irrité.
Minusma, cible privilégiée
Le moins qu’on puisse dire c’est que les groupes encore en action dans le nord du Mali n’ont pas apprécié l’ouverture d’une nouvelle base de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) à Menaka. Plus généralement, ils ont visiblement à cœur d’empêcher la mise en œuvre du nouveau plan de déploiement des soldats onusiens. Un plan destiné à mieux quadriller la région de manière à faire face aux groupes rebelles avec plus d’efficacité. Le ciblage des troupes onusiennes n’a donc rien à voir avec un quelconque nationalisme qui inciterait à s’attaquer davantage aux soldats venant d’ailleurs. Les enjeux sont d’ordre stratégique et économique. Si la Minusma monte en efficacité, ce sont les réseaux mafieux des rebelles qui seront désarticulés. Cela veut dire moins de trafics en tous genres, de rançons et d’arnaque contre les populations. Avec le projet de la Minusma, c’est donc l’existence même des groupes rebelles qui s’en trouve menacée.
Montée en flèche
Et c’est pourquoi depuis quelques jours, on assiste à une montée en flèche des attaques contre la mission onusienne et plus généralement contre toute présence étrangère dans la région du nord-Mali. Ainsi, le vendredi 4 novembre, c’est un convoi de soldats français qui avait marché sur une mine anti-personnel sur la route de Kidal. Un sous-officier du 515ème régiment du train de la Braconne en était mort, portant ainsi à 18 le cumul des pertes militaires françaises depuis le lancement de l’opération Serval en 2013. Puis, hier, un autre casque bleu dont l’identité n’a pas été révélée est décédé suite à une autre attaque ciblant un convoi de la Minusma. C’était au nord de la ville de Douentza. L’explosion de la mine ayant été suivie d’une une attaque armée contre les soldats onusiens, on annonce aussi des blessés.
Ansar Dine en embuscade
Au-delà de la menace particulièrement orientée contre les troupes onusiennes, ces attaques démentent de manière cinglante les informations qui, il y a quelques jours, faisaient était d’un cessez-le-feu de la part notamment d’Ansar Dine. En effet, le groupe d’Iyad ag Ghali avait explicitement revendiqué l’attaque contre le convoi français. Et il n’est pas exclu qu’il soit également derrière l’embuscade d’hier. En tout cas, le mode opératoire demeure le même. Par ailleurs, Ansar Dine est actuellement le groupe le plus actif dans la région. Il est celui qui a relativement survécu à Serval.