Une campagne présidentielle américaine ne s’est jamais véritablement intéressée au continent africain. La dernière qui a opposé les candidats Trump et Clinton et qui vient de se terminer par la victoire du premier, n’a pas dérogé à cette règle. Des questions africaines y ont été tellement occultées que certains analystes redoutent que l’Afrique soit totalement délaissée par la future administration Trump. Pourtant, les plus optimistes avancent que les grandes lignes qui ont toujours constitué les relations entre le continent noir et les USA, ne seront pas touchées.
Leur argumentaire se base sur le fait qu’il n’y ait jamais eu de grandes différences entre républicains et démocrates en ce qui concerne les affaires internationales. C’est pourquoi, l’administration Trump sera contrainte d’adopter la continuité dans le traitement de sa politique africaine. Surtout, lorsqu’il est reconnu qu’au sein de l’équipe Trump, on manque de spécialiste du continent noir qui, d’ailleurs n’entretient qu’une timide relation économique avec le pays de l’Oncle Sam, notamment dans le cadre de l’AGOA. Cet accord de libre-échange signé en 2000 qui facilite l’entrée des marchandises africaines sur le marché américain. Le plus inquiétant pour l’Afrique, c’est la remise en cause répétée par Trump de l’aide au développement ou encore de l’accord mondial sur le climat
Dans le cadre de la continuité de l’Etat, malgré les menaces du nouveau Chef de l’exécutif américain de procéder au protectionnisme, il y a de fortes chances que ce libre échange demeure. Le Congrès américain, dominé par le camp républicain, a déjà reconduit l’AGOA jusqu’en 2025. De même, les intérêts géostratégiques sur le continent seront sauvegardés. La sauvegarde de ces caps économique et géostratégique des USA est très importante, si les USA ne veulent pas que la Chine et l’Inde (deux puissances émergentes) prennent entièrement toute leur place. On estime que l’administration Trump fera moins de pression sur les Etats africains en matière de droits de l’Homme. Le ton très belliqueux de sa campagne à l’endroit de la Chine est le signe que l’administration Trump va d’ailleurs tout faire pour essayer de combler le retard concédé par l’offensive chinoise sur le continent noir. D’où la certitude que les experts du Pentagone vont l’obliger à conserver les positions stratégiques.
Actuellement, l’armée américaine est plus ou moins présente dans toutes les zones du continent africain, en l’occurrence dans la Corne de l’Afrique et au Sahel. A Djibouti (Corne de l’Afrique), le Pentagone maintient plus de 5000 hommes pour la surveillance du Golfe d’Aden. Dans cette zone, transite l’essentiel des hydrocarbures consommés dans le monde occidental. Sans oublier qu’elle est aussi très prisée par les pirates qui entravent constamment son bon acheminement.
Ce qui amène beaucoup de spécialistes militaires à admettre que le Pentagone ne quittera jamais cette position hautement stratégique pour l’affirmation de la puissance militaire mondiale de son pays. Au Proche-Orient, pour des raisons stratégiques contribuant à maintenir l’état de non guerre entre les pays arabes et Israël, les USA vont certainement continuer à faire des subventions budgétaires à l’Egypte, notamment sur le plan militaire. Toutefois, il y a de fortes chances que l’aide au développement soit remise en cause pour beaucoup de pays africains. Le candidat Trump l’avait toujours répété. Mais que sait-on ? Puisqu’une campagne présidentielle est différente de l’exercice du pouvoir. Trump sera probablement contraint de faire avec la réalité du terrain.