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Contribution : L’échec de la commission dialogue, vérité et réconciliation, est l’une des causes qui traduit la difficile installation des autorités intérimaires.
Publié le mardi 15 novembre 2016  |  Le Point
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Comment voulez – vous que la population puisse accepter et se retrouver en parfaite collaboration avec des individus, auxquels elle reproche tout le malheur ?
Quel intérim ils attendent lorsque la majorité de la population se sent déboussolée et désorientée par l’application de cette mesure ?
Le sentiment général et profond d’indignation et de désapprobation suscité par les populations du Nord et ses conséquences, trouve ses causes dans l’option choisie par le gouvernement de mettre en place des autorités intérimaires, en lieu et place de celles légalement et légitimement élues. Nous avions notre idée sur la question d’installation des autorités intérimaires dans certaines régions du Nord, mais nous avions préféré ne pas anticiper sur le résultat de cette mesure qui polémique et complique. Une chose est sûre cependant : Il s’agit d’une question qui charme un intérêt tripartite. Il y a d’une part un intérêt national qui voudrait protéger et reconquérir la souveraineté de l’État sur toute l’intégrité de son territoire. D’autre part, nous avons un intérêt contradictoire avec le premier, qui est celui des ennemis de la patrie, qui ne trouvent leur bien-être que dans la prise en otage des populations et la caporalisation de leurs droits et libertés. Profitant de ce désordre, ils font prospérer leur deal et leurs activités criminelles. Un troisième intérêt prostituant les deux précédemment cités, est celui de l’intérêt français. Alors que dans un souci d’efficacité et surtout de légitimité des opérations de paix et de stabilisation, il importe d’insister sur les différences entre les logiques de stabilisation d’une part, et de légitimité d’autre part. Dès lors, il apparait nécessaire d’examiner les gênes qui semblent expliquer cette difficile mise en œuvre du décret instituant les autorités intérimaires et d’évaluer les activités menées par la commission dialogue, vérité et réconciliation, qui ne nous prouve pas toute son efficacité.
SUR LA COMMISSION DE RECONCILIATION : Il faut dire que le socle d’une bonne réconciliation, repose sur la vérité et la justice. Sa mission, est d’œuvrer en toute indépendance à la réconciliation nationale et au renforcement de la cohésion sociale, entre toutes les communautés vivant dans le pays, par le biais de mécanismes de justice transitionnelle. Or, dans les faits jusqu’à présent, aucune tentation de cette justice transitionnelle n’est mise en place.
La réconciliation nationale que nous clamons de tout temps et en tout lieu, nécessite une bataille urgente et inclusive contre toute forme d’impunité. Dans notre cas, elle ne saurait être effective sans la punition des auteurs de crimes de guerre, d’assassinats, de vols, de pillages, de viols, de prises d’otages. Cela devrait être accompli par les tribunaux nationaux et le Tribunal pénal international, mais aussi par une forte implication de la justice transitionnelle dédiée à l’écoute de toutes les victimes et la réparation de toutes les atteintes et abus portés à leur égard.
SUR LA DIFFICILE INSTALLATION DES AUTORITES INTERIMAIRES : La population indignée considère cette perspective comme une invention des autorités politiques, qui est loin d’émousser les aspirations et attentes des victimes. Alors que l’expression profonde de ce peuple, voudrait qu’il soit psychologiquement libéré de tous ceux qui l’ont affligé pendant les durs mois de l’occupation. Elles attendent que des questions puissent être posées à leurs bourreaux. À savoir, qui a tué, pourquoi, comment, sur l’ordre de qui ? L’autre trait frappant, c’est la contradiction entre d’un côté, une forte campagne médiatique de communication pour se faire (re)connaître de la population et, de l’autre côté, des activités peu visibles et le manque de transparence et d’implication des populations concernées, au processus. Cela a provoqué frustrations et incompréhensions des parents des victimes. En résumé, il urge que les autorités élaborent et définissent une nouvelle façon de concevoir la gestion de cette commission, qui suscitera la compréhension de tous et de toutes pour une mise en place effective des autorités intérimaires.
Ousmane Waïgalo
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