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Disparation des bérets rouges: Que le procès soit à la hauteur de l’instruction !
Publié le vendredi 18 novembre 2016  |  Nouveau Réveil
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© Autre presse par DR
Le Général Amadou Aya Sanogo placé sous mandat de dépôt
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Alors que l’enquête sur l’assassinat des bérets rouges avait été clôturée le 30 septembre 2013 et le dossier remis au procureur général, des langues dans le milieu judiciaire s’étaient déliées par rapport à l’interférence du politique dans le judiciaire qui compromettait la fixation d’une date par la justice malienne pour l’ouverture d’un procès contre le général Amadou Haya Sanogo et sa soldatesque dans l’affaire dite de « complicité d’enlèvement de personnes et d’assassinat », dans le dossier de disparition des 21 bérets rouges . Aujourd’hui, au regard de l’évolution du dossier, la justice malienne n’est plus prête à entacher son impartialité dans cette affaire. Du moins, si l’on en croit une source judiciaire.
C’est connu de tous les maliens: l’ancien « homme fort » de Kati, le Général Sanogo, a causé, pendant son court règne, beaucoup de dommages au peuple malien. Et il a fallu la témérité et la détermination du juge d’instruction, Yaya Karambé, pour révéler au Mali et au monde, l’étendue de ces dégâts. Le courage du magistrat malien, qui lui a valu le satisfecit de Washington, n’a pas faibli un seul instant, dans sa quête acharnée de la vérité dans l’affaire dite des Bérets rouges.

Décidemment, le mérite du juge Karambé est grand et il a bien fait sa part de travail ; c’est le moins que l’on puisse dire. Les faits sont implacables : des macchabées ont été sortis des placards, des fosses communes et ont livré leurs secrets. Toute l’Afrique en a été émue et consternée. Les parents des victimes, en attendant le procès, ont fait leur deuil. Et le Mali a été digne de l’œuvre d’un de ses vaillants fils. Au-delà du Mali, c’est toute l’Afrique qui a célébré l’homme.

En revanche, sous nos tropiques, l’indépendance du pouvoir judiciaire est un mythe savamment entretenu pour saper les apparences. En réalité, tout le monde sait que dans bien de nos États, surtout au Mali, la justice donne l’impression d’être à la remorque du pouvoir exécutif. Le requiem du droit a été dit à plusieurs reprises dans les juridictions maliennes. Le mérite du juge Karambé a été d’autant plus grand qu’il a mené ses investigations dans un contexte où les capacités de nuisance du Général Sanogo et de ses sbires n’étaient pas totalement estompées. Cela dit, le juge Karambé a fait du bon boulot. Il reste à souhaiter que le procès à venir soit à la hauteur de l’instruction et des attentes du peuple malien. Un procès digne de l’affaire des bérets rouges aura une portée pédagogique

Tout les maliens attendent la vérité, sans hésitation ni murmure. Certes, le juge Yaya Karembé, aujourd’hui Consul général du Mali à Khartoum au Soundan, est dans son bon droit de voir le procès de Sanogo et de sa bande, révéler tous les tenants et les aboutissants de cette affaire qui aura coûté la vie à une vingtaine de Bérets rouges. La balle, peut-on dire, est désormais dans le camp du parquet malien. Il lui revient d’apporter la preuve qu’il représente un îlot d’espoir pour les Maliens épris de justice, dans un environnement judiciaire gagné par la corruption et le déni de justice, et ce, en évitant tout règlement de comptes. Ce procès, prévu pour le 30 novembre prochain, représente donc une épreuve pour la justice malienne, mais également pour le pouvoir d’IBK. Ce dernier, qui doit son avènement au pouvoir en partie au soutien ostentatoire de l’ancien « homme fort » de Kati, ne sera-t-il pas tenté de faire obstruction à la manifestation de la vérité par devoir de gratitude ?

En ces derniers temps, il y a une pression dans le dossier de l’ex-junte de Kati. Depuis, des hommes politiques interfèrent dans le judiciaire en ce qui concerne le procès des putschistes. Mais il faut souhaiter qu’IBK n’ait pas une telle tentation, car il prendrait le risque d’écorner sérieusement son image et celle du Mali qui a renoué avec la démocratie. Cette renaissance démocratique du pays ne peut pas s’accommoder de l’impunité. C’est pourquoi, rien ne doit empêcher la justice malienne de dire le droit, rien que le droit dans cette affaire dite de « complicité d’enlèvement de personnes et d’assassinat », dans l’affaire de disparition de 21 bérets rouges. Un procès digne de ce nom des anciens putschistes de Kati et de leurs complices, aura une portée pédagogique qui dépassera les frontières du Mali, car une des pathologies de la gouvernance de nos États, est sans conteste l’impunité. Celle-ci affecte le pacte social qui lie les membres de la cité. Mais avec des hommes comme le juge d’instruction Yaya Karambé et le Procureur général, Mamadou Lamine Coulibaly, l’on a des raisons de ne pas désespérer de l’Afrique.

Par contre, en voulant interpeller certains ex-ministres de la transition, et bien d’autres putschistes dans l’instruction de l’affaire des bérets rouge, le juge Karembé s’était heurté à la volonté du régime qui a failli à son devoir en ne conduisant pas d'enquête véritable, impartiale et efficace. Ce qui l’avait d’ailleurs poussé à claquer la porte avant qu’il ne boucle l’instruction. Et tout en revendiquant son indépendance, le juge Karembé aurait confié à un proche que sa capacité à résister à la pression des responsables du régime et à assumer ses fonctions de façon indépendante pourrait toujours être mise en cause, ce qui mettrait aussi en cause le procès et l'intégralité des procédures des dossiers de l’ex-junte.

Aujourd’hui, les maliens craignent le classement de l’affaire Sanogo et de sa soldatesque, qui concerne « la complicité d’enlèvement et d’assassinat » lors de laquelle 21bérets rouges sont morts d'épuisement ou sous la torture.

Si cette théorie de rendre service par le classement du dossier est fondée, cela va pourtant affaiblir encore une juridiction marquée par d'incessants conflits entre les magistrats et le ministre de la justice. Dans un dossier judiciaire, la nécessité est que le tribunal travaille sans l'ingérence d'une quelconque entité, qu'il s'agisse du régime. Mais y aura t-il de nouvelles enquêtes ? Rien n’est moins sur.
Depuis un certains temps, les allégations de pressions politiques exercées par des hommes du régime sur la justice malienne dans le dossier Sanogo sont récurrentes. D’abord, les visites au prévenu et aux autres détenus sont désordonnées et ne sont pas ordonnées par la justice.

Pour la justice, la tâche est loin d’être aisée. Elle s’est à plusieurs reprises heurtée au régime qui plutôt donne l’impression de chercher à noyer le poisson dans l’eau. La justice ne semble guère se faire d’illusions sur l’issue de ce dossier. «Je serais surpris qu’il y ait d’autres dossiers ouverts contre l’ex-junte», a confié à quelqu’un le magistrat instructeur du dossier de l’ex-junte.

En attendant, les relations tourmentées entre le régime et la justice se dégradent encore, avec les tractations par rapport au procès de l’ex-junte dans l’affaire de disparition des bérets rouges, surtout que les langues se délient dans le milieu judiciaire pour dénoncer de constantes « ingérences » politiques.

Jean Pierre James
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