Accusée d’atteinte aux biens publics, l’ex-directrice de l’Agence BNDA de Bamako, a été condamnée à la perpétuité. N’ayant pas comparu lors de l’audience du mercredi 23 mai devant les assises, elle a été jugée par contumace.
Cette affaire remonte au 2 Juin 2004, Mme Diakité Oumou Diallo, directrice de l'agence BNDA de Bamako fut relevée de ses fonctions par le PDG de ladite banque. Pendant la période du 7 Juin au 10 Juin 2004 prévue pour la passation de service, Mme Diakité diligenta des opérations bancaires en violation des règles de procédures en vigueur.
En effet, elle autorisa le 8 Juin 2004 la SODICIFER-SARL à faire un retrait portant sur la somme de 100 millions de FCFA sur son compte ordinaire sans l'aval du directeur de l'exploitation et du réseau ou du PDG en violation de la note de service qui limite à 2.000.000 de F CFA les pouvoirs d'engagement des directeurs d'agence ;
En plus de cela, et à la même date elle accorda sans conditions à la SOMADIC-SA un prêt de 196.320.000 F CFA alors même que cette société n'avait fait aucune demande préalable de prêt.
En un mot Mme Diakité a fait sortir de la banque la somme de 196.320.000 F CFA au profit de la SOMADIC-SA sans aucune garantie de paiement et cela alors que la SOMADIC-SA ne lui avait fait aucune demande dans ce sens.
Le cumul des deux montants chiffre le préjudice subi par la BNDA dans la seule journée du 8 Juin 2004 à la somme de 296.320.000 F CFA.
Ayant nié les faits à la première comparution, Mme Diakité Oumou Diallo a fini par les reconnaître lors de son interrogatoire au fond.
La seule explication qu'elle donne à son comportement est qu'elle avait agi dans l'intérêt de la BNDA dont elle voulait, dit-elle, conserver les gros clients. Cette justification est d'autant plus paradoxale qu'en tant que banquière expérimentée, Oumou devait savoir qu'elle compromettait dangereusement les intérêts de la banque en procédant à la sortie de tels montants sans constituer la moindre garantie de paiement. Et puis il n'y avait aucun risque de perte de gros clients pour la simple raison que la SOMADIC-SA n'avait exprimé aucun besoin d'argent et que les 100 millions de FCFA octroyés à la SODIFER-SA l'ont été uniquement pour arranger un certain Amadou Thiam, le destinataire final, en besoin d'argent et sans garantie sérieuse.
La BNDA est un établissement financier où l'Etat du Mali détient une partie du capital, ce qui donne aux sommes frauduleusement détournées le caractère de biens publics au terme de l'article 106 du Code Pénal.
Le montant frauduleusement détourné au préjudice de la BNDA étant supérieur à plus de 50 millions de francs, il y a lieu de faire application de l'article 107 paragraphe 3-d qui stipule que : «Lorsque le montant du préjudice est supérieur à cinquante millions de francs, la peine sera la réclusion à perpétuité».
N’ayant pas comparu lors de l’audience, la Cour a fait l’application de la loi. Ainsi donc Mme Diakité Oumou Diallo a été condamnée par contumace à la perpétuité.