Le cinéma malien se vide de ses cadres sans relève à l’horizon

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Publié le lundi 14 novembre 2016 | L’Essor

© aBamako.com par A.S
Rentrée littéraire 2016
Bamako, le 34 février 2016 Le ministre de la Culture, de l`artisanat et du tourisme Mme N`Diaye Ramatoulaye Diallo a procédé à l`ouverture des travaux de la Rentrée littéraire 2016 au musée national

Le cinéma malien est en danger d’anémie, surtout du côté du Centre National de la Cinématographie (CNCM), la structure d’Etat spécialisée dans le domaine du septième art, principal animateur de la production et de la réalisation de films dans le pays. Les cadres qui l’ont animé durant les trois décennies passées sont sur le point de raccrocher, s’ils ne l’ont pas déjà fait. Retraités, disparus ou tentés par d’autres occupations, ils tirent leur révérence sans pour autant voir assurer la relève. Aujourd’hui, il ne reste que quelques cadres dans des locaux désormais trop grands pour eux. Point de jeunes cinéastes à l’horizon pour la poursuite de l’œuvre entreprise par cette génération douée. Cette vague d’une quinzaine de réalisateurs et cameramen avait été recrutée en 1979 à l’issue d’un concours organisé par le Centre National de Production Cinématographique (CNPC) dirigé à l’époque par Mamadou Kaba,paix à son âme et votre serviteur comme directeur adjoint. Le CNPC venait d’être créé, en 1977, en lieu et place du SCINFOMA, le Service Cinématographique du Ministère de l’Information du Mali. Le constat avait été fait que la nouvelle structure pour l’atteinte de sa mission de production et de réalisation de longs métrages, avait un besoin impérieux de cadres pour prendre la relève des pionniers qui assuraient surtout les reportages pour films d’actualité et documentaires. Les titulaires du baccalauréat pour les cameramen et de la licence pour les réalisateurs admis à ce concours ont été formés sur place dans des conditions pas très académiques, en utilisant les moyens existants axés sur le savoir-faire de techniciens maliens, notamment les ingénieux Djanka et Djiré. La technique de la réalisation et des autres domaines du tournage a surtout été dispensée par l’entremise d’extraits tirés de manuels sur la technique du cinéma que nous avions rapportée de notre formation en journalisme au CESTI de Dakar. Une initiative avec la célèbre école de cinéma de Moscou, le VGIK, a permis à un premier contingent de ces cinéastes de poursuivre la formation en Russie. D’autres devaient suivre. Mais, la filière s’est bloquée sans que l’on en sache la raison. Cette génération a reçu une formation plus pratique que théorique. En effet, elle a pu largement profiter de l’expérience sur les scènes de tournage de réalisateurs chevronnés que sont, entre autres, Souleymane Cissé, Cheick Oumar Sissoko, Falaba Issa Traoré qui ont été bien prolifiques à cette époque. Forte de cette pratique, la génération s’est affirmée sur la scène nationale et africaine avec des talents comme feu Adama Drabo, réalisateur de « tadona » et « tafé fanga », Boubacar Sidibé, réalisateur entre autres des « Rois de Ségou »,Ladji Diakité, Sidy Diabaté, Léopold Togo, Assane Kouyaté, qui ont tous fait de grandes réalisations, Ibrahima Touré qui vient de réaliser « Koussaw » à qui les critiques promettent un bel avenir, ainsi que des cameramen comme Mohamed Lamine Touré qui s’affirme comme l’un des tout bons en Afrique et feu Abdrahamane Somé. Depuis ce recrutement en masse de 1979, c’est le calme plat. Le plus désolant, c’est qu’aucun étudiant n’est envoyé en formation depuis des décennies, ce que déplore le CNCM, mais aussi l’Union Nationale des Cinéastes du Mali (UNCM) qui, dans des efforts pour ne pas laisser le vide s’installer, ont organisé des ateliers de formation pour initier des néophytes ou relever le niveau des professionnels. Le Directeur du CNCM, Moussa Ouane nous a fait part des contraintes actuelles de recrutement qui ne peut se faire que par le seul canal du concours d’entrée à la fonction publique. Le comble, selon Ibrahima Touré, chargé de production au CNCM, est que la branche cinéma ne figure même pas dans les disciplines retenues pour le concours d’entrée à la fonction publique cette année. M. Ouane a rappelé ses tentatives de formation avec l’institut de cinéma à Cuba, les écoles de cinéma au Burkina Faso, au Maroc, avec le Danemark. Mais les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes pour des raisons de financement des études ou des exigences de niveau de formation. «Le CNCM se vide complètement. N’eut été le recrutement de trois contractuels du Centre Multimédia Balla Fasséké Kouyaté, il n’y aurait plus grand monde dans le service», affirme le Directeur du CNCM. Quel avenir donc pour le CNCM qui se vide de ses compétences sans pouvoir satisfaire sonfort besoin de sang neuf ? Ces tentatives ne sauraient remplacer une véritable politique de recrutement et de formation. Aussi, une opération de survie doit être rapidement envisagée par le département de la culture qui consiste à organiser une seconde vague de recrutement comme en 1979 et à assurer la formation de ces nouvelles recrues. En attendant que ces futurs cinéastes soient opérationnels, il convient de rappeler en activité les cadres partis à la retraite en vue d’assurer le fonctionnement normal du CNCM. Mais, il semble, de l’avis de Moussa Ouane, que le Centre s’oriente vers un nouveau statut axé sur la gestion des fonds de financement et de la législation en matière de cinéma. Les cinéastes seront encouragés à s’organiser en structures privées pouvant bénéficier de ces avantages.

Kabiné Bemba Diakité

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