Décidemment, la comparution de Sanogo devant la justice malienne donnera lieu à des révélations qui feront trembler la République. Parce que l’homme détient des preuves contre certains cadres au haut sommet de l’État. Sinon, pourquoi la justice malienne a tardé avant d’accélérer un dossier aussi important ? Et pourtant, c’est une question essentielle pour réconcilier une grande partie de la grande muette. Le pouvoir a-t-il peur du dossier ?
Certainement que le pouvoir craint pour plusieurs raisons. Parce que l’ex-chef de la junte a toujours de nombreux partisans et sympathisants au sein de la grande muette. Maintenant que Sanogo a maille à partir avec la Justice malienne, cela pourrait créer une onde de choc à laquelle le pouvoir malien ne voudrait certainement pas faire face. Ensuite, on sait que l’homme n’a pas sa langue dans sa poche ; sa comparution devant la Cour pourrait lui donner l’occasion, s’il se sent acculé, de faire des révélations fracassantes qui pourraient embarrasser au sommet de l’État.
De fait, il n’est pas exclu que Sanogo, bien qu’étant un témoin clé dans cette affaire, ait toujours préféré protéger certains hauts responsables mis en cause dans cette affaire. On sait du reste qu’il y a des dignitaires du régime actuel dont les noms avaient été cités dans cette affaire. Au total, on peut croire que si Sanogo a été entendu, alors qu’il porte toute la responsabilité morale du drame du 30 Avril, on est face à un traitement de faveur qui n’est pas de nature à déplaire en haut lieu. En plus de tout cela, l’homme est un prisonnier encombrant pour le Mali.
De l’école de la gendarmerie, il a été envoyé plus loin, c'est-à-dire à Sélingué. Une manière pour le régime de l’éloigner de la capitale et l’isoler davantage avec un impressionnant dispositif sécuritaire de la gendarmerie. Cela a servi également de limiter les visites nocturnes sans permis de communiquer que les magistrats ont toujours dénoncé Au regard de tout cela, on pourrait dire que le procès du général Sanogo nous réserve des surprises.
Et ce n’est pas pour rien que l’ADN des spécialistes du FBI à confirmer l’assassinat des 21 bérets rouges disparus. Et ce n’est pas pour rien si le régime et la justice ont convenu de l’ouverture d’un bureau au Mali.
En attendant, il y a trop de zones d’ombre dans l’affaire Sanogo. Mais le temps nous en dira plus.