Koulouba a la nette impression que les récentes attaques perpétrées à Bamako et environs sont «quelque choses d’organiser». Comme pour dire qu’au-delà du pillage des banques et magasins, se cache un objectif beaucoup plus pernicieux. Et quel objectif ?
«Nous reconnaissons qu’il y a une recrudescence de l’insécurité et nous avons quelques difficultés… Nous avons même l’impression qu’il s’agit de quelque chose d’organiser…».
C’est en substance ce qu’a déclaré le Directeur de la Communication de la Présidence de la République à la faveur de la 10ème édition de « Rendez-vous avec Koulouba» hier Mercredi à la «Maison de la Presse».
Selon le Conférencier, les attaques se ressemblent. Il exclut cependant qu’elles soient l’œuvre de l’ex-rébellion séparatiste dans la mesure où les acteurs concernés se sont abstenus de toutes offensives depuis la signature de l’Accord de paix.
Mais qui sont-ils et que veulent-ils ? Le Conférencier a préféré esquivé la question estimant que les spécialistes sont d’ores et déjà à pied d’œuvre en vue d’en savoir davantage.
Force est de reconnaître qu’il a presque tout dit en affirmant qu’il s’agit de «quelque chose d’organiser». Autrement dit, les attaques en question sont organisées dans un but bien précis. Et puisqu’il ne s’agit nullement des éléments de l’ex-rébellion lesquels ont mis leurs revendications en veilleuse, quel peut-être l’objectif recherché par les mystérieux assaillants ? Compromettre la tenue du Sommet Afrique-France, l’organisation des élections communales ou tout simplement mettre en mal le régime politique en place ?
Bien entendu, le Conférencier qui ne semble pas né de la dernière pluie ne s’est pas aventuré sur ce terrain. Mais sa petite phrase l’avait déjà trahi puisqu’évoquant l’idée d’un complot.
Il faut bien l’admettre : des éléments et non des moindres militent bien en faveur de cette assertion.
Des œuvres de déstabilisation ?
Les attaques de Sanankoroba, Simparala, Kalifabougou et aujourd’hui Banamba, ont presque toutes quelque chose en commun : Leurs auteurs, susceptibles d’être les mêmes ou en groupes séparés avec des zones de prédilection bien définies et en contact permanent, sont des professionnels dans le maniement des armes de guerre. Il ne s’agit donc pas de bandits ordinaires. Nous écrivions ceci à propos, dans notre précédente livraison :
«Les assaillants sont des professionnels, pas seulement dans le maniement des armes, par surcroit de guerre ; mais dans leurs faits et geste marqués par un sang-froid hors du commun et la connaissance parfaite du terrain, de l’environnement et des habitudes. Ils savent qu’une opération de cette nature a toutes les chances de réussir en l’exécutant à un endroit et moment où l’on si attend le moins. Vous avez dit effet surprise ?
Dans les précédentes opérations à Sanankoroba, Simparala et Kalifabougou, ils ont fait preuve du même sang-froid et mieux ou pis : ils ont mis en œuvre une véritable stratégie guerre relative à l’assaut et à la couverture. Et passons sous silence la nature de leurs armes : des AK 47 communément appelés Kalachnikovs, l’arme individuelle de guerre la plus utilisée et la plus redoutable au monde…
Ces détails ne suffisent cependant ni à les assimiler à des militaires ni à exclure cette hypothèse. Pour les besoins de la cause, ils peuvent avoir suivi une formation adéquate comme dans le cas des recrus jihadistes. Aussi, il existe à l’heure actuelle au Mali, de nombreux militaires et policiers radiés de l’effectif et ce, depuis le coup d’Etat de Mars 2012. Si l’on ne peut exclure aucune piste, il reste cependant évident qu’il s’agit de professionnels aguerris».
Aussi, tout porte à croire qu’il ne s’agit pas d’étrangers au regard de leur parfaite connaissance des milieux dans lesquels ils évoluent. Ajouter à cela leurs cibles : des banques et personnes fortunées, des symboles de l’Etat… Tout le reste est épargné : les pauvres, les motocyclistes Jakarta, les simples passants, à l’exception des victimes collatérales atteintes par des balles perdues. C’est dire qu’ils ont bien un objectif préétabli et un programme planifié.
Une jonction d’avec les jihadistes ? L’hypothèse n’est probante quand bien même ils ont quelques fois lancé le cri de guerre «Allahbkar» (Banamba, Sanankoroba). Ce, dans la mesure où les vrais jihadistes sont d’abord soucieux de montrer leur dédain des biens de la vie ici-bas. Mais les nôtres pillent banques et boutiques, s’attaquent à de puissants opérateurs économiques… Et détail assez indicatif : ils ne revendiquent presque pas. Le jihadiste, pour des raisons de publicité, revendiquent toujours et donnent des précisions en guise de preuves. Qu’à cela ne tienne, un accord avec les groupes jihadistes est bien possible mais avec des visions et projets différents.
En clair, nos assaillants ont bien un objectif. Et il n’est guère idéologique (jihadisme) encore moins séparatiste (territorialiste). Alors ?