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Au Mali, un scrutin dans l’ombre de la violence
Publié le dimanche 20 novembre 2016  |  liberation.fr
Ouverture
© aBamako.com par Momo
Ouverture des bureaux de vote
Bamako, le 20 novembre 2016 début des élections communales
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Plusieurs fois repoussées, les élections municipales se déroulent ce dimanche. Mais, un an après l'attentat du Radisson Blu, l'Etat semble toujours incapable d'assurer la sécurité sur l'ensemble de son territoire.

Au Mali, un scrutin dans l'ombre de la violence
Un an, jour pour jour, après l’attaque de l’hôtel Radisson Blu de Bamako, le Mali est appelé aux urnes ce dimanche pour des élections municipales. Le 20 novembre 2015, l’attentat, revendiqué par le groupe Al-Mourabitoune, avec à sa tête l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, avait coûté la vie à 20 personnes. Comme une réplique des tueries parisiennes, deux jeunes jihadistes armés de kalachnikov avaient mitraillé sans relâche le personnel et les clients de cet hôtel de luxe de la capitale, avant d’être abattus à leur tour.

En ce jour de commémoration, les enjeux politiques des municipales apparaissent relégués au second plan, tant la faillite sécuritaire de l’Etat malien est criante. Le scrutin, tout d’abord, ne pourra pas se dérouler sur l’ensemble du territoire. Dans une quinzaine de communes du nord du pays, sous contrôle des groupes armés, les listes de candidats n’ont même pas été déposées. La Coordination des mouvements de l’Azawad, coalition de groupes rebelles signataires de l’accord de paix, s’oppose à la tenue des élections. Le scrutin contredirait l’accord, affirme-t-elle, puisque le texte prévoit dans un premier temps la désignation d'«autorités intérimaires» – parmi lesquelles chacun espère glaner un poste – plutôt qu’une administration élue.

Processus de paix à l’arrêt
Le retour de l’Etat dans le Nord n’est toujours pas effectif, plus de trois ans après l’intervention de l’armée française pour déloger les organisations islamistes qui en avaient pris le contrôle. Les conflits communautaires, les coups de force de milices soutenues par Bamako, le harcèlement incessant des groupes jihadistes ont enrayé le processus de paix, aujourd’hui quasiment à l’arrêt. Certes, les organisations islamistes armées ne disposent plus de réels sanctuaires, comme en 2012, mais elles restent largement insaisissables et capables de mener des actions de guérilla.

En 2016, une centaine d’attentats ont frappé le Mali. Malgré le déploiement de la force française Barkhane et des 10 000 Casques bleus de la Minusma, les jihadistes d’Al-Qaeda au Maghreb islamique, et surtout d’Ansar ed-Dine, dirigés par le Touareg malien Iyad ag-Ghaly, font chaque mois de nouvelles victimes. La Minusma est devenue cette année la mission la plus coûteuse en vies humaines de l’histoire de l’ONU.

Milices communautaires
Le vétéran du jihad Mokhtar Belmokhtar se serait quant à lui replié en Libye. Ces dernières années, le commanditaire des attentats du Radisson Blu – mais aussi du bar La Terrasse de Bamako, du café Le Cappuccino de Ouagadougou, de la prise d’otage sanglante d’In Amenas en Algérie – a été à plusieurs reprises donné pour mort, mais a réapparu à chaque fois. L’homme le plus recherché du Sahel, surnommé «le Borgne» depuis qu’il a perdu un œil en Afghanistan, est resté fidèle à Al-Qaeda tandis qu’une partie de ses combattants a fait sécession pour créer la branche «Sahara» de l’Etat islamique, adoubée par l’EI au début du mois de novembre.

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Avec ce vote, constamment repoussé depuis 2014, le président malien, Ibrahim Boubacar Keita, va connaître son premier test électoral depuis son arrivée à la tête du pays, en septembre 2013. Les résultats parti par parti donneront pourtant peu d’indications sur sa popularité, car les élections municipales sont souvent le fruit d’enjeux et d’arrangements des notables locaux. En revanche, les conditions de déroulement du scrutin sont une vraie épreuve pour l’Etat malien. Au-delà du Nord, qui lui échappe toujours, c’est le centre du Mali qui inquiète désormais. Le vide laissé par l’administration est peu à peu occupé par des milices communautaires, notamment peules, dont certaines se réclament à leur tour – parfois de façon opportuniste – du jihad. Le taux de participation de ce dimanche dira si l’Etat est capable d’assurer un espace de sécurité minimum dans les villes et villages du pays.

Célian Macé
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