S’il y a un dossier sur lequel les Maliens ont voté massivement pour le président Ibrahim Boubacar Kéita lors de la présidentielle de 2013, c’est bien celui du nord du Mali. Mais, malheureusement, trois ans après, cette région reste un Far West dont le contrôle échappe toujours au pouvoir en place.
Après la conférence de presse de l’opposition du jeudi 3 novembre 2016 où elle n’a pas manqué de dénoncer «la politique de l’autruche du président IBK par rapport à la gestion du nord du Mali», c’est autour du ministre français de la Défense d’exhorter le chef de l’Etat du Mali à aller dans le sens de la paix.
Lors d’une émission sur une télévision française (iTELE) dimanche dernier, M. Jean-Yves Le Drian a cru bon d’appeler le président IBK à prendre les «initiatives nécessaires» pour faire avancer la paix dans le nord du Mali, toujours instable.
«Je répète régulièrement au président Ibrahim Boubacar Kéita qu’il faut prendre les initiatives nécessaires pour assurer l’intégration des peuples du nord dans la communauté malienne», a-t-il déclaré lors de l’émission hebdomadaire «Grand rendez-vous» (Europe 1/Les Echos/iTELE).
«Il importe que les Maliens prennent à bras le corps leur propre sécurité. Cela passe aussi par des initiatives politiques», a-t-il martelé.
Un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes a été signé en mai-juin 2015, mais son application accumule les retards. Le ministre français de la Défense a profité de cette tribune pour justifier l’intervention française au Mali en 2013 puis l’opération Barkhane (4.000 hommes), mise en place un an plus tard dans cinq pays du Sahel pour traquer les groupes terroristes.
«En l’occurrence c’est notre propre sécurité que nous assurons. Si, demain, il y avait de nouveau dans cette partie de l’Afrique reconstitution de groupes terroristes avec une ampleur significative, c’est notre sécurité qui serait en cause», a-t-il estimé. Sans l’intervention française Serval au Mali en 2013, «il y aurait aujourd’hui un Etat terroriste du côté de Mossoul et Raqa et un Etat terroriste en Afrique… Il fallait donc intervenir. Nous avons réussi l’opération. Ça a été un succès», a-t-il défendu.
«Les groupes qui se reconstituent ne sont plus dans la stratégie d’occuper des territoires. Ils n’en ont plus les moyens parce que notre action a permis de juguler leurs prétentions. Mais, il y a toujours des noyaux qui veulent se reconstituer et contre lesquels il faut agir avec une très grande fermeté», a conclu Jean-Yves Le Drian.