La journée mondiale de lutte contre l’apatridie a vécu. C’était le 4 novembre dernier sous le patronage de l’UNHCR/Ministère de la justice et de la fondation Orange avec comme thème « chacun a droit à une patrie « j’existe ».
Le peuple du Mali, fidèle à sa tradition de solidarité et de respect profond pour l’humanité a marqué d’une pierre blanche cette journée consacrée à un sujet sensible et grave. Une sanction qui prône la déchéance de la nationalité d’un individu est plus que sérieuse et ne doit en aucun cas servir de recours pour punir qui que ce soit sur terre. Le refus de l’apatridie par le monde est un acte humain qui met l’accent sur notre appartenance à la même espèce et l’unicité de notre destin.
C’est aussi l’expression de la protection de l’homme quelque soit l’acte qu’il commette. La noblesse d’une telle sagesse se passe de tout commentaire. Cependant, le refus de l’apatridie soulève de nombreuses questions qu’aucune émotion ne doit occulter.
L’apatridie est la sanction suprême, plus sévère que la peine de mort qui en elle même n’est pas un sort à réserver à un homme. Mais, il y a des circonstances qui ne laissent point le choix à la société. Comment peut-on éviter de penser à l’apatridie devant les actes inhumains perpétrés par un individu qu’une tierce nation a accueilli à bras ouverts.
Les jeunes qui regagnent le mouvement jihadiste pour mettre le monde à feu et sang, des nationaux qui s’attaquent à l’ensemble de leurs concitoyens sous le couvert d’une religion mettant ainsi en péril la vie de la nation, sans parler des attentats suicides, sont autant de situations douloureuses qui poussent une nation dans ces derniers retranchements. Quelle est la réponse appropriée face à quelqu’un qui a choisi la violence extrême comme mode d’expression contre l’ensemble de ses compatriotes ?
L’apatridie comme réponse est une façon de déplacer le problème tout en l’aggravant.
Ainsi, une journée mondiale consacrée à la lutte contre l’apatridie ne doit pas se contenter de slogans, elle doit donner lieu à des réflexions poussées pour baliser le chemin à une alternative qui n’anéantira pas un individu par la déchéance de la nationalité à défaut d’aplanir les circonstances extrêmes à l’image des vagues d’attentats de Paris et tant d’autres à travers le monde.
De mémoire de Malien, notre pays n’a jamais eu recours à l’apatridie. Certes des bannissements communautaires sont rapportés, la sanction au Mali n’a pas sauté ce stade, car la nationalité est un don de DIEU que nul ne s’aurait effacer.
Ceci étant, les dirigeants maliens devraient mettre à profit la journée mondiale de l’apatridie pour mener une réflexion sur un phénomène qui prend de l’ampleur en Afrique en générale et dans notre pays en particulier. Il s’agit du renoncement volontaire de nationalité au profit d’une autre ou de la conservation de deux nationalités. Dans un passé récent, ce phénomène a fait des vagues à l’annonce du projet de révision constitutionnelle.
La Côte D’ivoire à travers sa nouvelle constitution a mis fin à l’Ivoirité qui lui a couté plusieurs années de violences. Notre pays risque d’être rattrapé par ce débat dans les années à venir avec l’augmentation des binationaux qui ne manqueraient pas d’ambitions politiques. Ce n’est peut-être pas le moment idéal, mais le pays ne peut pas occulter ce débat d’autant plus que c’est la classe aisée qui fournit le plus gros contingent le reste étant constitué d’artistes et de sportifs.
Bouba Sankaré