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Conférence d’entente nationale: Un piège à mouches pour la République
Publié le jeudi 17 novembre 2016  |  Carrefour
Moussa
© aBamako.com par A.S
Moussa Mara préside l’ouverture de la 19è session de l’Espace d’interpellation démocratique (EID)
Bamako, le 10 décembre 2014. Le Premier ministre Moussa Mara qui a présidé l’ouverture de la 19è session de l’Espace d’interpellation démocratique au Centre international de conférences de Bamako.
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« Nous allons tenir la conférence d’entente écrite dans l’Accord pour la paix et la Réconciliation du 15 mai 2015, dans le courant du dernier trimestre de l’année 2016, pour faire émerger une vision commune de notre nation. »

Le Président IBK s’exprimait en ces termes lors de la dernière Assemblée Générale des Nations en septembre 2016 à New-York. L’objectif visé par cette conférence d’entente permettre un débat approfondi entre toutes les composantes de la nation malienne sur les causes profondes des conflits successifs depuis 1963, ainsi que la problématique du terme Azawad, que les maliens rejettent à l’unanimité.

Par rapport donc à cette question de conférence d’entente, est-ce-que ce n’est pas le médecin après la mort ?

En effet, tous les points contestés dans l’accord pour la paix et la réconciliation sont en train d’être mise en œuvre par l’actuel Président de la République, celui-là même qui avait promis au peuple malien de mettre fin à la rébellion en trois mois et rendre à la majorité des maliens leur dignité.

Ne disait t-il pas à hua et à dia qu’il refusait d’être trimbalé par qui que ce soit contre les intérêts du Mali. Après la malheureuse tentative de reprendre Kidal par la force, IBK s’inscrit dans une logique diamétralement opposée à ses slogans de campagne au point de dire qu’aucune fanfaronnade ne le poussera à aller à Kidal. A ce stade de la mise en œuvre de l’accord d’Alger l’Etat et le peuple malien n’ont plus le choix, car le terme Azawad doit désormais faire partie des habitudes. Lors du débat de la Fondation Balazan le jeudi 30 juin 2016 au CICB sur le thème ‘’Regards croisés sur les contraintes politiques, institutionnelles et constitutionnelles liées à la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali’’plusieurs constats ont été relevés, allant dans le sens de doter le Mali d’un système politique à géométrie variable selon que l’on soit du sud ou du nord. Le débat a vu la participation de presque tous les acteurs de la crise malienne, CMA, La Plateforme, MISAHEL, MINUSMA, la Majorité, l’Opposition, les Associations, le Secrétariat permanent pour la mise en œuvre de l’accord. La preuve :

Un des représentants de la CMA, a dit que si on changeait, une virgule dans le dit accord, que ce ci ne sera plus le même accord qui les a engagé le 20 juin 2015 à Bamako. Cette idée a été balancée à la figure des participants lorsque Tiébilé Dramé a indiqué qu’il fallait une relecture consensuelle de l’article 6 qui crée une confusion dans les rôles et responsabilités des nouveaux responsables régionaux.

En effet ces nouveaux responsables régionaux seront selon l’accord Chef de l’Exécutif, de l’Administration, et du Législatif.

On constate que dans aucun pays du monde, il n’y a un exemple de ce genre. En corrigeant cette anomalie, le Mali a contribué à la démocratie selon le modèle décrit par Descartes dans son ouvrage sur la démocratie c’est-à-dire la séparation des trois pouvoirs. Dans l’accord d’Alger, les forces centrifuges (indépendantistes) ont pris le dessus sur les forces centripètes (unionistes). L’histoire nous enseigne, que toutes les fois que nos empires ont atteint leur apogée, ils sont tombés en déclin. On se pose la question si le Mali a atteint son apogée dans le mode de gouvernance actuelle.

Kidal veut être le décideur de son propre destin. Il en est de même pour les nouvelles régions créées par ATT en 2012. Certainement l’intransigeance de Kidal en terme de gouvernance va profiter au centre et au sud qui se voient traiter comme des moins que rien.

Au moins, cette réalité sera un bonus pour les nouvelles régions du sud pour lesquelles IBK est très frileux pour nommer leurs gouverneurs. Il pense que la France peut interpréter cela comme étant une manière de saboter l’accord d’Alger. Sinon nous ne voyons pas de raison à son refus de mettre les nouvelles régions au centre et au sud dans leur droit. Quant aux Autorités Intérimaires, cela est un boulevard ouvert pour l’indépendance de l’Azawad. Le Président IBK y tient pour des raisons inavouées que le peuple malien ne comprend toujours pas.

En conclusion, cette conférence d’entente aurait pu être un préalable aux négociations d’Alger. Malheureusement, ni IBK, ni son Premier Ministre Modibo Keïta n’ont adhéré à cette initiative. Ils deviennent donc les auteurs de la partition du Mali. A ce stade, une conférence d’entente n’apportera aucun bonus ni à la situation sécuritaire, ni à la gouvernance dessinée par la France, ni à la situation des réfugiés, ni à la République tout cour. Elle avait son sens lorsque les partis de l’opposition plus prévoyants avaient demandé cela avant d’aller à Alger. Maintenant tenir ladite conférence, devient un piège à mouche pour l’Etat du Mali. Elle ne fera que confirmer dans l’accord, toutes les notions que les maliens ont récusé depuis la présentation du draft de l’accord. La CMA n’ayant pas plus de 60 000 habitants en tout n’a pas voulu signer ledit accord sans prendre en charge les propositions de leur base. La Partie Gouvernementale a refusé de prendre en compte l’avis de sa majorité.

Voilà donc pourquoi le peuple malien est frustré. Il le sera pour longtemps . Dieu même peut-il sauvé le Mali un et indivisible encore ?

Badou S. KOBA
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