Si tout va bien, les élections communales se tiendront le 20 novembre prochain. Une occasion de renouveler le mandat des conseillers municipaux. L’enjeu est donc de taille. Il s’agit d’élections de proximité au cours desquelles les populations expriment leurs choix par rapport aux hommes et aux femmes qui devront diriger leur commune. A quelques encablures des élections présidentielles, prévues en 2018, cette élection communale pourrait se révéler être un test grandeur nature pour certains partis politiques comme le RPM qui table sur 350 maires et 5000 conseillers.
Les communales à Sikasso, présentent un enjeu de taille parce que la région est réputée être un vivier électoral par excellence. Troisième région administrative du Mali, elle s’étend sur 71 790, soit 5,8% du territoire national. En 2009, la population était estimée à 2 625 919 habitants. Mais les statistiques font état d’un taux d’accroissement moyen annuel de l’ordre de 3,6% entre 1998 et 2009.
1000 candidatures ont été enregistrées pour la circonscription électorale de Sikasso. Sikasso a toujours été un grand vivier électoral beaucoup convoité par les candidats aux différentes élections présidentielles. Pour ces élections de proximité, la bataille risque de ne pas être seulement pour le conseil municipal, mais pour la mainmise sur ce vivier électoral en vue des prochaines élections présidentielles.IBK veut un second mandat. La concrétisation de cette volonté est confiée au tout nouveau président du RPM, Bocari Tréta, son équipe et l’ensemble des tisserands. Les abeilles mettront à profit ces élections pour jauger leurs forces. Sikasso devra servir de tremplin pour les abeilles.
A Sikasso, deux grandes listes de la majorité présidentielle, se livre une bataille fratricide. Il s’agit de la liste ADEMA PASJ conduite par Kalfa Sanogo et de la liste RPM-CODEM conduite par Daouda Koné dit Davion, fils du transporteur feu Toumani Koné. Lorsqu’on parlait de Sikasso dans le passé, le nom de Housseini Amion Guindo dit Poulo, premier responsable de la CODEM, ressortait forcément. Aujourd’hui, ce n°1 du parti Convergence pour le développement du Mali, est dans le gouvernement comme ministre des Sports et est membre de la coalition présidentielle autour du président Ibrahim Boubacar Kéita.
Etant des élections de proximité, la logique politique ne tient plus route. Les électeurs élisent en fonction de la connaissance qu’ils ont des candidats et non de leur appartenance politique. On élit celui ou ceux en qui on a le plus confiance pour défendre l’intérêt de la cité. A ce titre, les partis politiques ont intérêts à présenter des hommes et des femmes qui reflètent le mieux et le plus l’intérêt des populations locales.
Kalfa Sanogo, porte drapeau de l’ADEMA, récemment PDG de la CMDT a des atouts réels pour battre campagne et même réussir à Sikasso. Comme PDG de l’institution paysanne, même pour quelques temps, il aura eu le temps de se « connecter » avec les populations à la base et certainement de poser quelques actes dans le sens de conforter aujourd’hui sa candidature. C’est lui qui a été présenté tête de liste de son parti. En face, plusieurs autres candidatures pour lui barrer la route.
La plus sérieuse est nul doute celle présentée par le parti au pouvoir et son allié la CODEM à travers la personne de Daouda Koné dit Davion, présenté comme tête de liste.
Quoiqu’il arrive, le duel sera fratricide entre les deux entités de la coalition présidentielle. Récemment trois ministres se déplaçaient à Sikasso pour une réunion statutaire et en ont profité pour apporter leur soutien à la liste RPM-CODEM. Il s’agit des ministres Ousmane Koné, Ousseini Guindo et de Ramatoulaye Diallo. Une liste également soutenue par le promoteur de l'hôtel « Le Cinquantenaire », Abdoulaye Diawara, opérateur économique, militant actif du PDES au temps de ATT et qui, en 2011 a refusé que IBK et son staff de campagne loge dans son hôtel. C’est dire que le RPM et son allié de la 25ème heure comptent bien utiliser les grands moyens pour renverser celui que d’aucuns présentent comme le grand favori de ce scrutin à Sikasso.
Si c’est ce dernier qui l’emporte au final, le parti ADEMA PASJ aura une grande carte à main au moment de la campagne pour l’élection du président de la République en 2018. Car, le contrôle de la mairie de Sikasso, présente un enjeu capital et politique.
Cependant, tout n’est pas gagné pour ces deux favoris (liste ADEMA et liste RPM). D’autres candidatures font figures d’outsiders valables pour le contrôle de la mairie de Sikasso. Et tout devra se jouer sur la campagne qui s’annonce houleuse si on mesure tout l’enjeu.
Il faut noter que le RPM, parti au pouvoir depuis 2013, envisage grand à l’issue de ces élections de proximité. L’objectif pour ce parti, en pleine restructuration, c’est de conquérir au moins pour 5000 conseillers municipaux pour 350 maires. L’idée derrière, c’est de créer une véritable machine électorale en vue de la réélection d’Ibrahim Boubacar Kéita, pour un second et dernier mandat à la tête du pays.