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Al-Baghdadi adoube al-Sahraoui : et maintenant ?
Publié le lundi 7 novembre 2016  |  wordpress.com
Abou
© Autre presse par DR
Abou Walid Sahraoui, porte-parole du Mujao
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La faction d’Al-mourabitoune conduite par Adnan Abuwalid al-Sahraoui a officiellement rejoint l’Etat islamique. L’agence de communication de l’organisation djihadiste en a fait l’annonce le 30 octobre dernier. La configuration djihadiste dans la région est ainsi redessinée. La sécurité des pays du Sahel plus que jamais fragile.

Suite à son différend avec Mokhtar Belmokhtar, Adnan Abuwalid al-Sahraoui a prêté allégeance à l’Etat islamique en tant qu’ « émir » d’Al mourabitoune. Il a fallu dix-neuf (19) mois au commandement central de l’Ei pour accepter sa nouvelle province dans le Sahara.

Dimanche 30 octobre, l’agence Amaq, l’un des canaux de communication de l’organisation djihadiste basé en Syrie et en Irak diffuse un communiqué et une vidéo faisant état de la « bâya » du groupe d’Adnan Abu Walid al-Sahraoui. Pourtant dans le discours prononcé le 02 novembre et dans lequel il galvanise ses troupes en vue de la bataille de Mossoul, al-Baghdadi ne fait pas mention de l’arrivée d’al-Sahraoui là où il évoque le Bangladesh. Mais pour le chercheur français Romain Caillet, auteur du blog Jihadologie sur Liberation.fr, ce silence d’Abu Bakr al-Baghdadi sur son nouvel allié ne signifie pas qu’il ne le reconnait pas. Le message du chef de l’Ei, décrypte le jihadologue, aurait pu être enregistré avant l’intégration officielle de la branche du Sahara dans le « Califat».

3 Nov
Romain Caillet ✔ @RomainCaillet
Fin de ce résumé, à noter que si la Tunisie, la Somalie et le Bangladesh sont évoqués, aucune nouvelle Wilaya n'est reconnue.
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Romain Caillet ✔ @RomainCaillet
D'ailleurs aucune référence n'est faite au Sahel, ni au Nord du Mali, ce qui laisse penser que l'enregistrement daterait de plusieurs jours.
00:42 - 3 Nov 2016
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De son vrai nom Lehbib Ali Ould Saïd Ould Joumani, Adnan Abuwalid al-Sahraoui est un djihadiste d’origine sahraouie. Il est né entre 1973 et 1979 à Lâyoune, au Sahara occidental, territoire que se disputent le Maroc et la République arabe sahraouie démocratique (RASD), proclamée par le Front Polisario en 1976 mais non reconnue par l’Organisation des nations unies (ONU). Marqué par ce conflit, le jeune Lehbib rejoint le front Polisario et sera formé à l’école militaire El Ouali avant de se reconvertir dans le commerce dans le nord du Mali. La branche radicale du salafisme étant bien implantée dans la zone avec le concours de groupes djihadistes à l’instar d’Al Qaïda au Maghreb islamique (ex-GSPC) de l’algérien Abdelmalik Droukdel, Ansar ad-dine du malien Iyad ag-Ghali ou encore le Mujao mis sur pied par le mauritanien Hamada Ould Mohamed Heirou, le commerçant y adhère en rejoignant le dernier groupe nommé qui perd en 2013 le contrôle de la ville de Gao, après l’entrée de l’armée française dans ce qu’il est convenu d’appeler la guerre du Mali. Néanmoins, il prend du galon et en devient le porte-parole. Lorsque le mouvement pour l’unicité et le jihad (Mujao) et la brigade d’alors de Belmokhtar connue sous le nom des « Signataires par le sang » ne font qu’un pour donner Al mourabitoune (les almoravides), Adnan Abuwalid al-Sahraoui devient l’un des principaux chefs. Position qu’il met à profit pour rejoindre l’Etat islamique le 13 mai 2015 mais ce dernier le fait poireauter pendant près de deux (02) ans.

Opération séduction

Durant cette longue période d’attente et de pourparlers, l’ancien porte-parole du mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) a donné la preuve qu’il a les moyens de représenter dignement Abu Bakr al-Baghdâdi dans le « Grand sahara ». Courant mai 2016, il menace d’attaquer le Maroc et la mission des nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso). Mais l’Etat islamique dans le grand Sahara ne fait son premier coup d’éclat qu’au mois de septembre 2016. Dans la nuit du 1er au 2 septembre, un poste de Douane est attaqué à Markoye, au Burkina. Un douanier burkinabé et un civil y ont péri. Adnan Abuwalid al-Sahraoui revendique l’assaut au nom de l’Etat islamique à travers l’agence de presse mauritanienne Al Akhbar. Mercredi 12 octobre, quatre (04) militaires burkinabè et deux (02) civils sont tués à Intangom, toujours dans le nord du Burkina Faso. Les six assaillants seraient des éléments de l’EIGS* comme le confie celui-ci à Alakhbar.info. Mais la plus importante attaque, c’est celle contre la prison nigérienne de Koutoukalé où sont incarcérés des djihadistes. Elle a eu lieu le lundi 17 octobre à l’aube. Menée par une dizaine d’hommes, révèle une source sécuritaire de RFI, l’offensive s’est avéré un échec. Elle a été repoussée par les forces nigériennes. Ces dernières ont affirmé avoir réussi à abattre un membre du commando. Dans le même temps, Adnan Abuwalid al-Saharaoui a reconnu la perte d’un « frère djihadiste » dans cette attaque qu’il a revendiquée sous la bannière de l’Etat islamique. Après cette série d’actions en un temps record (moins de deux mois), l’organisation islamiste armée n’avait plus de raison de continuer à ignorer sa « province » dans le grand Sahara comme le prédisait un journaliste spécialiste des mouvements djihadistes du Sahel contacté par veilleursn.

L’Etat islamique masque ses revers…

Toutefois, ça ne saurait être le seul facteur de l’officialisation de l’allégeance d’al-Sahraoui formulée depuis le 13 mai 2015. Ces derniers mois, l’Etat islamique enchaîne les défaites militaires aussi bien en Syrie, en Irak qu’en Libye et a besoin de nouvelles terres où pousser. C’est du moins l’avis du journaliste français David Thomson, chargé des questions djihadistes à RFI et auteur de l’ouvrage de référence « les Français jihadistes ».

Son analyse :

« La temporalité est celle de son échec régional et de la perte de son « Raqqa africain ». L’annonce de l’acceptation de l’allégeance d’Abdul Walid Sahraoui prononcée en mai 2015, coïncide en effet avec ses reculs majeurs en Syrie et en Irak mais surtout avec la fin de son expérience libyenne. Avec leur offensive lancée en mai, les forces gouvernementales de Misrata soutenues par les bombardements US, ont repris Syrte à l’EI qui désormais, n’administre plus aucun territoire en Libye. Or l’ancien bastion kadhafiste constituait la matrice de la stratégie d’expansion et de projection terroriste de l’EI en Afrique subsaharienne et au Maghreb, notamment en Tunisie. Pour continuer d’exister, maintenir son estampille dans la région, l’EI se repositionne donc au Sahel grâce à l’unité d’Abdul Walid Sahraoui dont on ignore la puissance ».

Al-Sahraoui restera si et seulement si…

Pour ainsi dire, l’insécurité qui prévaut au nord du Mali et dans les pays frontaliers (Niger et Burkina Faso) risque d’aller crescendo avec ce quitus délivré par l’Etat islamique au djihadiste sahraoui.

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Mamadou Toure @baydou
Je ne comprends pas le laxisme de l'Etat malien, #Berkhane et la #Munisma. Avec EI, la situation sera pire qu'avant l'intervention FR. #Mali https://twitter.com/e_night_watch/status/793797645110157312 …
13:47 - 2 Nov 2016
7 7 Retweets 1 1 j'aime
Connaisseur reconnu des groupes djihadistes qui sévissent dans la bande sahelo-saharienne, le journaliste mauritanien Lemine Ould M. Salem voit Lehdib Ould Ali Ould Saïd Ould Joumani décupler les attaques après qu’il a eu gain de cause. Ce, continue l’auteur de « Le Ben Laden du Sahara: Sur les traces de Mokhtar Belmokhtar », pour prouver qu’il mérite son intégration au sein de l’Etat islamique. David Thomson ne dit pas le contraire.

« Pour construire sa légitimité et consolider son empreinte médiatique, ajoute-t-il, il (al-Sahraoui) va sans doute tenter des attaques spectaculaires d’autant qu’il se pose en concurrent direct d’Aqmi (Al Qaïda dans le maghreb islamique). Il plante le drapeau de l’EI en plein milieu du pré-carré historique de son ancien émir Mokhtar Belmokhtar devenu son rival. Il va jusqu’à prendre le même nom pour sa brigade : « Al mourabitoune ». C’est une déclaration de guerre. »

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David Thomson ✔ @_DavidThomson
L'Etat islamique confirme officiellement sa présence au nord du #Mali
20:46 - 30 Oct 2016
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Aqmi vs EIGS

En tout cas, celle des mots est en d’ores et déjà en cours. Pour illustration, le 31 octobre dernier, c’est-à-dire 24 heures après l’adoubement Abuwalid al-Sahraoui comme nouveau bras armé de l’Ei au Mali, Al Qaïda au Maghreb islamique a diffusé une vidéo (filmée le 21 septembre 2016) du roumain Lulian Ghuergut, enlevé le 04 avril 2015 dans le nord du Burkina Faso par Al mourabitoune. Rapt qui avait été d’ailleurs revendiqué par un certain…Adnan Abuwalid al-Sahraoui. C’est dire que le divorce est consommé entre le djihadiste et ses anciens frères. « C’est une rupture des liens officiels », acquiesce Lemine Ould M. Salem. « Mais la proximité qui a toujours prévalu entre al-Sahrawi et Aqmi pourrait favoriser le maintien d’une certaine relation », temporise le journaliste/écrivain.

Dans le Sahel, les alliances entre djihadistes se font et se défont au gré des humeurs. En 2011, Ould Mohamed Heirou a pris ses distances avec Aqmi pour ensuite créer le mujao. De même, Mokhtar Belmokhtar s’embrouille avec sa tutelle (Aqmi) et bâtit l’unité des « Signataires par le sang » qui reste toutefois attaché à l’idéologique d’Al Qaïda. Ces frustrés d’Aqmi se regroupent pour donner naissance à une nouvelle entité, Al mourabitoune. Trois années plus tard, Belmokhtar et sa suite reviennent à de meilleurs sentiments. Pour célébrer leurs retrouvailles, Aqmi et Al mourabitoune commettent des attaques au Mali, au Burkina Faso et en Cote d’Ivoire.

*L’Etat islamique dans le grand Sahara, nom que s’est attribué le groupe séditieux d’Al Mourabitoune ayant fait allégeance à Al Baghdadi.
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