pris part à un important colloque à Istanbul, République de Turquie. Il s’agissait pour les organisateurs de cette rencontre de mettre en exergue les différentes expériences syndicales, les expertises, la nécessité de fédérer les synergies pour un monde propice aux travailleuses et aux travailleurs. Pour ce faire, il fallait analyser donc sans complaisance le mouvement syndical dans les pays musulmans à la lumière des textes et des résolutions produits à l’échelle mondiale, d’identifier les insuffisances, les incohérences par rapport aux prescriptions du Saint-Coran d’une part, et d’autre part, d’esquisser les perspectives d’une véritable solidarité, d’une collaboration tous azimuts entre travailleuses et travailleurs de la Ummah à travers leurs syndicats.
Parmi les invités, il y avait bien sûr l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM). Son secrétaire général, M. Yacouba Katilé eut même l’honneur de fournir une communication sur le vécu du mouvement, des années 1940 à nos jours. Aussi, devait-il se prononcer sur la perspective de création d’un syndicalisme dans le monde musulman. Selon les observateurs, le Secrétaire général serait revenu de la rencontre très satisfait.
Car, son exposé aurait répondu aux attentes de tous les participants. En effet, son exposé a mis en relief les insuffisances et les faiblesses de la coopération franche et sincère entre les pays membres de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI). L’exemple de la gestion de la crise malienne de 2012 à 2016 a servi de cas d’école approprié. D’ailleurs, d’autres participants n’ont pas ignoré le parcours de l’UNTM lors de leurs exposés.
Pour l’avenir, dans la perspective du nouveau syndicalisme, le Secrétaire général de l’UNTM s’est penché sur les conditions d’un succès. Des conditions qui passent par le renforcement de la solidarité dans le monde du travail entre pays musulmans, l’implication des syndicats des pays de départ, de transit et d’accueil pour un traitement de dignité humaine des migrants, et respect des principes de travail aux étrangers établis dans les pays musulmans.
Aussi, a-t-il relevé que le soutien actif aux pays musulmans victimes de crises fomentées depuis l’extérieur, y compris souvent depuis des pays musulmans, soit effectif désormais. Pour l’UNTM, aux dires de son Secrétaire général, il faudrait une implication des syndicats pour le financement des projets et programmes des pays musulmans confrontés à des problèmes de survie d’une part, et l’exigence de gouvernance par des syndicats, d’autre part.
Sans oublier les appuis aux efforts de formation et d’amélioration des capacités institutionnelles en Afrique.
Toujours dans son exposé, le Secrétaire général de l’UNTM a souhaité le renforcement du partenariat entre les musulmans sur la scène internationale. Et que ces derniers puissent toujours œuvrer à l’adoption d’une position commune face aux grandes questions. Autre vision de l’UNTM, c’est la création d’un cadre où se manifesterait la solidarité des travailleurs et de leurs syndicats au sein de l’OCI. Enfin, M. Yacouba Katilé a estimé qu’il fallait œuvrer à renforcer la démocratie, les droits de l’Homme, les libertés et le pays.
Toutes choses qui ont conduit le Secrétaire général de l’UNTM à croire que l’émergence d’un syndicalisme dans le monde musulman ne serait point une structure de plus, ni de trop. Les observateurs ont convenu avec lui qu’il y avait une nécessité historique compte tenu des grandes déceptions et des discriminations qui émaillent les relations internationales dans le syndicalisme et dans les comportements de certains agents des organisations internationales. Faut-il rappeler que c’est la Confédération syndicale des Fonctionnaires de Turquie (MEMUR-SEN en langue turque) qui avait initié l’organisation de ce colloque de concert avec l’OCI, le Centre de Formation et de Recherches sociales, économique, statistique des pays de l’Islam (SESRIC). Ce fut un véritable évènement. En plus de 70 organisations syndicales de la cinquantaine de pays, l’on notait la présence de plusieurs personnalités de Turquie à la cérémonie d’ouverture des travaux.
A cette occasion, le Secrétaire général de la MEMUR-SEN, M. Ali Yalcin, a centré son intervention sur le thème : ”Syndicalisme dans le monde islamique”. Il a passé au peigne fin toutes les questions brûlantes de l’heure en Turquie et ailleurs.
De la tentative de putsch qui endeuilla son pays, avec son cortège de victimes au terrorisme dans le monde sous ses multiples appellations (PKK, Daesh, Boko-Haram, YPG …), en passant par le climat de guerre, de famine, de pauvreté, sans oublier la rapacité des puissants du monde, Ali Yalcin n’a rien occulté. Comment faire alors pour s’en sortir ? Le Secrétaire général de la MEMUR-SEN estime qu’il est urgent de produire une riposte appropriée à la situation. Pour l’instant, il préconise d’augmenter la solidarité internationale entre syndicats à travers de nouvelle formes de coopération, de pression des uns sur les autres, de partager les expériences et de trouver ensemble les solutions communes aux problèmes communs, de communiquer à travers des conférences, des formations, etc.
Pour Ali Yalcein, force est de reconnaitre que le mouvement syndical dans le monde et les organisations syndicales internationales vivaient une crise de confiance de nos jours. D’où la nécessité de dépasser le seul aspect salarial du syndicalisme ayant comme principe de produire des services à ses adhérents et prenant le dialogue social comme base. Aux participants, il demandera de se pencher sur l’idée de création d’un mécanisme dans le monde du travail qui regrouperait les syndicats des pays musulmans et qui serait une structure accolée à l’OCI. D’après les observateurs, l’idée semble déjà franchir plusieurs pas.
B.KONE