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Affaire dite des ‘’bérets rouges’’ : Ce qu’encourent le Général Sanogo et autres
Publié le lundi 14 novembre 2016  |  Le Prétoire
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© Autre presse par DR
Le capitaine putschiste Amadou Haya Sanogo
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L’ouverture, le 30 novembre 2016, d’une session d’assises au cours de laquelle sera évoquée l’affaire Amadou Haya Sanogo et plusieurs autres accusés, sera l’aboutissement d’un feuilleton judiciaire de trois ans. Ce procès permettra sans doute de sortir des oubliettes l’affaire Sanogo et ses camarades. C’est aussi l’épilogue d’une lutte de longue haleine menée par les organisations de défense des droits de l’homme pour rendre justice aux familles des victimes dans l’affaire dite des ‘’bérets rouges’’.

Le chef de l’ex-junte, Amadou Haya Sanogo, et autres, arrêtés en novembre 2013, et inculpés dans le cadre de la disparition de 21 éléments du corps des bérets rouges, vont enfin comparaitre.

En effet, dans un communiqué rendu public vendredi 11 novembre, le procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Mohamed Lamine Coulibaly, a informé l’opinion publique du jugement tant entendu du Général Amadou Haya Sanogo, auteur du coup d’État de 2012, lors d’une session d’assises du 30 novembre prochain. Le procès, qui concerne d’autres compagnons d’armes du général Sanogo, aura en principe lieu à Sikasso, au sud du pays. Amadou Haya Sanogo et ses co-accusés seront jugés pour ‘’complicité d’assassinat et d’enlèvement’’.

Ce procès permettra sans doute au peuple malien d’être fixé sur ce qui a véritablement suivi les événements des 30 avril et 1er mai 2012, quand des éléments du Régiment des commandos parachutistes (RCP) ont tenté un coup d’Etat contre la junte militaire qui avait renversé le Général-président Amadou Toumani Touré le 22 mars 2012. Suite à cette tentative de putsch, appelée contre coup d’Etat, les commandos parachutistes, connus sous l’appellation ‘’bérets rouges’’, ont fait l’objet d’une sanglante répression ayant entrainé la mort de 21 d’entre eux. Après la découverte d’un charnier à Diago, près de Kati, le fief de l’ex-junte, la justice malienne s’est saisie du dossier. Une enquête judiciaire a ainsi permis au juge d’instruction, Yaya Karembé, de mettre à l’ombre les putschistes présumés, auteurs d’exactions contre les bérets rouges.

Cependant, depuis le 10 avril 2015, l’ordonnance de requalification des faits et de transmission des pièces au parquet avait été prise par le juge Karembé, et notifiée aux accusés et à leurs conseils. Dans cette affaire impliquant 28 personnes, la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Bamako, dans son verdict du mardi 22 décembre 2015, a annoncé le renvoi aux assises de 18 militaires, certains Généraux dont Amadou Aya Sanogo, le chef de la junte qui a perpétré le putsch du 22 mars 2012, Yamoussa Camara, ex ministre de la défense et des anciens combattants, Ibrahim Dahirou Dembelé, ex chef d’Etat major général des armées, pour « Enlèvement de personnes, assassinat et complicité d’assassinat».

Pourquoi ce procès a lieu maintenant

Les choses commencent à s’éclaircir sur l’affaire du Général Sanogo, placé sous mandat de dépôt le 27 novembre 2013. Conformément à la loi pénale malienne, après trois ans de détention préventive pour des crimes qu’il est présumé avoir commis, le Général Sanogo doit être remis en liberté provisoire s’il n’est pas convoqué devant la Cour d’assises d’ici au 27 novembre 2016. Alors, que faudra-t-il faire avant cette date butoir ? Est-il besoin de rappeler que six autres membres de la junte, à savoir l’ancien ministre de la Défense, Yamoussa Camara, Amadou Konaré et autres officiers supérieurs de l’armée malienne, tous détenus dans le cadre de la même affaire, sont aussi dans la même situation. On s’attend aussi à un jugement du chef des bérets rouges, le Colonel Abdine Guindo, auteur du contre coup d’Etat. Voilà, entre autres, les raisons de l’ouverture d’une session d’assises le 30 novembre 2016.

En outre, de sources judiciaires, la délocalisation de ce procès à Sikasso s’explique par la particularité du dossier et dans le but de maintenir l’ordre et la sécurité.

Sanogo et autres risquent gros

En effet, Amadou Haya Sanogo et ses coaccusés risquent gros dans cette affaire. L’évolution de leur dossier met un terme aux spéculations faisant état du transfert d’Amadou Haya Sanogo et de ses coaccusés devant la CPI pour y être jugés. C’est bel et bien la justice malienne qui aura la redoutable mission de dire si oui ou non ils sont coupables des faits qui leur sont reprochés. De sources judiciaires, les accusés encourent tous la peine de mort. Près de 25 avocats se sont constitués pour leur défense.

En tout cas, ce procès marque une étape importante dans la lutte contre l’impunité et représente l’épilogue d’une lutte de longue haleine menée par les organisations de défense des droits de l’homme pour rendre justice aux familles des victimes. Espérons que ce procès tant attendu mettra en lumière les responsabilités de tous ceux qui sont impliqués de près ou de loin dans cette affaire.

Ibrahim M.GUEYE
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