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EUTM Mali : Le ras le bol des interprètes
Publié le jeudi 10 novembre 2016  |  Le Pays
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Ne dit- on pas chez les bambara qu’une chèvre torturée finit toujours par mordre ? Depuis trois ans, les interprètes maliens travaillant pour le compte de la mission de formation de l’Union Européenne (EUTM), vivent le calvaire. Exploités dans leur propre pays par la société Relation Main d’Œuvre (RMO), ignorés par l’EUTM et abandonnés par leurs autorités, les interprètes de L’EUTM ne savent plus à quel sein se vouer… Retour sur une escroquerie organisée.

Les faits

En 2013, l’EUTM arrivait au Mali avec une mission bien précise : la restructuration de la nouvelle armée malienne. Pour mener à bien cette mission, l’EUTM avait besoin d’interprètes, indispensables aux formateurs. Ainsi, a-t-elle procédé au recrutement d’un grand nombre d’interprètes à travers RMO, une société de recrutement basée à Bamako. Mais, la joie de ces interprètes recrutés ne fut que de courte durée. Car, leurs conditions de travail sont devenues le dernier souci de l’EUTM. Depuis 2013, cette mission de formation européenne pour la restructuration de la nouvelle armée malienne maltraite les interprètes avec la complicité ourdie de RMO Mali qui a d’abord fait signer aux interprètes un contrat d’essai de trois mois qui a été renouvelé à plus de trois fois, puis un contrat temporaire qui a été converti en contrat journalier sans consulter le cocontractant c’est-à-dire les interprètes. Tout se décide entre EUTM Mali et RMO Mali en violation flagrante de la loi et au grand désespoir des employés.

Ne supportant plus l’injustice à ciel ouvert, les interprètes ont décidé de rentrer en contact avec la maison de sous-traitance, c’est-à-dire RMO Mali qui les a tout simplement renvoyés vers l’EUTM. Voyant qu’ils ne gagneront pas gain de cause, ils se sont confiés aux bons soins de l’Inspection du travail de Koulikoro en 2015. Là également, la déception fut très grande ! L’Inspection du travail s’est révélée être la mauvaise porte pour les interprètes. En effet, ils ne réussirent qu’un grand silence comme réponse.

Les braves interprètes se trouvent donc abandonnés de tous, même des autorités maliennes. Toutes les autorités militaires qui ont visité le camp d’entrainement sont imprégnées de la situation mais ferment les yeux sur là-dessus, à commencer par le Chef suprême des Armées et son Chef d’état-major Général.

Le Collectif des interprètes interpelle alors l’EUTM Mali et les plus hautes autorités du Mali à prendre toutes leurs responsabilités face à cette situation qui n’a que trop durée et souhaite vivement que justice soit faite.

Faudrait –il rappeler que le succès de cette mission de formation n’a été possible que par l’apport des assistants linguistiques (interprètes) ? Tout comme les soldats, ils sont exposés à toutes sortes de risques (morsures de serpents, incidents de tir…), travaillant ainsi dans des conditions extrêmement difficiles sans prime de risque.

Contrairement aux militaires maliens et instructeurs européens, les interprètes ne portent pas de boot, ni gilet para balle et encore moins de casque lourd alors qu’ils évoluent tous ensemble en brousse comme au champ de tir depuis plus de trois ans. En lieu et place d’une reconnaissance, les interprètes ont plutôt vu leur salaire réduit à moitié de façon unilatérale par RMO Mali de formation en formation. Au cours des recyclages dans les différentes régions militaires notamment Ségou, Sikasso et Kati, ils sont informés à moins d’un jour de la formation et leur triste sort se trouve entre leurs mains en termes de logements, de restauration et de déplacement, pire encore sans aucun per diem.

Jusqu’à quand, les agents recrutés par RMO Mali continueront-ils de décrier le mauvais traitement dont ils sont objet. Profitant de la situation de chômage généralisée, RMO Mali se forme un empire sur le dos des jeunes maliens désespérés en quête de travail.v
Amadingué Sagara
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