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Mali : Des municipales chaotiques sur fond de recueillement
Publié le lundi 21 novembre 2016  |  lepays.bf
Ouverture
© aBamako.com par Momo
Ouverture des bureaux de vote
Bamako, le 20 novembre 2016 début des élections communales
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Deux faits majeurs ont marqué la vie du Mali, hier, dimanche 20 novembre 2016. Le premier a été la commémoration de l’an I de l’attaque de l’hôtel Radisson Blu de Bamako. Le second porte sur la tenue des municipales. Par rapport à la commémoration, les Maliens l’ont placée sous le signe du recueillement. Cela a consisté, pour les travailleurs de l’hôtel, à partager un repas et à lancer la création d’une association pour venir en aide aux victimes du terrorisme et à leurs parents. Les grands discours pathétiques n’étaient donc pas au rendez-vous. C’était plutôt un grand moment de recueillement et de souvenirs pour signifier que les disparus de cette attaque odieuse ne seront pas oubliés. En outre, ce triste souvenir a été mis à profit pour la mise en place d’un mouvement de solidarité à l’effet de soutenir les victimes et leurs parents. Ce devoir de mémoire donc, est une bonne chose.

Le Mali a ployé tel le roseau, mais il n’a pas rompu

Car, il vient rappeler que les Maliens et les Maliennes sont un grand peuple, c’est-à-dire un peuple qui ne se laisse pas gagner par l’amnésie au point d’oublier ses martyrs, qui plus est, sont tombés sous les balles assassines de deux individus agissant pour le compte de groupuscules djihadistes qui ont juré la perte du Mali par tous les moyens. Cette journée donc de commémoration, peut avoir l’avantage de sonner la mobilisation de toute la nation contre le péril djihadiste. Un an après, le Mali, peut-on dire, a certes ployé tel le roseau de la Fontaine, mais il n’a pas pour autant rompu. Une des illustrations de cette situation est que l’hôtel tourne à nouveau à plein régime. En effet, les réservations pleuvent au point qu’il n’y a plus de places jusqu’au 20 décembre 2016, explique un employé de l’établissement. Un autre élément que l’on peut verser dans ce registre est que non seulement, cette attaque a suscité le renforcement des mesures de sécurité autour des hôtels et autres lieux touristiques, mais aussi a favorisé un échange d’informations entre les services chargés de la sécurité de la sous-région. Une autre mesure et non des moindres, consécutive à cette attaque, a été la création dans le pays, d’une unité spéciale anti-terroriste. Et à l’instar du Mali, les autres pays de la sous-région en ont créées. Que ce soit le Niger, le Burkina ou la Côte d’Ivoire, qui ont eux aussi subi des attaques djihadistes, tous semblent avoir pris la pleine mesure de la menace « des barbus » en adoptant des mesures sécuritaires inouïes. Mais les fous de Dieu sont tellement changeants et créatifs dans leur mode opératoire qu’il en faut plus pour prévenir et neutraliser leurs attaques. L’élément capital qui doit être intégré dans le dispositif sécuritaire pour lui donner plus d’efficacité, est, de toute évidence, la collaboration des populations avec les forces de sécurité. C’est ce qui manque le plus. Et pour cause, les agents de sécurité de bien des Etats en proie au terrorisme aujourd’hui, traînent la réputation, en tout cas, de par le passé, d’être beaucoup plus des acteurs froids de répression de ces mêmes populations que leurs protecteurs. C’est ce lourd passif qui peut expliquer, entre autres, que les populations rechignent à s’engager de manière franche aux côtés des soldats et autres gendarmes et policiers, dans la traque des djihadistes. C’est pourquoi il est impératif aujourd’hui, que les tendances soient inversées de sorte à briser le mur de béton qui existe entre les forces de défense et de sécurité et les populations. Sans cela, dans certaines zones de nos pays, l’armée et la police courent le risque d’être beaucoup plus perçues comme des forces d’occupation et de répression que des forces de salut public. Un autre revers du tout sécuritaire, si l’on peut l’appeler ainsi, est que nos hôtels donnent l’allure, aujourd’hui, d’être des prisons dorées cinq étoiles voire des casernes militaires. Les conséquences de cet état de choses sont énormes. D’abord, cela n’encourage pas les clients des hôtels à sortir de leur bunker pour faire des achats. Par ricochet, les économies locales en prennent un coup dur. Ensuite, tous ceux qui fréquentaient les hôtels en raison de l’intimité et de la discrétion qu’ils offraient, les ont désertés pour ne pas courir le risque d’être vus en mauvaise compagnie. Les mesures sécuritaires draconiennes ont donc leurs avantages mais aussi leurs inconvénients. Mais il faut convenir que c’est le moindre mal, au regard de l’envergure prise par le péril djihadiste.

Ce n’est pas demain la veille que toutes les communes du Mali seront dotées d’exécutifs locaux

L’autre fait majeur de ce dimanche 20 novembre au Mali, est la tenue des municipales. Officiellement, les bureaux de vote ont ouvert dans 688 des 703 communes que compte le Mali. Quand on fait le décompte, il y a donc 15 communes qui n’auront pas le privilège d’élire leurs conseilleurs municipaux. Et pour cause, la situation sécuritaire est tellement préoccupante dans ces zones qu’il faut être un kamikaze pour s’aventurer dans un bureau de vote. Selon un responsable de l’opposition malienne, ce sont les djihadistes qui ont imposé leur loi aux populations. Et ce n’est pas ce candidat du Nord du pays, qui a failli être tué pour avoir voulu s’opposer à cette fatwa des « barbus », qui dira le contraire. Et pendant que les djihadistes font peser sur le scrutin leur menace, les opposants politiques, avec à leur tête Soumaïla Cissé, sont vent debout pour dénoncer à tort ou à raison, certaines pratiques frauduleuses qu’ils imputent au pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Et comme si cela ne suffisait pas pour ternir les municipales, les premières depuis l’avènement d’IBK, les ex-rebelles ne veulent pas entendre parler d’élections notamment à Kidal, tant que tous les réfugiés ne seront pas de retour dans leur localité. Tous les ingrédients sont donc réunis pour que les résultats qui seront issus de ces municipales soient contestés. A cela, l’on peut ajouter que ce n’est pas demain la veille que toutes les communes du Mali seront dotées d’exécutifs locaux élus. Car, en plus de la situation sécuritaire qui n’est pas favorable, l’on peut avoir le sentiment que les gourous du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) redoutent les urnes pour la simple raison qu’ils savent que bien des populations du septentrion malien ne les portent pas dans leur cœur. De tout ce qui précède, l’on peut dire à propos des communales d’hier qu’elles auront été des municipales chaotiques sur fond de recueillement, relativement à la commémoration de l’an I de l’attaque du Radison Blu de Bamako.

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