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Ousmane Sy, ancien ministre : « Un Etat fort est un Etat accepté »
Publié le vendredi 18 novembre 2016  |  Le challenger
Conférence
© aBamako.com par Momo
Conférence de presse sur les pourparlers intermaliens d’Alger
A l’issue du round de la semaine dernière des pourparlers d’Alger entre le gouvernement et les groupes armés, l`équipe de médiation conduite par les Ministres de la Solidarité, de l’Action Humanitaire et de la Reconstruction du Nord, M. Hamadou KONATÉ, de la Réconciliation Nationale M. Zahabi Ould Sidi MOHAMED et de la Décentralisation et de la Ville M. Ousmane SY.
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Un Etat fort, selon Ousmane Sy, ancien ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, est un Etat accepté qui délivre les services publics de base aux citoyens.

Il a fait cette déclaration le 14 novembre dernier au siège de la Coopérative Jamana lors d’un panel sur « les défis et les enjeux de la gouvernance locale ». C’était au cours de la rencontre du forum malien des médias et de la société civile. En plus d’Ousmane Sy, ce panel dont la modération était assurée par notre directeur de publication, Chiaka Doumbia, a enregistré la participation de Mme Sanogo Gnagna Sène, vice-présidente du Réseau des Jeunes Femmes des Partis politiques et des Organisations de la Société Civile (REJEUFPO) et Bakary Sidibé, chargé de projet à la Fondation Tuwindi. Ousmane Sy définit la gouvernance comme l’art de gérer les cohérences. Selon le paneliste Sy, l’échelle locale est très capitale dans la gouvernance à travers la mise en relation des politiques avec les besoins directs des populations. La politique de la décentralisation a occupé une place importante dans l’intervention du ministre Sy. Jusqu’en 2002, a-t-il affirmé, la décentralisation était une question politique traitée au sommet de l’Etat par le Président Alpha Oumar Konaré. Sous le Président ATT, Ousmane Sy estime que la décentralisation a été laissée aux mains des seuls techniciens sans une réelle volonté politique. « Dès que vous mettez une réforme aux mains des techniciens, ils l’étouffent », a-t-il lancé. Selon lui, une reforme se construit dans la durée.



Le Mali, a-t-il dit, est un pays de grande diversité. Le plombage de la décentralisation pendant une décennie est l’une des causes de la crise actuelle. « Cette crise est un réveil brutal. Elle demande une prise de conscience individuelle et collective », a-t-il laissé entendre en insistant que la crise doit être une opportunité pour repartir sur de bonnes bases. L’ancien ministre fustige une concentration des ressources humaines et financières de l’Etat à Bamako. Selon lui, 80% du budget sont dépensés à partir de Bamako et 65 à 70% des fonctionnaires sont dans la capitale.

« Mauvaise citoyenneté »

Outre le manque de ressources financières, Ousmane Sy est convaincu que la décentralisation piétine par la mauvaise qualité des élus. L’ancien ministre de la décentralisation a fustigé la « mauvaise citoyenneté » qui prévaut au Mali. « Le mouvement démocratique a gagné le combat de la liberté et a perdu le combat des valeurs », a-t-il affirmé. Selon lui, il suffit de s’arrêter du coin de la rue pour se rendre compte de cette situation dramatique. « La circulation est devenue une jungle à Bamako. La citoyenneté a un contenu. Il faut que les citoyens se réveillent. Je ne fais pas de la subversion. Il faut que les citoyens disent que cela n’est pas acceptable », a-t-il ajouté en évoquant les cas de Balai citoyen au Burkina Faso et du Mouvement Ya n’a marre au Sénégal. Il a pris l’exemple sur la grande mobilisation citoyenne des burkinabés pour faire échec au putsch du général Gilbert Diendéré, en septembre 2015.

Pour Ousmane Sy, la situation exige qu’on rende les services sociaux de base aux populations. « J’entends les gens dire qu’il faut un Etat fort. Un Etat fort est un Etat accepté », a-t-il lancé. Selon lui, le jihadisme profite de l’absence de l’Etat pour délivrer les services sociaux de base. L’Etat doit être capable de délivrer les services publics aux populations. L’Etat doit créer la richesse et l’emploi et surtout faire la dépense publique sur le territoire. « Si on ne trouve pas de l’emploi pour les jeunes, ils vont se trouver de l’emploi. Nous sommes condamnés à créer de l’emploi», a-t-il fait savoir en ajoutant que cela peut être au détriment des intérêts de l’Etat. « L’économie réelle du pays se trouve sur les territoires. Le potentiel de l’emploi se trouve dans l’informel », a fait savoir l’ancien ministre. Mme Sanogo Gnagna Sène a évoqué une gouvernance non adaptée et un manque de transparence dans la gestion des affaires locales. Elle a plaidé pour un contrôle citoyen. « La société civile doit jouer un rôle de transparence » selon elle. De l’avis de Bakary Sidibé, il est important que les citoyens s’impliquent dans la gestion des affaires locales. « Il y a un problème de participation et une faible compétence des élus. On constate aussi une non appropriation des textes par les citoyens. Les mandataires doivent rendre compte aux mandants», a-t-il souligné. Après les exposés, les participants ont posé plusieurs questions pertinentes aux panelistes.

Bintou Diarra*stagiaire*
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