Le président de la commission José Manuel Barroso a annoncé des appuis substantiels pour les opérations militaires en cours, l’aide humanitaire, l’appui budgétaire
Au deuxième jour de sa visite du travail à Bruxelles, le Premier ministre Diango Cissoko a été l’invité à déjeuner du député européen, le Belge Louis Michel. L’ancien commissaire européen au développement a annoncé qu’il viendra dans notre pays début mars et a promis de mobiliser le parlement européen sur le dossier du Mali.
Le chef du gouvernement a été reçu ensuite par le vice-Premier ministre belge et ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders. Entouré de leurs proches collaborateurs, les deux personnalités ont eu une séance de travail à l’issue de laquelle Didier Reynders a rappelé que son pays soutient l’opération française Serval au Mali en fournissant des avions de transport de troupes et des hélicoptères médicalisés. « Nous participons aussi à la formation que l’Union européenne s’apprête à donner à l’armée malienne. Notre soutien va aussi au dialogue politique pour la réconciliation nationale et l’organisation des élections », a souligné le dirigeant belge qui a confirmé que son pays avait décidé de reprendre sa coopération interrompue suite au coup d’Etat du 22 mars 2012. Didier Reynders était d’ailleurs venu à Bamako la semaine dernière pour annoncer la bonne nouvelle.
En réponse, Diango Cissoko a salué l’intérêt que la Belgique porte à notre pays. « Nous sommes très sensibles à votre appui. Nous savons l’effort que vous fournissez au plan diplomatique pour faire avancer le dossier du Mali au niveau de l’Union européenne », a indiqué le Premier ministre qui a assuré de l’engagement de son gouvernement à organiser les élections avant le 31 juillet prochain.
Après avoir pris congé du chef de la diplomatie belge, le Premier ministre Diango Cissoko a mis le cap sur le siège de l’Union européenne où l’attendait le président de la commission José Manuel Barroso. Une séance de travail a réuni les deux dirigeants entourés de leurs proches collaborateurs.
Diango Cissoko et José Manuel Barroso se sont ensuite prêtés aux questions de la presse. Le président de la commission de l’Union européenne a rappelé que notre pays est confronté à une crise qui met en péril son unité. Mais cette crise, a-t-il ajouté, ne concerne pas que le Mali. C’est pourquoi la communauté internationale doit se mobiliser aux côtés de notre pays pour l’aider à sortir de cette situation difficile, a-t-il plaidé. « J’ai réitéré au Premier ministre que l’Union européenne est prête à intensifier son appui », a-t-il indiqué. Il a annoncé le lancement de la mission européenne de formation en faveur de l’armée malienne, une aide logistique et financière (à hauteur de 50 millions d'euros, 33 milliards de Fcfa) à la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine. Il a révélé aussi l'adoption d'une assistance initiale de 20 millions d'euros, 13 milliards de Fcfa, pour l'aide humanitaire au Mali en 2013, la reprise graduelle de la coopération au développement (250 millions d'euros, 164 milliards de Fcfa, y compris l’appui budgétaire, en cours de préparation). Le président de la Commission de l’Union européenne a informé également du lancement immédiat d'actions à impact rapide dans des domaines variés à travers une enveloppe de 20 millions d'euros (13 milliards de Fcfa) qui vient d’être approuvée vendredi dernier.
Pour José Manuel Barroso, l’Europe doit aider l’Etat malien à exercer son autorité sur toute l’étendue du territoire. Pour cela, a-t-il souligné, après les opérations militaires, il faudra passer à la phase de la reconstruction. L’Union européenne prévoit, par conséquent, d’organiser vers la mi-mai 2013 une conférence internationale sur la reconstruction du Mali. « Le peuple malien peut compter sur l’Europe. L’histoire et la culture du Mali ont beaucoup donné à l’humanité. C’est le moment pour le monde entier de le lui rendre », a souligné le président de la Commission de l’Union européenne pour qui le dialogue politique et la tenue d’élections crédibles sont indispensables à la stabilisation de notre pays. « Il est important que les prochaines élections présidentielle et législatives annoncées pour le mois de juillet, ainsi que la création d’une Commission nationale de dialogue et réconciliation, soient autant d’opportunités pour unifier le pays et le peuple malien », a souhaité José Manuel Barroso.
Pour sa part, Diango Cissoko a remercié le président de la commission pour la marque de solidarité dont l’Union européenne fait montre à l’égard de notre pays, avant de rappeler que l’Europe a toujours été un partenaire de poids pour le Mali dans ses actions de développement. Diango Cissoko s’est réjoui de l’initiative de l’Union européenne d’organiser une conférence internationale sur notre pays, estimant qu’elle renforce l’engagement de l’Europe aux côtés du Mali. L’aide d’urgence, a préconisé le Premier ministre, doit être consolidée par l’appui au développement. « Cette conférence internationale sera l’occasion de jeter les bases de la réconciliation nationale et la relance de notre économie ». Il a expliqué que l’organisation des élections pour installer un régime constitutionnel normal, ainsi que la réconciliation nationale, constituent aujourd’hui les aspirations de l’ensemble des Maliens.
Répondant à une question sur les tensions au sein de notre armée au moment où les formateurs européens débarquent dans notre pays, Diango Cissoko a assuré que les frictions entre militaires appartiennent désormais au passé.
Avant de quitter la capitale belge pour Paris où il est arrivé hier, le chef du gouvernement a rencontré le commissaire européen au développement Andris Pielbags. Après leurs entretiens, le dirigeant européen a rappelé la reprise de la coopération européenne et assuré de l’appui de l’Union européenne pour que l’Etat malien puisse pleinement jouer son rôle partout sur le territoire national.
Dans la capitale française, le chef du gouvernement doit rencontrer le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, le secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie Abdou Diouf et la conseillère Afrique de François Hollande, Mme Hélène Le Gal.