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Retrait des cartes NINA : ENFIN, Le rush dans les mairies
Publié le jeudi 17 novembre 2016  |  L’Essor
Election
© aBamako.com par AS
Election présidentielle 2013:journée citoyenne de retrait des cartes nina
Vendredi 26 juillet 2013. Bamako. Les Maliens participent au retrait des cartes NINA
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Dans les différentes communes du District de Bamako, les centres de retrait des cartes NINA (Numéro d’Identification Nationale) ne désemplissent pas. A 72 heures du scrutin communal du 20 novembre, des demandeurs affluent dans les mairies pour retirer le précieux document, désormais l’unique passe-droit pour tout Malien désireux de voter. Les retardataires se bousculent au portillon, aux points de retrait, désespérément vides il y a une semaine. Mais, cette subite ruée vers le NINA bute à des problèmes aussi regrettables que le retard des agents qui délivrent les cartes, l’absence du document pour certains électeurs recensés ainsi que les erreurs sur l’identité et la filiation pour d’autres.

Mercredi 16 novembre 2016. Il est 9 heures, dans les locaux de la mairie de la commune IV, le décor, fait d’affichage des listes sur tous les murs d’enceinte et de certains bâtiments, indique clairement qu’on est en période électorale. Des électeurs sont affairés autour des listes à la recherche de leur nom. Au fond de la cour, une trentaine de personnes, massées devant un bureau, attirent l’attention par un brouhaha inhabituel. Ces hommes et femmes veulent leurs cartes NINA. Ils attendent, depuis 7 heures pour certains, que l’opération démarre. Mais les agents ne sont pas encore sur place. « C’est malheureusement souvent comme ça que ça se passe ici : les agents viennent quand ils veulent. Mais, nous espérons que d’ici à 12 heures, ils seront là », se console Amadou Traoré. Il a perdu sa carte en 2013, mais n’a daigné enclencher, à temps, le processus pour l’obtention d’une nouvelle. C’est en fin 2014 qu’il l’a fait. Depuis, il court après le sésame. En vain ! « On m’a donné rendez-vous plusieurs fois. Mais rien… Aujourd’hui encore, je fais la queue espérant mettre la main sur ma carte afin de voter pour mon candidat aux prochaines communales», explique-t-il, tout en reconnaissant qu’il a été négligeant.

Ami T. aussi, de retour du marché, fulmine. « Qu’on nous dise si le bureau sera ouvert ou non », tempête-t-elle. Elle cherche sa carte depuis deux jours. «Je me suis décidée à venir récupérer ma carte, quand j’ai appris qu’un de mes voisins est candidat», affirme Ami.
Enfin ! Garba est là. Il est le premier agent à venir au bureau, à 9 h30 mn. Aussitôt, il est assailli par les « demandeurs de carte ». Tous tendent leur récépissé, document livré après l’enrôlement lors du Recensement administratif à vocation d’état-civil (RAVEC). « Patientez, le chef sera bientôt là. Moi, je ne peux délivrer aucune carte », lance-t-il. Selon Garba, les cartes de ceux qui se sont fait recenser dans le dernier trimestre de l’année 2014, ne sont pas encore disponibles. « Depuis quelque jours, nous sommes envahis. Les gens attendent toujours la dernière minute pour venir récupérer leur carte », confie-t-il. L’agent ne dispose cependant pas de chiffres pour soutenir cette affirmation. « C’est le secrétaire général de la mairie qui a les statistiques », indique-t-il.

Nous nous sommes rendus dans le bureau de celui-ci. « Repassez ! Je suis très occupé par la synthèse d’une formation», clame Aboubacar Bougoudogo, secrétaire général de la mairie de la commune IV. Jusqu’à 10 heures 30 mm, l’agent censé délivrer les cartes se faisait encore attendre.

En commune III, le constat est le même. « On n’est pas du tout surpris… Car, de toute façon, les électeurs savent que le jour du scrutin, ils peuvent trouver leur carte d’électeur dans leur bureau de vote», selon M. Traoré. Ici, Mariam est l’un des premiers demandeurs à recevoir sa carte. La trentaine révolue, cette jeune femme, après quelques formalités, peut désormais prendre part aux élections.

Pour ce retrait, le processus est simple. Il faut se présenter chez l’agent muni de son récépissé du RAVEC ou de sa carte d’identité nationale. Les potentiels électeurs qui ont effectué le déplacement ont, pour la plupart, des problèmes liés souvent aux noms et prénoms mal orthographiés ou encore à la non-conformité entre les années de naissance sur les actes de naissance et les cartes NINA.

Seydou Togola (nom d’emprunt), agent distributeur de cartes, a dû supporter la colère d’un citoyen qui aurait retrouvé sa carte avec la photo de celui qui le suit immédiatement sur la liste électorale. A ce même poste, Mariam, la quarantaine, se présente, furieuse, en vociférant. Approchée, elle confie, d’une voix de colère, que les agents ont attribué son prénom à sa mère. « Je m’appelle Mariam, au lieu de Ramata, c’est le nom de ma maman», dit-elle. Il y a aussi des irrégularités liées à la disponibilité ou non de certaines pièces requises pour l’obtention de la carte. C’est le cas de Seydou. Il n’a aucune pièce, ni récépissé pour retirer sa carte. Sa seule justification, c’est qu’il a son nom sur la liste électorale et veut voter le jour J.

A notre passage, l’équipe de la mairie de la commune III avait enregistré le retrait d’une vingtaine de cartes. « Nous aurions pu enregistrer plus de retraits sans les erreurs sur les années de naissance, l’indisponibilité des cartes de certaines personnes », souligne une dame.
« Ces erreurs sont essentiellement dues au manque de sérieux des agents recenseurs du RAVEC), estime Aboubacar Sacko qui affirme avoir participé à l’opération en 2010.

Au centre principal de la mairie de la Commune II, on n’est loin de l’engouement observé dans les centres de la commune IV et III. Ceux qui viennent chercher leurs cartes se comptent sur le bout des doigts. Un élu, rencontré dans les couloirs de la mairie, déplore le désintérêt des électeurs, malgré le travail de sensibilisation fait en amont. Le cas de Drissa Sangaré, commerçant, illustre parfaitement ce désintérêt pour la chose politique. Il clame à qui veut l’entendre qu’il n’ira pas voter. M. Sangaré n’est pas le seul. Bien d’autres électeurs ne cachent pas leur refus de se rendre au bureau de vote.

« Je ne vote plus depuis dix ans parce que je pense que cela ne sert à rien », lance Moussa Camara, 54 ans. Cet habitant de Darsalam ne manque pas d’arguments pour étayer ses propos. Il cite « l’inaction des instances élues, quelle que soit leur place» ou le fait que « le vote actuel permet d’élire n’importe qui avec les jeux d’alliances (souvent contre nature) noués au gré d’intérêts personnels ». Ce sentiment de l’inutilité du vote est largement partagé chez les abstentionnistes. De manière plus générale, ils déplorent les promesses en l’air, les programmes non réalisés. « Je me sens profondément trahi par les politiques», s’émeut Bakary Diarra, 34 ans. «Un de nos maires, qui semblait sincère, en annonçant son combat contre l’insalubrité, m’a définitivement écœuré », ajoute Moussa, 54 ans, qui ne voit « aucune vision chez les élus» aitre qu’«un combat de gagne-pain».
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L’Essor N° 17187 du 17/5/2012

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