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Chronique du web : Les réseaux sociaux ont-ils fabriqué le « monstre » Trump ?
Publié le lundi 21 novembre 2016  |  Infosept
Donald
© AFP par Timothy A. CLARY
Donald Trump remporte l’élection américaine 2016
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La question est loin d’être absurde et anodine. En effet, les médias, en général, et les réseaux sociaux, en particulier, ont sorti de l’ornière le milliardaire atypique dont l’annonce de la candidature à la primaire des Républicains a fait des gorges chaudes outre-Atlantique. Ses déclarations tonitruantes, ses frasques, ses injures… ont été régulièrement étalés à la Une des grands médias américains, le New-York Times et le Washington Post en tête. La presse en ligne et les réseaux sociaux se sont littéralement délectés des saillies du magnat de l’immobilier qui est resté droit dans ses bottes durant tout le processus électoral. Beaucoup de médias et de spécialistes ont décrypté sa trajectoire, et ont découvert qu’il était « accro à Twitter bien avant d'être candidat à la primaire des Républicains ».

Selon ces spécialistes, Trump a utilisé son compte pour faire la promotion de sa campagne comme de ses idées, parfois à des heures tardives de la nuit. Sur son compte Twitter (13,6 millions de followers), Donald Trump écrivait en majuscule, insultait des journalistes, des femmes et des hommes politiques, des médias, des avocats et même une Miss Univers. Hillary Clinton était sa victime préférée, qualifiée de «tordue», «vilaine» et promise à plusieurs reprises à des poursuites judiciaires.

Allant plus loin dans ses investigations, le New-York Times a répertorié en tout 282 personnes qui ont fait l'objet de ses tweets injurieux en un an. Ce journal conclut que « cette stratégie de l'offense a permis au candidat républicain d'être régulièrement repris par les médias acquis dans une écrasante majorité à Hillary Clinton, ainsi que par ses opposants voulant critiquer ses propos. Surtout, le style de Donald Trump était radicalement différent de celui de son adversaire, à la communication trop calibrée et impersonnelle.

Une faiblesse dont avait bien conscience le candidat républicain. A ce propos, rapporte le journal, Trump ne s’amusait-il pas, début juin, lorsqu’il écrivait : «De combien de personnes de ton équipe de 823 employés as-tu eu besoin pour écrire ce tweet?». En outre, le candidat Trump a bénéficié du soutien d’un groupe de fans très actifs en ligne et une communication particulièrement agressive. Les spécialistes ont recensé « … plusieurs plateformes en ligne qui se sont imposées comme leurs points de ralliement, comme le média d'extrême droite Breitbart News ou WikiLeaks, qui lui a apporté un soutien surprise. Les forums 4chan, 8chan et Reddit sont aussi devenus des nids de contestation. L'un des subreddits (sous-forum) les plus populaires sur Donald Trump, The_Donald, compte plus de 276.949 membres.

Ces sites ont déjà servi de tremplin pour d'autres mouvements en ligne ultraconservateurs, comme le Gamergate, avec qui les pro-Trump partagent valeurs et vocabulaire. Ces militants s'opposent au «politiquement correct» et aux «social justice warrior» (littéralement «guerriers de la justice sociale»), insulte envers les militants de droits des femmes, LGBT et antiracistes. Leurs opposants étaient fréquemment victimes de trolling. Cette dernière technique consiste à provoquer une polémique en ligne et à harceler ses adversaires. Dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle, le New York Times affirmait que l'équipe de Donald Trump lui avait interdit de publier de nouveaux messages sans autorisation préalable de sa porte-parole.

On lui aurait même confisqué son téléphone. L'information a aussitôt été démentie par son équipe de campagne, mais a tout de même été reprise par plusieurs médias. Signe de l'obsession du grand public pour la communication en ligne de Donald Trump, et du rôle primordial des réseaux sociaux dans sa campagne victorieuse. Lui-même déclarait dans une interview accordée à la chaîne de télévision CBS : «Je n'adore pas les réseaux sociaux, mais ils m'ont aidé à faire passer mon message». Et d’ajouter : «Quand on dit du mal de moi, cela me permet de répondre». Malgré les dénégations de son équipe de campagne, les observateurs de la présidentielle américaine notent que quelques jours avant son élection, Donald Trump a fait preuve d'une surprenante retenue sur les réseaux sociaux. Avec les médias, Trump a filé à la fois le parfait amour et le désamour le plus total, les premiers ayant pris pour leur grade au sortir de l’éreintante élection.

Ils sont accusés d'avoir favorisé la montée en puissance du candidat en lui accordant une visibilité particulière à chacune de ses sorties. Vont-ils faire leur « media culpa » une fois le soufflet retombé ? Ce ne sera pas une mauvaise chose. Eux, les instituts de sondage et le citoyen lambda devront faire une profonde introspection pour éviter de prendre, parfois, leur envie pour la réalité. Ce sera un exercice salutaire notamment à l’approche d’échéances capitales dans plusieurs pays dont la France. Les candidats populistes et xénophobes ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, eux qui se réjouissent du séisme « trumpiste » et espèrent secrètement récupérer ses dividendes.

Serge de MERIDIO
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