On l’a franchi! Plus d’un milliard d’hommes et de femmes ne mangent pas à leur faim chaque année dans le monde, selon la Fao. Paradoxe, l’humanité produit chaque année assez de nourriture pour nourrir la planète entière. Les continents les plus touchés par la faim ne sont autres que l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine.
La faim, un fléau du siècle, décime la race humaine. Tandis que des gens meurent par milliers dans les pays du Sud, au Nord, au contraire, c’est l’opulence amassée des riches qui narguent la vie au quotidien des pauvres. Un peu de pain, hélas, un rêve encore inaccessible pour des millions de damnés, contraints à dormir le ventre creux parce que 80% de leur population n’arrive pas à les nourrir. Pourtant, nul n’ignore à quel point le riche a trait la vache du pauvre. Il s’en est engraissé, alors que le pauvre s’amaigrissait. Pour finir, il tend la main au riche qui le maintient dans une dépendance pire que l’alcool ou la drogue.
L’exploitation de la misère est perceptible à tous les échelons de la vie quotidienne au Mali. D’abord, dans la cellule de base de la société qu’est la famille, le pauvre est marginalisé : «Mieux vaut un riche qui ment qu’un pauvre qui dit la vérité.» L’argent devient dangereusement le seul gage de respect dans nos traditions. Dans nos campagnes, les «slogans vivants de la misère» sont traités de soulards, fous, bon à rien, passant de bar en bar pour quémander leur «dose habituelle de 8.6 ou Hollandia», une bière importée. Ensuite, en dehors des familles, au cœur de la politique, la pauvreté des autres est exploitée par les uns pour se maintenir au pouvoir : «Je vote, tu votes, Karim et ses amis, les nouveaux riches, s’enrichissent !» Telle est la triste réalité dans notre pays, en quête d’une voie de développement.
Un jour, ‘’quand les autruches lèveront la tête…’’, l’ordre mondial changera. Tant pis pour celui qui remettra son destin entre les mains d’autrui. Il n’y aura pas de sursis pour l’esclave qui refusera de s’affranchir. Il n’y aura pas de pitié pour les mangeurs de semence. C’est alors en ce moment-là, lorsque l’affamé pourra contrôler sa faim et se libérer des servitudes matérialistes, qu’il s’affranchira. Car le plus important ne réside pas dans la nourriture du corps, l’esprit prime. C’est la geste de l’esprit qui accouche des changements profonds pour l’avenir, dans la douleur, les grincements de dents, les larmes. C’est aussi par l’esprit que les hommes se libèrent. C’est par l’esprit que nous devons donc triompher.
Chez nous, au Mali, la faim est une arme fatale surtout en cette période de consultations électorales. Au nom du ventre, on sacrifie le bas-ventre. «Pourvu que je mange avec ma famille», comme si on n’allait pas mourir un jour. En mangeant, on vol l’argent du peuple et on se paye les filles du ‘’bas peuple’’ avec l’argent du contribuable.
Avec la campagne pour les élections communales du 20 novembre 2016, il suffit de préparer le ‘’zamê’’ pour voir affluer par lots des électeurs opportunistes. En distribuant du riz et autres cadeaux aux populations pour influer sur leur choix, on détruit, sans le savoir l’espoir d’un changement pour les générations à venir. Du père au fils, de la mère à la fille, de l’orphelin aux riches héritiers, l’espoir de bâtir un Mali fort et juste se dissipe comme la rosée du matin. Les chantiers spontanés visibles un peu partout en ville à l’approche du Sommet France-Afrique, le développement artificiel, les performances économiques sur mesures ne sont que du vernis pour cacher notre laideur.
Nous voulons dur riz, le riz de l’esprit qui alimentera notre combat. Si les millions d’électeurs inscrits pour le scrutin de novembre prochain goûtent à ce riz, ils constitueront une force incontournable qui changera la destinée des communes du Mali. Il appartient désormais à chacun de choisir son camp, en mesurant le sens de son vote.