Parmi les ressources de l’environnement se trouve en bonne place la faune. Au jour d’aujourd’hui, le patrimoine faunique fait l’objet d’une destruction systématique. Un constat simplement triste.
Le développement durable qui focalise tous les discours passe inexorablement par la protection de l’environnement et la gestion des ressources naturelles. L’environnement subit de nos jours une dégradation exponentielle et les ressources naturelles sont au bord de l’épuisement. En un siècle 62 % desdites ressources ont été exploitées et face à ce danger vers lequel court l’humanité, aucun sursaut, pire une désinvolture coupable.
Le Mali était naguère un pays cité en exemple pour sa faune aussi variée que dense, qui évoluait dans des écosystèmes aussi luxuriants dans le Sud et l’ouest du pays que rudes dans le Nord.
Le Mali, il y a encore une cinquantaine d’année, comptait 136 espèces animales recensées.
Aujourd’hui force est de constater que par le fait de l’homme, la faune a subi une pression dangereuse. Les feux de brousse, les défrichements intempestifs, la transhumance et le braconnage pratiqués avec une permissivité relative souvent liée, il faut le reconnaître, au manque de moyens des agents forestiers, sont les facteurs majeurs de la dégradation des ressources fauniques du pays.
De nos jours quatre (4) espèces importantes ont complètement disparu (addax, oryx, autruches, girafes). De nombreuses autres espèces sont en voie de disparition ou gravement menacées : les Elands de derby, les buffles, les chimpanzés, les hippopotames que l’on voyait encore à Bamako, il y a quelques années etc.
La culture du coton est si intensive et la recherche du profit si importante que les cotonculteurs n’ont d’autre réflexe que de se faire plus d’espaces cultivables en diminuant d’autant l’espace vital de la faune. Cela les amène inévitablement à couper les arbres, et à défricher, réduisant d’autant l’espace nécessaire à la survie des animaux. Une destruction aussi massive de l’environnement aura peu ou prou pour conséquence, la raréfaction des ressources conduisant inéluctablement à des conflits communautaires ou à des migrations conflictuelles.
La tenue à Bamako d’une conférence des experts de la faune avait sonné l’alerte sur ce grave problème mais la population y est restée sourde car elle n’est pas consciente des effets néfastes pour les générations futures.
La future réserve de biosphère du Bafing qui recèle encore des souches d’espèces rares devrait être classée par l’UNESCO. Elle attire désormais moins de curieux que la cité mystérieuse de Tombouctou ou le Deegal, car elle a été grandement amputée de sa faune et de sa flore par une gestion désastreuse des ressources naturelles au cours des 15 dernières années
Toutefois, l’importance de cette région du Bafing reste inestimable quand on sait qu’elle possède l’écosystème le plus varié de notre pays et qu’elle peut servir de support à des activités très diversifiées. Ainsi, par exemple, sait-on que l’écotourisme apporterait des revenus économiques plus importants que la culture ?
Regardons nos frères Burkinabés qui ont commencé cette politique il y a prés de 20 ans ! Aujourd’hui le Burkina Fasso est une destination incontournable pour le tourisme cynégétique international. Le Kenya, le Zimbabwe, l’Afrique du Sud quant à eux, tirent prés de la moitié de leur PIB des ressources de l’écotourisme. Pourquoi pas le MALI ?
La chasse est autorisée au Mali. Elle est réglementée de manière stricte.
Ainsi, il faut également se munir d’un permis de chasse et s’acquitter de la taxe d’abattage pour pratiquer la chasse. Vue sous cet angle, la chasse est porteuse en ce sens qu’elle engrange des ressources pour l’économie nationale.
Cependant, il faut vite déchanter car sur le terrain, la pratique est tout autre. Ainsi, par exemple, deux lions, animaux de plus en plus rares, ont été abattus il y a quelques années dans le Bafing par un chasseur sur la simple recommandation d’un berger dont le troupeau qui se trouvait dans une réserve de faune officiellement classée, avait été attaqué !
De même, l’hippopotame est agressé par les pêcheurs dans des zones censées être son habitat. Les autruches et les girafes d’Ansongo se sont déplacées vers le Niger parce que sans cesse oppressées par les chasseurs, le Lamentin est harcelé parce que sa graisse recèle des vertus médicinales alors que c’est une espèce mondialement protégée car devenue extremment rare.
Tous ces facteurs cumulés détériorent l’environnement et son habitat, ils nuisent gravement à la survie des espèces et contribuent ainsi à leur disparition à court terme.
Dans tous les cas, la menace est là, et il importe de prendre conscience pour que nos enfants ne soient pas condamnés à voir l’éléphant ou le lamantin dans les livres. Car déjà c’est presque le cas dans la mesure où le Parc Zoologique n’offre plus grand-chose aux visiteurs.