La mise en place des autorités intérimaires dans les régions Nord du Mali provoque une nouvelle tension au sein des populations locales. En effet, à Tombouctou, Gao et Ménaka, l’on assiste à une véritable levée de bouclier au moment où le gouvernement veut procéder à l’installation de ces autorités.
Ainsi, dans une déclaration dite « Déclaration de Gao », plusieurs membres de la société civile ont, au nom des populations de la cité des Askia, rejeté en bloc la mise en œuvre des autorités intérimaires du 1er au 10 novembre. Les signataires de la déclaration dénoncent « une injustice du gouvernement envers la région de Gao, une injustice envers les communautaires sédentaires qui représentent la majorité de la population… ». Bref ! À Gao, Tombouctou et Ménaka, le sentiment qui prévaut actuellement est le même : INJUSTICE!
Ce qui nous renvoie à une analyse de notre compatriote, Dr Sory Ibrahim Sako, que nous avions publié dans nos colonnes au lendemain de la signature de l’accord de paix (15 mai 2015). Dr Sako écrivait ceci : « Azawad, Azawad… Il n’y a qu’à voir sur le terrain les réactions des populations, leurs aspirations profondes, leur attachement sans faille à la République du Mali pour comprendre que le combat des ennemis des forces rétrogrades est voué à l’échec ! Ils revendiquent un territoire qui ne correspond à aucune réalité historique. Alors, pourquoi on ne prend pas en compte les 15 millions de Maliens qui ont toujours vécu dans l’harmonie, la paix ?
Pourquoi vouloir tout ramener aux caprices, surenchères, illusions d’une toute petite minorité de bandits armés terroristes, alliés de djihadistes obscurantistes, criminels, narcotrafiquants, barbares, voleurs, pilleurs et violeurs d’Aqmi, d’Ançardine et du Mujao ? ».
Cette réflexion est aujourd’hui d’actualité. En effet, dans toutes les trois régions, excepté Kidal, les populations refusent justement de se soumettre au diktat de cette racaille qui a déstabilisé le Mali. Le rejet des autorités intérimaires en est une illustration parfaite.
Aussi, la mise en œuvre de ces autorités dans le nord constitue une nouvelle poudrière qui risque d’exploser à tout moment. Or, le gouvernement, à force de bricoler, se trouve coincé entre le marteau des rebelles de la CMA et l’enclume des populations sédentaires.
C H Sylla