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Politique d’alphabétisation au Mali: Un constat d’échec
Publié le vendredi 18 novembre 2016  |  Nouvelle Expression
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D’après les chercheurs, l’analphabétisme touche encore la population, notamment les femmes, mais il n’existe pas de données actuelles pour cerner le phénomène.
La stratégie nationale d’alphabétisation tracée par le gouvernement en 2007 n’a pas atteint son objectif final, puisque l’illettrisme n’a pas été éradiqué en 2016 au Mali. À présent, il faut faire le bilan de ces neuf ans et prévoir de nouvelles mesures. Ce constat a été révélé, par le consultant-expert en éducation auprès de l’Unesco, qui intervenait lors d’une table ronde organisée, en partenariat avec Unesco Mali, à l’occasion de la Journée mondiale de la lutte contre l’analphabétisme.

D’après les chercheurs, l’analphabétisme touche encore la population, notamment les femmes, mais il n’existe pas de données actuelles pour cerner le phénomène, ce qui rend les réponses formulées par les différents acteurs, dont le gouvernement, inadaptées. «Il faut lancer une enquête nationale pour établir un état des lieux de l’analphabétisme au Mali », ont plaidé unanimement les chercheurs. Le consultant de l’Unesco a souligné que les statistiques les plus récentes datent de neuf ans et qu’elles ne permettent pas d’analyser la situation pour réagir et tracer une nouvelle stratégie, ou du moins évaluer avec précision celle lancée en 2007.

Il déclare : «Les statistiques les plus récentes datent de 2009. Il s’agit de celles qui ont été faites dans le cadre du recensement de l’Office national de la statistique (ONS), qui a révélé que le taux d’analphabétisme avoisinait les 22%. D’autres statistiques moins officielles disent que ce taux aurait baissé. Il s’agit des données de l’association « Sauvons l’éducation », qui estime que l’analphabétisme a baissé à 14% en 2015 ». Les données statistiques de la DNSI ou celles d’INSTAT ne sont pas suffisantes et ne peuvent pas être analysées, même si elles fournissent d’importants éléments de comparaison.

C’est une nouvelle enquête nationale et sur tout le territoire qui doit être lancée car, selon les chercheurs, les normes sont en train de changer et il y a aussi une grande différence entre les taux d’illettrisme d’une région à une autre. «L’analphabétisme est différemment répandu au Mali. Vous avez des communes très touchées comme Kénékou qui comptait en 1998 plus de 47% d’analphabètes, et d’autres beaucoup moins comme Bamako avec un taux de 1% seulement», explique notre consultant, qui ajoutera que cet état de fait nécessite d’étudier le phénomène d’une manière plus adaptée afin d’apporter des réponses appropriées.

Les statistiques ne suffisent pas !

Plusieurs paramètres défaillants pourraient expliquer l’échec annoncé du système mis en place pour l’éradication de l’alphabétisme. Toutefois, les chercheurs ont mis l’accent sur l’éducation des enfants et la tranche d’âge de 16 à 25 ans. C’est ce que relève le professeur Diallo : «La loi stipule explicitement que l’école est obligatoire pour tous les enfants jusqu’à l’âge de 16 ans. Ce texte existe au moins depuis 2008, mais il n’y a aucun autre texte qui prévoit des sanctions contre les parents qui n’appliquent pas cette loi ». La scolarisation des enfants n’est pas le seul problème puisque la femme doit être au cœur de la future stratégie.

En effet, les chercheurs appellent à lancer une «nouvelle» enquête pour la mise en place de plans ou programmes d’alphabétisation. Mais les données statistiques ne suffisent pas car d’autres obstacles se dressent. Plus explicitement, il faut savoir que la stratégie nationale d’alphabétisation est volontariste, elle compte comme acteurs principaux d’abord les institutions de l’État, la société civile, mais aussi… les mosquées.

Selon plusieurs observateurs, l’implication des structures religieuses et des associations à caractère religieux a fini par réduire le sens de l’alphabétisation. «Les femmes et les hommes viennent pour apprendre à lire l’arabe, et donc Le Coran. Oui, nous insistons sur les calculs et autres, mais c’est ainsi, leurs priorités et motivations sont religieuses», explique un imam du quartier d’Hamdallaye. Cette situation pousse les instituteurs dans les classes d’alphabétisation à adapter leurs séances selon les besoins, ce qui échappe aux objectifs tracés dans la stratégie nationale.

C’est dans ce sens que les chercheurs plaident pour une enquête détaillée et pas seulement une collecte de données statistiques globales. En somme, la stratégie lancée en 2007, qui avait pour objectif d’alphabétiser trois millions deux cents mille personnes en 2012 pour en finir avec l’analphabétisme en 2016, semble avoir échoué et s’être heurtée à plusieurs obstacles qu’il va falloir prendre en compte pour mettre en place un nouveau plan d’action.

Mariam Konaré
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