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Conférence d’entente nationale: Les limites d’un rendez-vous manqué d’avance
Publié le jeudi 10 novembre 2016  |  Le Républicain
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La conférence d’entente nationale prévue avant la fin de l’année laissera les gens de Mopti sur leur faim car ne répondant pas à l’appel au secours des populations du delta central. Mais la domination progressive des terroristes n’est pas la seule plaie béante de la République. Malheureusement, la rencontre devant être présidée par l’ancien ministre Baba Hakib Haïdara avant la fin de l’année ne serait pas à la hauteur des attentes, contrairement aux concertations nationales.

La conférence d’entente nationale n’est autre qu’une réunion visant à valider le contenu de l’accord d’Alger. Hors, cet accord souffre de graves imperfections qui sautent à l’œil. Rien que dans la région de Gao, la population voit d’un mauvais œil la remise en scelle programmé de certains parmi ceux qui ont violé, pillé et assassiné des leurs en 2012.

Le visage austère de Mahamadou Djeri Maïga lisant tranquillement le communiqué confirmait le week-end dernier le retour de la CMA à Gao, malgré la révolte qui couve à travers le soulèvement des jeunes de la ville. Il y a un vide que l’accord de paix n’arrivera pas à remplir. Et on se demande quelle paix sera ainsi construite sur un fond d’impunité dans la localité.
Kidal qui est le cœur battant de la crise au Nord du Mali est loin d’être à l’abri de troubles provoqués par les enjeux politiques de l’accord.

Au contraire, le clivage ethnique risque de s’accentuer autour du contrôle de la cité des Ifoghas que les tribus Touareg tentent de régler dans le sang, les affrontements intercommunautaires. Là encore, il faudra aller au-delà de l’accord pour aplanir les divergences entre la tribu Ifoghas et leurs rivaux Imghad.
L’urgence pour le Mali est de venir à bout de l’influence grandissante des groupes terroristes qui ont fait le choix de ne pas rentrer dans l’accord d’Alger. Des analystes estiment que la conférence d’entente nationale pourrait passer à côté. «Des jeunes du Macina sont en train de joindre Ansar Dine parce qu’ils se sentent abandonnés.

La conférence d’entente nationale ne prend pas en compte les questions de ce genre », analyse un observateur. En fin, il y a toutes ces questions liées à la gouvernance que des organisations de la société civile et des partis politiques soulèvent. L’état défaillant du système de défense du pays, malgré l’augmentation du budget de l’armée et la loi de programmation militaire, est un problème que les Maliens voudraient bien résoudre dans le cadre d’une conférence. Mais la conférence d’entente nationale ne va pas régler le problème. Le soutien de tous les Maliens, de la majorité comme de l’opposition, de la société civile dans les villes comme en milieu urbain, à notre armée est total. A cet effet, nombreux sont les Maliens convaincus de la nécessité d'un débat sur l'état réel des FAMAS.

Par ailleurs, la corruption n’est pas à l’ordre du jour de cette conférence d’entente nationale sur laquelle les forces vives de la nation n’ont aucune prise. Tout porte à croire que ce sera un rendez-vous manqué. Les choses devraient changer au Mali après la tenue de cette conférence dont les retombées doivent être politiques et sécuritaires, mais les forces vives sont sceptiques.

Soumaila T. Diarra
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