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Erwan Borhan Davoux, responsable des français de l’étranger dans l’équipe de campagne d’Alain Juppé : «La France devait associer ses partenaires européens dans l’opération Barkhane au lieu d’intervenir seule sur le terrain»
Publié le samedi 12 novembre 2016  |  Aujourd`hui
Serval
© AFP par Byline
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Dans un entretien qu’il a bien voulu nous accorder, Erwan Borhan Davoux, candidat aux élections législatives 9ème circonscription des Français établis hors de France et responsable des Français de l’ étranger dans l’équipe campagne d’Alain Juppé, évoque la politique africaine de l’ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, candidat aux primaires de la droite française. L’intervention française en Libye, le maintien de la force Barkhane au Mali, divergence ou convergence de vues entre les candidats aux primaires, sont autant de sujets abordés lors de cette interview.

Aujourd’hui-Mali : Quel est l’objet de votre présence au Mali ?

Erwan Borhan Davoux : Je suis au Mali à l’invitation de Jean Louis Arajol, délègue de “Les Républicains” au Mali et du conseiller consulaire Michel Darwiche pour participer aux débats de notre famille politique, à savoir la droite française. J’en ai profité pour rencontrer des membres de la communauté française, des Franco-Maliens, afin de présenter mon programme pour les élections législatives, tout en leur promettant que je reviendrai afin d’apporter des réponses aux questions qui m’ont été posées. Le Mali est un pays qui compte beaucoup pour moi, un pays avec lequel la France entretient des relations d’amitié, de fraternité.

Vous êtes aussi le responsable des Français de l’étranger dans l’équipe de campagne d’Alain Juppé. A ce titre, est-ce que vous pouvez nous expliquer la politique africaine de votre candidat et plus particulièrement pour le Mali ?

Le constat que je fais maintenant, c’est que la France n’a plus présentement de politique africaine, elle n’a plus de vision à long terme. C’est vrai que François Hollande a décidé d’engager les troupes pour arrêter l’avancée djihadiste car la situation d’urgence le nécessitait.

A la droite, nous avons approuvé cette démarche du Président Hollande. Mais cette intervention militaire ne peut tenir lieu de politique africaine. Je suis sûr que quel que soit le candidat de la droite qui va venir à l’Elysée en 2017 et naturellement je souhaite que ce soit Alain Juppé, il faudrait une nouvelle politique africaine fondée sur les liens qui sont intenses entre nous, mais aussi avec l’idée de faire un partenariat stratégique égal à égal avec des objectifs sur 10 à 15 ans. Concernant le Mali, nous sommes très attachés à la stabilisation de ce pays. Le Mali et la France entretiennent des relations importantes, ne serait-ce que le brassage des populations. Des Maliens sont en France et des Français sont au Mali. Et aussi, cette importante communauté franco malienne est une chance pour nos deux pays respectifs.

S’agissant de l’opération Barkhane notamment la présence des troupes françaises au Mali et de la stabilisation de notre pays. Quel est le point de vue de votre candidat ?

La France est très attachée à la stabilité du Mali et du Sahel. Et le président qui sera élu au terme de ces élections, ne va pas remettre en cause le dispositif existant. Et personne n’envisage ce retrait prématuré. En revanche, la France devait chercher à associer ses partenaires européens dans cette opération au lieu d’intervenir seule car la France est engagée sur plusieurs théâtres d’opération et cela nécessite plus de moyens financiers et humains.

Certains de nos compatriotes reprochent à la France, notamment à l’ex président Sarkozy et son ministre des Affaires étrangères d’alors, Alain Juppé, d’avoir contribué à détériorer la situation sécuritaire au Sahel avec l’intervention en Libye dont la crise sécuritaire au Mali en est l’une des résultantes pour certains experts. A cet égard, quels sont vos arguments pour convaincre nos compatriotes d’avoir une opinion positive de votre candidat ?

Concernant l’opération en Libye, c’est vrai qu’elle a eu des effets déstabilisants sur certains pays comme le Mali ou la Tunisie dont je suis originaire. Quand la France intervenait en Libye à cette époque-là, le Colonel Kadhafi menaçait de faire un bain de sang à Bengazi. La France a pris ses responsabilités avec d’autres pays dans le cadre d’une résolution de l’Onu. Donc, ce n’était pas un conflit unilatéral. Le conflit militaire a été gagné par la coalition, je pense qu’on n’a pas beaucoup réfléchi à la stabilisation du pays ensuite. Nous avons sous estimé l’ampleur de la tâche. Dans un premier temps, les choses se sont bien passées car les élections se sont passées en 2012 dans des conditions satisfaisantes et remportées par les forces progressistes. Par la suite, la communauté internationale a tourné le dos et le pays a sombré dans le chaos. Et je voudrais préciser, qu’en ce moment-là, on n’était plus aux affaires.

Est-ce que votre candidat, qui est en tête dans les sondages aux primaires de la droite a des convergences ou des divergences de vues sur la situation du Mali avec son poursuivant direct, Nicolas Sarkozy ?

Entre les deux candidats, je ne pense qu’il y a des divergences de vues sur le Mali. Il y a à réinventer cette politique africaine pour la France. Chacun a son style. Alain Juppé s’inscrit dans la mouvance gaulliste et chiraquienne. Il a cet héritage, en même temps il veut proposer un projet tourné vers l’avenir. Ce qui est important, quel que soit le candidat qui remportera les primaires, l’Afrique est une priorité. Cela, pour plusieurs raisons, notamment nos populations, la situation sécuritaire, les échanges économiques qui sont importants et la Francophonie car l’avenir du français se joue en Afrique. Et le prochain président devra intensifier les liens avec l’Afrique, inventer une nouvelle politique africaine et je pense que nos destins sont liés plus que jamais.

Réalisé par Kassoum THERA

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