Rencontrée dans sa résidence sise à Hamdallaye Aci 2000, Fatoumata Koné, dite Babani, a bien voulu se prêter aux questions du journal Le Pétoire, notamment sur l’Union des associations des artistes, sa carrière, le sida, la guerre au Mali, etc. Sans détour !
Le prétoire : En tant que vice-présidente de l’Union des associations des artistes, des producteurs et des éditeurs au Mali, quel est l’objectif de cette organisation ?
Fatoumata Koné dite Babani : Cette union est le fruit de plusieurs années de réflexion de grandes personnalités de notre art et culture, notamment Salif Keïta, président de l’Union, Bocana Maïga, M’Baye Boubacar Diarra, beaucoup d’autres artistes et producteurs et moi-même. En raison des nombreux problèmes auxquels nous sommes confrontés, nous avons jugé nécessaire, c’est-à-dire nous les artistes, producteurs et éditeurs, de nous donner la main pour une cause commune afin de permettre à tous de se frayer un chemin pour un avenir adieux.
Je ne vous apprends rien. Les artistes sont confrontés à d’énormes difficultés liées à la piraterie. Que compte faire l’union pour que les artistes de vivent de leurs œuvres ?
Il faut d’abord que les artistes s’aiment et le reste du travail sera facile. Les Maliens doivent comprendre, pour de bon, que la piraterie est un fléau qui ne peut pas être combattu par les artistes uniquement. L’union ne peut rien apporter aux artistes sans l’aide et l’assistance des consommateurs.
Nous dépensons des fortunes pour réaliser nos albums pour leur faire plaisir. Ils doivent avoir l’habitude d’acheter des produits estampiller d’un sticker. C’est de cette manière seulement que nous parviendrons à produire plus d’albums et subvenir à nos besoins. Comment comprendre que, malgré des productions d’œuvres, certains artistes en cas de maladie sont obligés de lancer des SOS pour leur prise en charge ?
Je demande à nos fans d’éviter de payer les œuvres piratées pour ne pas contribuer à la destruction de leurs artistes. Le gouvernement a beaucoup fait. Mais, il reste beaucoup à faire. Nous devons nous battre tous ensemble.
Vous vous êtes récemment produite au Sénégal. Peut-on savoir dans quel cadre s’inscrivait ce concert dakarois ?
C’était un concert dans le cadre du Festival d’Afrique cité. C’était ma première fois de jouer et de passer la nuit à Dakar. Mais, j’ai des amis là-bas. En 2008, lorsque je faisais ma dédicace, j’ai invité M’Baye Dièye Faye pour qu’il m’accompagne. On a fait feu et flamme cette nuit-là. Quand je suis arrivée à Dakar, heureusement, il était là et j’ai chanté un de mes morceaux en musique sénégalaise et je l’ai invité à me rejoindre pour qu’on fasse le show ensemble. Mon séjour à Dakar était agréable. Je remercie tous mes amis sénégalais.
Quelles sont les raisons qui vous ont motivé à participer à la chanson dédiée à la paix au Mali, initiée par Fatoumata Diawara dite Sia ?
En fait, la paix au Mali nous concerne tous. Nous sommes tous appelés à être ensemble pour le retour d’une paix durable dans notre pays. Je tiens à dire que, bien avant que ce projet soit lancé par Fatoumata Diawara, je l’ai fait moi-même, histoire de montrer que je ne veux pas de guerre dans mon pays. L’initiative de ‘’Sia’’ est vraiment salutaire. J’ai participé à ce projet volontairement. Car, c’est ce que nous, les artistes, pouvons faire pour sensibiliser les uns et les autres sur les dangers et les impacts de la guerre dans un pays comme le nôtre. En dehors de ce projet, j’ai produit un morceau pour remercier la France et le président François hollande, pour sa participation à la chasse aux terroristes et narcotrafiquants dans notre pays.
En tant qu’ambassadrice de bonne volonté de la campagne «Tous et chacun» pour la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile, que comptez-vous faire pour venir en aide aux femmes et aux enfants en cette période de conflit ?
Je suis très contente d’être ambassadrice de la campagne «Tous et chacun» pour la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile. Car, je suis mère. En fait, c’est une campagne de très grande envergure. Nous sommes tous interpellés, hommes et femmes, pour une cause noble. Vous savez, c’est à travers cette campagne qu’en tant que maman j’ai été au courant de beaucoup de choses concernant les pratiques édictées dans les messages diffusés à travers les annonces. Donc, il est important de les suivre et de les pratiqués.
Pour revenir à ce que je compte faire, je dirais tout simplement que je suis artiste chanteuse et c’est à travers mes morceaux que je lance des messages de paix. En outre, chaque fois que j’ai l’opportunité d’approcher un dirigeant de ce pays, je ne parle que de la crise pour qu’ensemble nous trouvions une solution durable. Je sensibilise également les Maliens de la diaspora lors de mes tournés à l’étranger. Je les sensibilise afin qu’ils envoient des vivres et des dons de toutes sortes pour leurs compatriotes des régions du nord.
Je profite de votre journal, pour lancer un appel aux partenaires techniques et financiers pour soutenir la lutte contre le sida. Ils doivent revenir vite pour appuyer le gouvernement et surtout les malades qui sont sous traitement antirétroviraux. Je suis en contact avec certains d’entres eux. Ils m’ont dit qu’avec la guerre, ils ne parviennent plus à recevoir correctement leur dotation en médicament. Donc, j’ai réalisé un autre morceau pour que les bailleurs viennent au secours de ceux qui se trouvent au nord. Avec la guerre, l’acheminement de l’aide n’est pas facile. Mais, avec le Hcr, la Croix-Rouge et d’autres organismes, cela peut être maintenant facile.
Votre dernier mot ?
Il faut que les Maliens comprennent ce veut dire la démocratie et son importance pour le développement d’un pays. S’il ne tenait qu’à nous, le paysage politique ne compterait que quatre partis, disons une droite et une gauche, comme en France, pour assurer la bonne gouvernance.
Propos recueillis par
Seydou Oumar N’DIAYE