C’est avec angoisse et une très vive émotion que j'aborde cette énième élection communale qui intervient dans un contexte assez bizarre et dans un environnement assez pollué. En tous les cas, je souhaite à mon pays des élections de proximité apaisées, transparentes, crédibles et acceptées par tous. Nous savons tous le défi majeur que représente pour la jeune démocratie malienne, les enjeux électoraux de ces élections de proximité, les premières que le régime IBK aura organisées.
Selon la gestion qui sera faite des ces élections au plan politique comme au plan administratif, la démocratie malienne pourra en sortir renforcée, ou au contraire, elle pourra connaître un net recul ou même disparaître. Dans la seconde hypothèse, le grand perdant, ce ne sont pas les partis politiques, encore moins les candidats (politiques ou indépendants) ou les cadres administratifs qui les auront organisées, mais c’est le peuple malien, et en premier lieu, les paysans, les éleveurs, les pêcheurs, les petits artisans et les commerçants, bref ceux pour qui chacun se présente.
Il est donc permis de penser que ces élections de proximité, qui doivent doter nos 703 communes de nouveaux élus soucieux de la promotion du développement à la base, seront un test ou un indicateur pour apprécier le régime IBK. La nouvelle loi électorale est un pas de géant dans l'assainissement des campagnes électorales car elle influencera positivement ces élections, sinon dans les résultats ou du moins, et c’est là l’essentiel, dans leur environnement politique, socio-économique et culturel.
Nous souhaitons qu'au soir du 20 novembre sortent des vrais vainqueurs comme des vrais vaincus qui se féliciteront et accepteront de gérer ensemble dans un gentleman agreement nos mairies au bénéfice exclusif des populations. Il nous faut donc des élections communales transparentes, équitables, crédibles, à l’opposé des législatives au goût amer et inachevé.
Après les compétitions, j'espère que les nouveaux sauront se défaire, l'espace de la mise en place du bureau communal, de l’appartenance à un Parti politique pour penser commune dans son intégralité. J'espère que les nouveaux élus sauront faire preuve de patriotisme, de plus d'intégrité, de probité morale et de hauteur d'esprit pour se hisser à hauteur de souhait et d'espérance.
Les grands partis, que sont l’ADEMA-PASJ, le RPM et l’URD, se doivent de veiller scrupuleusement au renforcement de notre jeune démocratie. En jouant francs et en éduquant leurs militants et électeurs. Ces partis-ci ont une lourde responsabilité historique qu'ils doivent assumer ensemble en dépit de leurs divergences temporaires. Ils se doivent d'assumer cette responsabilité qui est beaucoup plus noble que la recherche de strapontins dans le gouvernement, dans les différents compartiments de l'administration publique ou dans les organes décisionnels de l’Assemblée nationale.
Notre démocratie a déjà pris un sérieux coup en 2012 qui a failli l'enterrer. L’objectif essentiel de la démocratie, gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, c’est la prospérité de l’ensemble du peuple, c'est-à-dire l’accroissement durable de la production et la répartition équitable des richesses, des biens et des services.
Cet objectif est beaucoup plus difficile à atteindre que la lutte pour l’instauration du multipartisme, même si celle-ci se fait le plus souvent dans un bain de sang. Une démocratie solide doit avoir un impact significatif sur les conditions de vie des populations. Dans le cas contraire, elle s'écroule des assauts du premier soldat soûlard armé.
Dans ce genre de situation, la responsabilité des politiques est toujours plus grande. Alors, nous nous devons de bien réfléchir avant de choisir celles ou ceux à qui nous allons donner le pouvoir de décider et d’orienter des actions qui doivent contribuer efficacement à notre mieux-être. En d'autres mots, des gens heureux à qui nous allons confier notre destin pendant cinq (5) longues années.
Les élections participent à l'ancrage de la démocratie et chaque citoyen, chaque militant, chaque génération doit s’y investir. Il est donc impérieux que les militants du RPM, de l’ADEMA-PASJ et de l’URD sachent mettre l’intérêt du pays au-dessus de l’intérêt personnel, de leur parti, si tant est que tous les Maliens, sans considération de partis politiques, d'ethnie, de statut social, d'origine géographique, se battent pour l'honneur du Mali et le bonheur des Maliens.
Honorable Yaya Sangaré
Député à l’Assemblée nationale