Le 29 avril 2012, dans une lettre ouverte adressée au capitaine Amadou Haya Sanogo et publiée dans un journal de la place, nous avons rappelé les propos du célèbre italien de la Renaissance, Nicolas Machiavel à propos de l’accession au pouvoir. « On peut encore devenir prince de deux manières qui ne tiennent entièrement ni à la fortune ni à la valeur. Ces deux manières sont, soit de s’élever au pouvoir souverain par la scélératesse et les forfaits, ou d’y être porté par la faveur de ses concitoyens ».
Ensuite, nous avons ajouté : « Il est évident que votre (vous et vos camarades) entrée par effraction dans l’arène politique malienne le 22 mars dernier, relève plutôt de la première manière. » Enfin, nous avons conclu la lettre par une mise en garde : « Mon Capitaine, certains maliens vous considèrent comme le héros du 22 mars. Mais attention, il y a des héros qui finissent mal. »
A posteriori, cette mise en garde et certainement beaucoup d’autres conseils n’ont pas été intégrés par le capitaine-général. En effet, quoiqu’il ait été absout du crime de coup d’état, le massacre des bérets rouges a passé par là. Et le courageux juge Amadou Karembé après un travail minutieux a inculpé le capitaine-général et ses comparses et compères, pour « enlèvements, assassinats et complicité d’assassinats». Il y a de cela 16 mois.
Malgré sa forfaiture, le jeune capitaine aurait pu être un héros s’il n’avait pas eu la grosse tête. Au grand dam de ses amis, il est malheureusement demeuré un soldat friand d’orgies et n’ayant aucun sens de l’Etat. Il n’est donc pas étonnant qu’il comparaisse aux assises comme un vulgaire criminel.
Dans les premières périodes de sa gloire, il avait le tout Bamako politique sous ses pieds ; et durant tout le temps que dura la transition, c’est Kati qui dictait à Koulouba. Et même après l’élection du président de la république, il se croyait permis de jouer au maître des céans. C’est pourquoi, après son arrestation, Laji Burama lança péremptoirement et avec virtuosité une de ses formules lapidaires et appropriées dont il a la marque : « Kati ne fera plus peur à Koulouba ! »
Il faut remarquer que si ce procès a été enfin programmé, c’est grâce au professionnalisme, au courage et à l’opiniâtreté d’un juge, à la solidarité et la ténacité des parents et amis des victimes et à la vigilance de la communauté internationale. Quelle que soit son issue, si la loi est dite au cours de ce procès, la justice malienne sortira grandie et plus crédible.
La gestion de l’après procès est une affaire des politiques. Après tout, le Général Moussa Traoré n’a-t-il pas été doublement condamné à mort puis gracié ? Il jouit aujourd’hui de tous les privilèges que lui confère son statut d’ancien président de la république. En sera-t-il de même pour le capitaine –général si jamais il était reconnu coupable ?
…sans rancune
Wamseru A. Asama